An est victime de somnambulisme. À chaque fois, elle se réveille à un endroit éloigné. Cherchant des solutions à ses rêves étranges, et à sauver sa fille Linh déjà atteinte d’un cancer, elle découvre l’histoire et les secrets de Hung, un immortel ayant eu recours à la magie noire et ayant dû en payer souvent le prix.
Avis de Rick :
Si depuis quelques temps, certains explorent les ninjas sur le site, et bien moi, c’est le cinéma Vietnamien. Continuons une nouvelle fois l’exploration de ce cinéma Vietnamien donc, avec The Immortal, métrage très ambitieux de 2018 qui m’a rapidement fait de l’œil, en plus d’avoir des avis souvent positifs un peu partout. Vingtième film de Victor Vu, mais première découverte pour moi (d’autres suivront), The Immortal est un récit clairement ambitieux, et qui ne fait pas les choses à moitié. Le réalisateur a semble-t-il eu les moyens de ses ambitions, car dès l’ouverture, nous sommes là face à un film sérieux, très bien filmé, très bien photographié, et sachant mettre en valeur de magnifiques et gigantesques décors naturels. Que ce soit la campagne Vietnamienne, la plage, des grottes immenses, des villas ou tout simplement la ville, il y a ici un effort certain dans le visuel pour donner de l’ampleur au récit, qui justement, ne manque pas d’ambitions, même s’il semble parfois hésitant dans les directions à prendre. Une fois passé l’introduction où An (magnifique Ngoc Diep) se réveille après une crise de somnambulisme et des rêves bien étranges, la jeune femme, ne perds pas de temps, tout comme le film, pour placer certains enjeux et partir à l’aventure. Sa fille Linh est en effet atteinte d’un cancer, et vit ses derniers mois. An est persuadé que la solution pourrait être liée à ses rêves étranges, et en partant sur les lieux de ses rêves justement, elle va finir par trouver une grotte, puis une tombe, et un journal, ce qui va ouvrir le récit vers l’histoire de Hung, un jeune homme, gentil, amoureux de Lien… jusqu’à ce qu’il soit assassiné par son frère qui lui prend tout, fortune, femme. Seulement bien évidemment, ça ne s’arrête pas là, sinon le journal, il serait très court, et le film n’aurait nulle part où aller.
The Immortal, c’est un peu du Highlander en réalité. L’immortalité, ici à base de magie noire, qui va d’abord ramener Hung à la vie, puis carrément le rendre immortel en échange d’un ultime sacrifice, ses ambitions, sa solitude, son basculement pour devenir un homme beaucoup moins sympathique qu’au début de l’aventure, avant que le malheur ne revienne à lui, plusieurs fois, et qu’il ne tombe toujours plus bas. Là où Highlander faisait le choix de la tragédie romantique matinée d’action, The Immortal lui se fait plus ambitieux, quitte à être déséquilibré, et va mélanger les genres. Parfois, on n’est clairement pas loin du bon film d’horreur, avec cette magie noire, ces rites étranges, ces morts très violentes qui sont liées aux rites. Puis parfois, il redevient terre à terre, et si Hung n’était pas un immortel, on pourrait voir le film comme un simple polar d’époque, avec gangs, fusillades, partage de territoires. Et à d’autres moments, le récit se calme, la caméra également, et The Immortal devient alors, à plusieurs reprises, un film romantique qui cherche lui aussi à aller vers la tragédie. Sans oublier donc la partie du récit se déroulant de nos jours, et qui, elle, vise beaucoup plus le drame pur et pur, avec An, désespérée et voulant sauver sa fille, bien que finalement, c’est également un peu plus complexe que ça dans les faits. Oui, on peut le dire, The Immortal est en réalité trop ambitieux, et on a parfois l’impression que plusieurs films se battent à l’intérieur du même film pour tenter d’exister un peu plus longtemps que les autres. Ça en fait néanmoins un récit qui parvient à surprendre, et qui ose des choses, tout en parvenant la plupart du temps à rester crédible avec son propre univers. Après tout, il y a bien de méchants soldats Français dedans, donc c’est crédible (cette blague est gratuite, ne me remerciez pas).
Bien entendu, cela donne un résultat parfois bancal, mais intéressant et rafraichissant. Dommage que la partie action, lors des fusillades, déborde de bonnes idées mais manque parfois un peu d’impact. Un montage plus cut ou des ralentis façon John Woo pour augmenter la violence des impacts auraient sans doute été pas mal, mais tant pis. Les parties plus dramatiques, et étonnement les parties horrifiques s’en sortent beaucoup mieux. Mais malgré ces faiblesses scénaristiques, The Immortal se suit sans souci, et bénéficie toujours d’un soin très particulier dans son visuel pour que le tout soit un plaisir pour les yeux, de jour comme de nuit, sous un grand soleil ou sous la pluie, en intérieur comme en extérieur. De ce côté-là, c’est réellement un sans-faute, et il n’est pas étonnant que le film a gagné un prix en festival pour sa photographie. C’est maitrisé, très joli, avec un beau sens du cadre, le tout aidé par un montage qui sait mettre tout ça en valeur la plupart du temps. Face à cette maitrise, à la générosité du film, et tout simplement au fait qu’il ose pas mal de choses, difficile de réellement lui en vouloir. Il souffre sans doute de sa trop grande ambition, c’est certain. Moi, je suis passé outre en étant séduit par la proposition. En espérant que le Vietnam se laisse aller plus souvent à explorer des genres qu’il ne traite pas habituellement.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement somptueux ♥ Un mélange de genre qui surprend ♥ De l’action, de l’horreur, du drame, de la romance ♥ Les magnifiques décors naturels ♥ Plutôt solide sur pas mal de points |
⊗ Un peu moins convaincant dans l’action pure ⊗ Probablement trop ambitieux |
The Immortal, en plaçant son récit sur plusieurs centaines d’années, brasse les genres et les tonalités, pour un résultat pas parfait, mais extrêmement soigné visuellement. Si l’on passe outre certains défauts, on ne peut qu’être séduit par la proposition. |
Titre : The Immortal – Nguoi Bât Tu
Année : 2018
Durée : 2h12
Origine : Vietnam
Genre : Il n’y a pas qu’Highlander
Réalisation : Victor Vu
Scénario : Kay Nguyen
Avec : Lâm Vissay, Ngoc Diep, Maurice Nash, Quach Ngoc Ngoan, Tranh Tu Nguyen, François Négret, Cuong Seven, Tu Thanh, Vu Tuan Viet, Truong The Vinh et Jun Vu
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