Alors qu’ils sont en quarantaine dans un hôtel thaïlandais, les clients commencent à disparaître sans aucune explication de la part du personnel, laissant le groupe se demander s’il peut y avoir une part de vérité dans les légendes urbaines locales sur une créature terrifiante qui posséderait ses victimes.
Avis de Cherycok :
Le début des années 2000, avec des films comme Ong Bak ou Born to Fight, a vu un nouvel âge d’or pour le cinéma thaïlandais qui a duré jusqu’au début des années 2010 où les mauvaises, voire très mauvaises productions ont commencé à s’enchainer. Depuis, il y a clairement un coup de frein, mais il y a malgré tout des bobines qui vont continuer de sortir du lot ou dont on va entendre parler, que ce soit pour leur qualité, comme Bad Genius (2017), parce qu’ils sont arrivés dans divers pays via les plateformes de SVOD comme The Pool (2018), ou parce qu’ils ont été achetés par certains pays pour des sorties physiques car leurs thématiques s’y prêtaient bien. C’est le cas de The One Hundred qui est arrivé en blu-ray aux États-Unis, prochainement en Allemagne, sous le titre Creepy Crawly, car le film de monstres ça a toujours la côte et ça marche bien en vidéo (n’est-ce pas The Asylum ?). A la barre du film, Pakphum Wongjinda, réalisateur du très sympathique Serd (2016), et Chalit Krileadmongkon, spécialiste des effets spéciaux, dont c’est le 2ème film après l’autre film de monstre The Beast Below (2022). Et force est de constater que The One Hundred est plutôt honnête.
Se situant pendant la crise du COVID, The One Hundred va mettre en scène une ancienne créature issue du folklore thaïlandais local, le mille-pattes, créature qui ici tue et prend l’identité de la personne tuée pour s’en nourrir, avant de cherche d’autres sources de protéines et donc de nouveaux hôtes. L’idée de la possession de corps par une entité étrangère est loin d’être nouvelle, et de nombreux films l’ont déjà fait (souvenez-vous The Thing ou Hidden). Mais il semblerait qu’ici, nous soyons dans une métaphore du COVID, aussi bien de la période trouble et du climat de paranoïa qui s’est installée à ce moment-là à travers le monde, mais avec ce monstre parasite qui passe d’une personne à une autre comme une maladie contagieuse. The One Hundred va nous présenter quelques effets assez crados, comme ces tentacules avec des griffes faisant office de visage ou de bras, et à l’instar des phobiques des araignées qui souffrent en regardant des films comme Arachnophobia ou Vermines, ceux qui ont une dent contre les créatures rampantes aux très nombreuses pattes devraient grincer ici des dents, en particulier lors du dernier acte où l’hôtel va se voir envahir de dizaines de milliers de ces créatures aux morsures venimeuses et aux très nombreuses pattes. Ça cherche à provoquer le dégoût de ce genre de créatures, et il est fort possible que ça réussisse, avec en guise de final un monstre géant difforme bien dégueulasse à la conception visuelle assez saisissante. Beaucoup de CGI loin d’être parfaits ici, mais ils sont pourtant étonnamment décents et même parfois assez puissants. Certes, on aurait préféré que bien plus d’effets soient en practical, à commencer par le gros monstre, mais on en demande peut-être trop. Le film fait de son mieux pour mettre en place le caractère répugnant du mille-pattes afin de rendre le film plus effrayant pour certains spectateurs, en plus de faire naitre une sensation de claustrophobie dans certaines scènes.
La mise en scène tient clairement la route, en particulier la photographie, bien aidée par des néons colorés apportant un style parfois très graphique à l’ensemble. Malgré un premier acte qui se traine un poil, l’ensemble devient rapidement suffisamment rythmé pour tenir le spectateur sans ennui. L’introduction et l’épilogue n’étaient clairement pas utiles, mais ils servent à amener le film à une durée correcte de 1h30. On saluera l’effort de développer les personnages, même les secondaires, mais les histoires de ces derniers ne sont guère intéressantes et n’apportent clairement aucune valeur ajoutée à l’ensemble. Il y a trop de détails narratifs qui envahissent plus qu’ils ne sont utiles, engendrant parfois un côté un peu brouillon. Pire encore, certains personnages sont tout simplement caricaturaux au point qu’ils en deviennent épuisants (le personnage de Mike Angelo par exemple), et du coup le film passe clairement trop de temps sur les éléments dramatiques se rapportant à ses personnages, au lieu de se concentrer sur sa créature et sur le folklore qu’il y a autour, qu’il ne fait au final qu’effleurer. Au final, The One Hundred laisse trop de questions sans réponses. Le problème est peut-être que le film se prend un peu trop au sérieux, malgré les 2/3 scènes plus légères qu’il comporte. Le casting fait un bon travail, mais les personnages ne sont pas toujours crédibles car ils ont souvent des réactions à côté de la plaque. C’est le principe des films d’horreur que les personnages prennent des mauvaises décisions, certes, mais on préfèrerait qu’ils utilisent parfois un peu plus leur cerveau. Oui, The One Hundred perd clairement des points à cause de ces personnages qui finissent par devenir antipathiques pour certains, au point qu’on finit par se ficher complètement de leur sort. Dommage…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le design du monstre ♥ Un casting convaincant ♥ Bonne mise en scène |
⊗ Des personnages ratés ⊗ Des CGI imparfaits ⊗ Un épilogue long et au final inutile |
Personnages antipathiques et arcs narratifs inintéressant qui monopolisent trop l’attention viennent un peu plomber une série B de monstres qui aurait pu être très réussie. Le résultat reste malgré tout sympathique, divertissant, et c’est déjà pas si mal. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le mille-pattes a déjà été au centre de deux films, à savoir le hongkongais Centipede Horror (1982) de Keith Lee, et Centipede (2004) de Gregory Gieras. On pourrait également parler de la fameuse trilogie The Human Centipede (2009, 2011, 2015) de Tom Six, mais l’insecte en lui-même n’est pas au cœur du récit.
Titre : The One Hundred / Creepy Crawly / ๑๐๐ ขา
Année : 2022
Durée : 1h31
Origine : Thaïlande
Genre : De vilaines petites bébêtes
Réalisateur : Chalit Krileadmongkon, Pakphum Wongjinda
Scénario : Chalit Krileadmongkon, Pakphum Wongjinda
Acteurs : Chanya McClory, Mike Angelo, Benjamin Joseph Varney, Kulteera Yordchang, David Asavanond, Paramej Noiam, Aticha Pongsilpipat, Wanpiya Omsinnopphakul