[Film] The Marine, de John Bonito (2006)

De retour d’Irak, un soldat rentre chez lui pour découvrir que sa femme a été kidnappée par la bande d’un voleur meurtrier. Il doit donc utiliser toutes ses habiletés militaires afin de soustraire celle qu’il aime des griffes de son impitoyable ravisseur.


Avis de John Roch :
Si il y avait bien eu quelques tentatives par le passé (Hulk Hogan et Roddy Piper pour les plus connus), la WWE s’est réellement attaquée au cinéma dans le début des années 2000, d’abord en coproduction puis en indépendance lors de la fondation de WWE Studios. Après The Rock et Kane, c’est au tour de Steve Austin de se lancer dans un premier rôle. Mais suite à un conflit d’emploi du temps, c’est finalement ce qui était alors l’étoile montante du catch John Cena qui est choisi pour The Marine, un film tout à la gloire de sa star qui se voudrait être un genre de successeur spirituel aux métrages bourrins des 80’s à la Rambo 2 et 3 (auquel il emprunte un stock shot) ou Commando. Impression confirmée par la scène d’introduction qui nous présente John Triton, le marine du titre ultra bad ass comme on les aime qui dessoude du méchant par paquets de douze, qui tire partout sans réfléchir la gueule grande ouverte en mode «beuarrrgghhh» sans en perdre son shoot , qui donne des torgnoles que tu t’en manges une la meilleure chose qui puisse t’arriver c’est un coma de quelques années, qui fait exploser tout ce qu’il touche dans des déflagrations que tu t’en manges une la meilleure chose qu’il puisse t’arriver c’est qu’on puisse reconstituer 0,38 % de ton cadavre… John Triton, c’est ce genre de action hero, le mec qui se fait une armée à lui seul en bandant ses muscles sans que son brushing ne bouge d’un iota. Les premières minutes de The Marine, c’est la promesse d’un film d’action régressif dans lequel le héro invincible fait tout péter et tue tout le monde. Loupé: The Marine n’est ni le film d’action bourrin espéré, ni le nanar attendu malgré une première demi heure semi prometteuse.

Semi, car si le métrage semble être partie pour livrer un spectacle aussi crétin que jouissif pour ce qui est de l’action (à un détail fâcheux près mais j’y reviendrai), il est vite évident qu’il va falloir subir un script calamiteux. Oui, ce n’est pas forcement la première qualité de ce type de films car après tout tant qu’ il y a de l’action, le reste… ceci-dit, ici ça repousse pas mal les limites de la médiocrité. John Triton est donc un marine, celui qu’on envoi seul en mission suicide mais qui se fait virer de l’US Army parce qu’il a pas attendu de renforts lors d’ une libération d’otages. Le problème du Triton c’est qu’il ne sait faire que ça, par chance sa femme va se faire kidnapper par une bande de braqueurs de banques. Un scénario lambda: le action hero qui part à la rescousse de sa donzelle dans un déluge de bastons, gunfights, poursuites et explosions que cela implique, sauf que cela devait être trop léger pour les scénaristes de The Marine qui font n’importe quoi en mettant des choses en place qu’ils oublient la scène d’après. Par exemple ce personnage qui a tout du sidekick en devenir mais qui sera vite éludé de l’intrigue, des rednecks qui arrivent de nul part pendant un sacré ventre mou en milieu de film, un flic lui aussi à la poursuite des méchants avec le twist grillé d’avance qui va bien ou cette forme de sous intrigue ou le bad guy communique avec quelqu’un à propos des diamants qu’il a braqué sans que cela ne mène quelque part. Ce bad guy, joué par Robert Patrick (référence à T2 incluse) peut résumer à lui seul la dégénérescence du script tant il change de personnalité avec le temps:une fois sans foi ni loi, une fois dragueur, une fois comique. Le comique justement, The Marine est un film d’action feel good qui tente l’humour pour le meilleur et surtout pour le pire vu le nombre de dialogues pseudo drôles qui sont débités par un casting qui fait ce qu’il peut face à tant de nullité qui compose le script. En parlant de casting, le jeu de John Cena n’est pas brillant mais n’est pas catastrophique pour autant, c’est juste qu’il affiche de belles limites lors des scènes d’exposition jusqu’à faire ressembler le film le temps d’un plan à un porno deluxe, mais globalement ce n’est pas pire ni meilleur que ses autres camarades catcheurs qui ont atterri devant la caméra, reste le physique taillé pour le rôle qui lui donne de la crédibilité quand il court (tout le temps) ou plonge pour échapper à des explosion (plusieurs fois sans une égratignure).

Pour un premier rôle disons que ça passe, mais passe en revanche beaucoup moins la mise en scène. Car si The Marine est le premier film mettant en vedette John Cena, c’est aussi le premier, et avant dernier, film de John Bonito. Pour mettre en scène The Marine, on sent que Bonito s’est inspiré, mais pas des plus grand. Non, il semble que ce qui a servi de source c’est Europacorp auquel il emprunte la mise ne scène et le montage pour dynamiser l’action. Mais plus que de dynamisme, on parlera de dynamite, c’est nos yeux qui sont dynamités par un spectacle qui oscille entre moments d’exposition mous du genou et action illisible filmée n’importe comment et montée à la hachette par un cinglé qui use et abuse de trente-six plans pour montrer un seul coup de feu ou de poing. Pour vous situer le niveau, The Marine fait passer les films de Olivier Megaton pour des séances de yoga, et la réalisation de Michael Bay sous ses mauvais jours est oscarisable en écrasant toute concurrence. C’est con, en particulier quand le film nous sert des scènes over the top dans sa première partie dont une poursuite en bagnole qui se termine par l’une d’elle qui fait des vrilles dans le ciel après être tombée dans un ravin en se mangeant des bastos de partout. Le reste aurait pu être de la même teneur, mais The Marine ne décolle jamais. Pas de one man army qui part exploser le record de méchant dessoudés, pas de soldats moustachus à aligner, juste une demi douzaine de braqueurs à démonter. C’est léger pour tenir sur 1h32 et finalement passé les deux premières scènes d’action The Marine stagne, affiche de belles baisses de rythme, de beaux CGI moisis, rempli comme il peut son scénario qui plus il avance plus il ne ressemble à rien et ne retrouve jamais cette forme de délire régressif par lequel il a pourtant commencé.

LES PLUS LES MOINS
♥ John Cena pas si catastrophique…
♥ De l’action
♥ Des explosions
♥ La première partie est prometteuse
⊗ … tant qu’il court, plonge et distribue des torgnoles, le reste…
⊗ Un casting qui ne sait pas ce qu’il fout là
⊗ Un gros ventre mou en milieu de métrage
⊗ Des scènes d’action totalement ratées
⊗ Un scénario très mal foutu
⊗ Plus ça avance, moins c’est spectaculaire
⊗ L’ humour raté

Malgré des débuts prometteurs, ce n’est ni le film d’action bourrin espéré ni le nanar attendu. Mal réalisé, mal monté et mal écrit, The Marine est juste un navet d’action à la gloire de John Cena.



Titre : The Marine
Année : 2006
Durée : 1h32
Origine : USA
Genre : Par-dessus la troisième corde
Réalisateur : John Bonito
Scénario : Michelle Gallagher et Alan B. McElroy
Acteurs : John Cena, Robert Patrick, Kelly Carlson, Anthony Ray Parker, Abigail Bianca, Jerome Ehlers, Manu Bennett, Damon Gibson, Drew Powell
The Marine (2006) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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