Depuis la disparition non résolue de sa petite fille Gwen, un ancien chasseur, Rayburn, s’est coupé du monde et vit isolé dans une réserve animalière. Déterminé à retrouver son enfant, il continue à coller des affichettes dans sa petite ville. Quand le cadavre d’une jeune fille est trouvé, l’enquête du shérif Alice Gustafson révèle qu’elle a été tuée d’une flèche par un tueur en série s’en prenant à des adolescentes. Persuadé qu’il est aussi l’assassin de Gwen, Rayburn est prêt à tout pour le trouver et se venger. Une traque sans merci s’engage dans la forêt.
Avis de Cherycok :
Le réalisateur belge Robin Pront s’est illustré au Festival de Beaune 2016 avec un premier film percutant : Les Ardennes, après quelques courts métrages au début des années 2010. Après un passage par la case série TV avec la très bonne mini-série Bandits des Bois (The Flemish Bandits en VO), il s’expatrie aux États-Unis et revient au long métrage avec une coproduction canado-américaine intitulée The Silencing et mettant en scène Nikolaj Coster-Waldau, que le grand public a pu découvrir dans le rôle de Jaime Lanister dans la série Game of Thrones. Un film simple, qui va à l’essentiel, mais surtout un film fichtrement efficace.
Sorti aux States dans un circuit de salles limité à cause de la pandémie de Covid-19, The Silencing arrive chez nous directement en DVD/BR et VOD même si, clairement, le film aurait mérité une sortie sur grand écran. Bien que nous soyons ici dans de la série B qui s’assume comme telle et qui ne cherche pas à utiliser quelconque artifice boursoufflé pour essayer d’en mettre plein la vue, le réalisateur belge soigne chacun de ses plans. Les paysages sont superbes, appuyés par une photographie réussie et de très beaux effets de lumière. L’ambiance y est froide, âpre, humide même par moments dans ces paysages canadiens brumeux. C’est parfois suffocant, alors que la plupart des scènes se déroulent dans des forêts sans fin. La bande son, discrète mais néanmoins réussie, accompagne parfaitement ces images presque hypnotisantes. On suit avec un réel intérêt ce père désabusé, brisé, solitaire, rongé par les remords et l’alcool, interprété par un Nikolaj Coster-Waldau absolument génial et qui donne tout ce qu’il a. De manière générale, c’est tout le casting qui est vraiment bon. Annabelle Wallis (la série Peaky Blinders) est également remarquable en flic tiraillée entre l’envie de faire le bien et le désir de protéger son frère. Alors, oui, nous sommes ici dans des personnages déjà vus, parfois même très stéréotypés, mais ils sont suffisamment travaillés, bien écrits (à l’exception peut-être du serial killer) et charismatiques pour que cela ne devienne pas un problème. Au contraire même, ils sont parfois immédiatement attachants et on se met à vivre le film à leurs côtés. Car oui, The SIlencing, malgré son classicisme apparent, nous tient en haleine grâce à une tension qui ne faiblit jamais.
Là aussi, on reste dans quelque chose de relativement classique. Les films de chasse à l’homme sont nombreux, et semble même avoir un regain d’intérêt ces dernières années, mais Robin Pront arrive à rendre son métrage vraiment efficace. Plus l’histoire avance, et plus on a envie de voir le dénouement de cette histoire sans concession. Le réalisateur va parfois nous balader avec des fausses pistes dans lesquelles on va gentiment s’engouffrer. On aura même droit à divers rebondissements, certains prévisibles, d’autres pas du tout, qui permettent de sans cesse relancer le scénario et de faire en sorte que jamais, durant les 1h33 du métrage, notre attention ne retombe. Le tueur en série se fait toujours discret car le réalisateur a l’intelligence de ne jamais trop le montrer. Les affrontements sont musclés, sans chichi, et ne trainent jamais en longueur, à l’instar de ce final sec, brutal, mais peut-être trop vite expédié bien qu’assurément dans le ton du film. Alors tout n’est pas rose dans The Silencing, et ce dernier souffre de pas mal de défauts. Le film fait preuve de bon nombre de raccourcis ou facilités scénaristiques ; nous avons un héros qui semble cicatriser extrêmement vite, ou alors n’être que peu sensible à la douleur ; les motivations du tueur en série ne sont qu’à peine effleurées et peuvent paraitre assez étranges. Ces problèmes sont sans doute dus à la faible durée du long métrage, 1h33 génétiques compris, ne lui permettant pas de se développer correctement. Mais aucun ne vient gâcher le plaisir que procure ce thriller haletant vraiment réussi, à défaut d’être très original.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le casting impeccable ♥ Très bonne ambiance ♥ La tension qui ne retombe jamais ♥ Mise en scène réussie |
⊗ Des facilités scénaristiques ⊗ Assez classique |
Note : | |
Si vous cherchez un petit thriller efficace, jetez un œil à ce The Silencing qui, même s’il ne paie pas de mine au premier abord, fait sacrément bien le job. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• The Silencing semble avoir été conçu comme une déclaration d’amour au genre. Le scénariste Micah Ranum et le réalisateur Robin Pront disséminent en effet au cœur de leur récit de très nombreux clins d’œil aux grands noms du polar littéraire de ces dernières années. Par exemple, le nom du personnage de Rayburn Swanson est un mélange de ceux de James Rayburn et de Peter Swanson, deux auteurs contemporains de polars. Le médecin légiste se nomme Boone, tout comme le personnage d’Harry Boone, héros de la série de romans de Percy Kemp. Le personnage de Gustafson peut être vu comme une référence au romancier suédois Lars Gustafsson, œuvrant lui aussi dans le polar.
• C’est le réalisateur finlandais Anders Engstom (les séries Taboo ou encore Jordskott) qui devait au départ réaliser The Silencing. Il fût au final remplacé par Robin Pront.
Titre : The Silencing
Année : 2020
Durée : 1h33
Origine : Canada / U.S.A
Genre : La vengeance d’un père
Réalisateur : Robin Pront
Scénario : Micah Ranum
Acteurs : Nikolaj Coster-Waldau, Annabelle Wallis, Zahn McClarnon, Hero Fiennes Tiffin, Lisa Cromarty, Shaun Smyth, Kayla Dumont, Brielle Robillard