[Film] The Queen of Kung Fu, de Liu Ba-Yin (2020)

Axi est née avec une force surhumaine mais a été abandonnée par ses parents. Pour gagner sa vie, elle a dû devenir danseuse. Un jour, elle a été impliquée dans une énorme dispute pour avoir défendu quelqu’un contre une injustice. Mais alors qu’elle aurait dû se faire arrêter, elle est prise sous son aile par le patron d’un dancing. Désormais, elle se fixe une mission, éradiquer la ville du trafic d’opium, ce qui ne plait pas forcément à des japonais venus s’enrichir avec ça…

Avis de Cherycok :
The Queen of Kung Fu… Avec un tel titre et une telle affiche, ça laisse songeur tout amateur de castagne made in Hong Kong. Alors ce même amateur de castagne made in Hong Kong sait qu’il faut se méfier de ces DTV chinois produits à la chaine car même si au milieu de 10 trucs bien moyens, voire nuls, se cache un vrai bon petit film, eh bien il reste les 9 autres trucs bien moyens, voire nuls, qu’il est parfois difficile d’éviter quand on est un peu trop curieux. Bon, je suis un peu trop curieux, mais malgré tout plutôt confiant suite au visionnage de la bande annonce qui annonçait un truc au moins sympathique, avec de l’action qui bastonne. Et puis, il y a un The Queen of Kung Fu 2 (2021), et même un The Queen of Kung Fu 3 (2022), on pourrait penser que c’est parce que le premier film a bien fonctionné et que, par conséquent, il n’est pas si mal. Mais si c’était une science exacte, ça se saurait. Alors clairement, ce deuxième film de Liu Ba-Yin n’est pas une purge, loin de là, mais il reste une petite bobine assez moyenne au point que, à la sortie du générique de fin, je me suis posé la question s’il était bien utile que j’enchaine sur le 2ème volet.

La première chose qui déçoit dans The Queen of Kung Fu, c’est que le Kung Fu, il n’y en a pas beaucoup et qu’une grosse partie du film est bien plus axée sur la comédie. Pas mal de blagues au-dessous de la ceinture, souvent contre les femmes, bien que ce soit pour mieux les mettre sur un piédestal par la suite, ne serait-ce que parce qu’il met en scène une héroïne badass, aux faux-airs de Chun-Li de Street Fighter II, qui casse des bouches d’hommes à longueur de film. Elle est badass, mais elle s’évanouit à la vue du sang, ce qui amène quelques gags rigolos bien que, dans l’ensemble, l’humour tombe souvent malheureusement à plat. C’est souvent assez lourdingue, trop insistant, et pour un gag réussi, il y en a quatre de ratés. Mais quand c’est réussi, on se marre, comme lors de ce passage façon cinéma muet, en noir et blanc, avec des images un peu accélérées, et qui rend plutôt bien. La reconstitution d’époque est assez intéressante, avec de beaux costumes et décors, pour une ambiance années 20 plutôt crédible. Triades, policiers corrompus, opium, manigances, le tout traité donc de manière pas très sérieuse avec des gags et une musique parfois fun. Néanmoins, à la 53ème minute (sur 1h15 de film générique compris), le film prend une tournure dramatique, avec plusieurs morts dans les personnages principaux et une vengeance qui se met en place. Est-ce parce que le film avait été pensé d’entrée de jeu comme une introduction à ce qui serait une trilogie ? Difficile de le dire sans avoir vu les suites pour le moment. Mais une chose est sûre, c’est qu’ils ont essayé d’entasser beaucoup de scènes et d’intrigues sauf que la durée de 1h15 ne le permettait pas.

En effet, en plus d’avoir l’impression que certaines scènes ont simplement été coupées, perdant une partie de leur sens pour le coup, le film laisse peu de place à l’action. Malgré le nom « The Queen of Kung Fu », il y a au final justement assez peu de kung fu, assez peu d’action tout court étant donné que le film se consacre plus sur les magouilles entre gangs et sur l’humour. Jusqu’à cette fameuse 53ème minute, les quelques rares combats sont dynamiques, mais comme souvent beaucoup trop cuts, avec un coup / un plan, voire parfois plusieurs plans pour un seul mouvement. Ça donne cette impression de haché, comme on le voit souvent dans les scènes d’action de films américains. Néanmoins, ça reste punchy, parfois bien fun (le méchant qui se recoiffe en plein combat) et agréable à regarder, même si cela empêche d’apprécier le réel talent des artistes martiaux. Ou alors c’est justement pour palier à l’absence de talent martial chez les acteurs… Le combat final semble avoir de son côté bénéficié d’un peu plus de soin. Intense, plutôt violent, on sent un réel effort pour garder l’ensemble lisible, avec une caméra en mouvement plutôt qu’un montage à la hache. Si on prend le film dans son ensemble, la mise en scène est lambda mais assez soignée, avec des acteurs qui, sans être exceptionnels, s’en sortent plutôt bien. On a même droit à une romance mignonne et pas trop guimauve. On retrouve également l’habituel message patriotique en toile de fond, le message anti-japonais assez primaire que les amateurs de ciné Chinois / HK connaissent si bien, avec en point d’orgue la protagoniste érigée au rang d’héroïne nationale. Oui, c’est cliché, mais The Queen of Kung Fu n’est qu’une accumulation de clichés tant il n’a rien de nouveau à proposer. Quand on ne cherche pas l’originalité, il faut savoir être efficace, mais le film ne l’est réellement que dans sa dernière partie et on se retrouve avec un produit vite vu vite oublié, bien que pas désagréable malgré tout.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Sur certains plans, avec ces gangs habillés en noirs, machettes à la main, le film semble renvoyer au Kung Fu Hustle de Stephen Chow

• Le final du film n’appelle pas à une suite, mais pourtant deux verront le jour, le film ayant dû suffisamment marcher sur iQiYi, le leader chinois de la SVOD.

Titre : The Queen of Kung Fu / 霍家拳之铁臂娇娃
Année : 2020
Durée : 1h16
Origine : Chine
Genre : Action / Romance / Drame
Réalisateur : Liu Ba-Yin
Scénario : Liu Ba-Yin, Zhao Wen-Wen

Acteurs : Li Meng-Meng, Leif Ye Xiao-Kai, Geng Qinq, Yu Li, Wang Sheng-Li, Shang Yan-Sheng, Xu Tie-Ren, Xie Yi, Yang Di, Lu Chao, Guo Jian-Wei, Dong Fei