Une nuit d’orage, la voiture de Janet (Susan Sarandon) et Brad (Barry Bostwick), un couple coincé qui vient de se fiancer, tombe en panne. Obligés de se réfugier dans un mystérieux château, ils vont faire la rencontre de ses occupants pour le moins bizarres, qui se livrent à de bien étranges expériences.
Avis de John Roch :
Avant d’ être un film, The Rocky Horror Picture Show est une pièce de théâtre créée par Richard O’Brien en 1973. Véritable carton à Londres, la pièce, qui compte parmi ses fans des personnalités diverses qui vont de Mick Jagger à Lady Diana, s’exporte à travers le monde notamment aux U.S.A où elle est jouée à Broadway. Avec moins de succès certes, mais assez pour que la Fox commande une adaptation cinématographique à Jim Sharman, metteur en scène de la pièce, et Richard O’Brien. A sa sortie, The Rocky Horror Picture Show est un four critique et commercial. Néanmoins la Fox, dans l’unique but de rentabiliser sa production, ne jette pas le métrage aux oubliettes mais le diffuse en séance de minuit. C’est à partir de là que The Rocky Horror Picture Show va commencer à faire parler et devenir la définition même de ce qu’est un film culte. Car c’est un véritable culte traversant les générations qui se développe autour de The Rocky Horror Picture Show, culte qui ne concerne pas uniquement les fans, puisqu’il contamine également les spectateurs pendant des séances où des troupes jouent devant l’écran l’intégralité du film, jets d’eau et de riz compris. Si il est un métrage bourré de qualités qui peut être vu tranquillement dans son canapé, c’est dans cette ambiance unique que The Rocky Horror Picture Show se doit d’être (re)découvert puisqu’il décuple un point crucial du métrage, celui de briser régulièrement le quatrième mur pour inviter le spectateur à l’interaction. L’exemple le plus parlant est celui de la chanson emblématique du film : « The Time Warp », pendant laquelle le narrateur vous apprend les pas de danse, et vous invite donc par extension à la fête. Une interaction poussée à son paroxysme lors de ces fameuses séances d’un film qui n’a jamais disparu des écrans de cinéma, le film étant toujours diffusé dans plusieurs salles à travers le monde, notamment en France ou le cinéma Parisien le Studio Galande le maintient à l’affiche depuis 1978.
The Rocky Horror Picture Show est avant tout un hommage aux films de science-fiction et fantastique des années 30 à 50 où se succèdent des références à la SF kitch des années 50, James Whale, King Kong, ou encore les studios Hammer et RKO. De prime abord, l’intrigue n’est ni plus ni moins qu’une réinterprétation de Frankenstein à la sauce Rock and Roll à l’ambiance volontairement kitsch et électrique, à la différence près que la créature est ici créée à des fins purement sexuelles. Car The Rocky Horror Picture Show est également un film, tout comme la pièce de théâtre avant lui, qui découle de la révolution sexuelle des années 60-70 et fait du sexe sa thématique principale. Que ce soit chanté frontalement ou caché dans des chansons aux paroles à double sens, The Rocky Horror Picture Show parle de sexe et d’union libre, d’homosexualité, de transsexualité, d’adultère, et de plaisir de la chair. Plus intéressant encore, en confrontant Todd et Janet, un couple de jeunes fiancés très propre sur lui, au docteur Frank-N-Further à la sexualité débridée, et à sa clique qui mène une vie de débauche, The Rocky Horror Picture Show, sous ses airs de comédie musicale délirante, devient une œuvre transgressive et un jolie doigt d’honneur au conformisme et à la morale bien pensante. De ce fait, il n’est pas étonnant que tous ces personnages extravertis, au look extravagant, soient représentés comme des aliens, de vrais freaks dans une société certes libérée sexuellement, mais encore conservatrice.
Dans le fond, The Rocky Horror Picture Show est un film bien pensé, Richard O’Brien a créé une œuvre à la fois nostalgique mais aussi actuelle, qui fonctionne encore de nos jours avec son discours progressiste qui vaut bien mieux que tout les délires wokistes de la société contemporaine. Dans la forme, le métrage est, et restera, une excellente comédie musicale qui réunit un casting qui mélange une bonne partie de la troupe de théâtre originel (une volonté de Jim Sharman qui a accepté une réduction du budget pour conserver son équipe) dont un Tim Curry qui s’éclate en transsexuel de l’espace, et de jeunes premiers qui feront carrière par la suite tels que Susan Sarandon et Meat loaf. Coté chansons, rien à jeter. Si elles sont tout de même trop nombreuses et que le métrage accuse quelques longueurs, la B.O reste un must have que tout amateur de musiques de films doit posséder dans sa collection. Outre le classique instantané « The Time Warp », citons « Science Fiction / Double Feature », véritable déclaration d’amour à la SF ; « Hot Patootie / Bless my Soul » chanté par un Meat Loaf qui aura jusqu’au bout mis le doute à Jim Shermann quant à son habilité à pouvoir interpréter le titre ; ou encore « Touch-A, Touch-A, Touch Me » ou se lâche Susan Sarandon en exprimant la frustration sexuelle de son personnage. Étonnamment, The Rocky Horror Picture Show supporte très bien le poids des années. Si on reprochera au métrage d’être un peu trop long, et que les allergiques aux comédies musicales vont chopper de l’urticaire en deux minutes chrono, on ne peut pas lui enlever son excellente B.O, son fond bien plus profond qu’il ne paraît, son hommage sincère à la Science fiction, et ses séances cinéma de folie qui perdurent encore de nos jours. The Rocky Horror Picture Show : 47 ans, et toujours toutes ses dents.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La B.O ♥ « The Time Warp » ♥ Un hommage sincère à la SF des années 30-50 ♥ Un film bien plus profond qu’il ne paraît ♥ Un métrage qui traverse les époques sans dommages ♥ La définition même de ce qu’est un film culte ♥ Les séances au ciné, à vivre au moins une fois |
⊗ C’est tout de même un peu long ⊗ Il ne faut pas être allergique aux comédies musicales |
Presque 50 ans après sa sortie, The Rocky Horror Picture Show continue de traverser les époques sans dommages. Le film n’a rien perdu de sa force, qu’il s’agisse de ses thématiques ou de sa B.O toujours aussi efficace. Faites un saut vers la gauche, un pas vers la droite, mettez vos mains sur les hanches et repartez dans le temps pour découvrir ou redécouvrir ce film culte au charme toujours intact. |
Titre : The Rocky Horror Picture Show
Année : 1975
Durée : 1h40
Origine : U.S.A
Genre : Let’s do the time warp again!
Réalisateur : Jim Sharman
Scénario : Jim Sharman et Richard O’Brien
Acteurs : Tim Curry, Susan Sarandon, Barry Brostwick, Richard O’Brien, Patricia Quinn, Nell Campbell, Meat Loaf, Jonathan Adams, Peter Hinwood