Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie…
Avis de Iris :
Huitième film de Quentin Tarantino, les Huit salopards est d’ores et déjà un film qui divise. Pas seulement entre pro et anti-Tarantino mais également parmi ses fans de la première heure. On trouve de nombreuses critiques sur le net ou dans la presse et force est de constater que soit les gens ont adoré, soit ils ont détesté mais peu d’avis mitigés. Seule possibilité de se faire sa propre opinion : y aller et voir ! Et au final…
Au final il n’est pas si aisé de se faire un avis tranché. Par bien des aspects ce film est une réelle réussite, par beaucoup d’autres, c’est un raté ou alors le message est inaccessible donc on passe à côté.
Tout d’abord, on connait le penchant de Tarantino pour les hommages (d’aucun diront les plagiats, de mauvaises langues sans doute… non là je plaisante c’est un clin d’œil pour Rick^^) au cinéma qu’il aime et cette fois-ci c’est au genre western qu’il s’attaque. Dès le titre, on ne peut s’empêcher de penser aux 7 mercenaires (ou aux 12 salopards c’est selon ^^). Le genre est connu pour ses scènes parfois très lentes, puis de l’action rapide et puis ça retombe. Ici c’est dès la scène d’introduction (qui dure pas loin de trois minutes avec un plan qui s’élargit lentement, trèèèèèès lentement) et une musique qui va crescendo que le genre se pose. Alors parlons du premier gros gros point fort du film : sa bande originale : en s’associant les services d’Ennio Morricone, clairement Tarantino revient aux sources du western tant le compositeur a marqué de son empreinte les gros succès du genre. Deux emprunts à la BO de The Thing, un à celle de l’Exorciste 2 également d’Ennio Morricone qui n’avait plus fait de BO de Western depuis le début des années 80, deux autres passages l’un chant et guitare et l’autre au piano, l’ensemble sert parfaitement le film et son ambiance. La bande son est très très bien.
Les personnages vont être présentés et comme toujours dans les films de Tarantino, cela va prendre du temps et des dialogues mais il faut souligner que ceux-ci sont assez savoureux (dans l’ensemble) pour peu que l’on aime le style. On va donc découvrir dès le départ, les personnages qui vont porter Les huit salopards d’un bout à l’autre, car c’est le second point très fort du film : son casting est incroyable et l’interprétation tant de Kurt Russel que de Samuel L Jackson ou l’excellente Jennifer Jason Leigh est vraiment très juste. Il faut reconnaitre, et même ceux qui n’aiment pas le réalisateur doivent bien l’admettre, qu’il y a bien une chose qu’on ne peut reprocher à « Tarantino (et toute sa bande d’ailleurs on dira même), c’est qu’ils savent diriger des acteurs » (SIC). Le reste du casting sera tout aussi bon, Walton Goggins (Django unchained, MacheteKills), DemiánBichir (Savage, MacheteKills aussi) ou Tim Roth et Michael Madsen (des fidèles du réalisateur) sont vraiment les atouts indéniables de ce film. Bien que les dialogues soient parfois un peu en dessous des envolées auxquelles nous a habituées Tarantino à ses débuts, le tout s’articule bien.
Donc le scénario est simple, une bande coincée dans un lieu isolé par une tempête arrosée de blizzard, un ou plusieurs traitres et tout est en place pour un huis clos de deux heures et demies. L’ambiance « tempête de neige » est bien retranscrite et est une franche réussite.
Dernier point fort du métrage, la dernière heure où en effet tout va se déclencher, de façon radicale, sanglante (voire gore), violente jusqu’à la fin. Ici, contrairement à ce que j’ai pu lire, je ne vois pas de violence gratuite, tout s’explique (parfois en voix off qui apparait et disparait) et tout est plutôt jubilatoire. Je ne vois pas non plus ce qui pourrait friser avec un film d’horreur : il y a du sang certes mais rien qui flirte avec un tant soit peu d’atmosphère horrifique.
Le huis clos quant à lui est plus discutable. En effet, la tension va monter, le doute aussi, l’agressivité toute contenue est palpable et l’ajout d’antagonismes irréductibles (les nordistes et les sudistes de la post-guerre de sécession aux USA) va venir alourdir le tout sur fond de racisme ouvertement exprimé. C’est là que le bât blesse un peu : cette partie-là est traitée sans l’être, tantôt abordée tantôt pas, récurrente mais non creusée. Ce n’était pas le propos du film mais il n’empêche, elle aurait peut-être mérité une diatribe telles que Tarantino sait les faire histoire de poser le tout. Idem pour l’ambiance à la Agatha Christie, légèrement sous-exploitée mais tout de même très présente et bien rendue.
En revanche, certains aspects m’ont vraiment beaucoup déplu. Tout d’abord la longueur du film : certes les scènes et les paysages sont beaux, la photographie extrêmement fine mais à trop faire en longueur, parfois on ennuie. C’est ce qui se passe ici sur la première demi-heure : c’est long ! trop long ! ça aurait sans doute mérité quelques minutes de moins. Cela étant, on ne voit tout de même pas passer les quasi trois heures : on sent bien la première heure hein, ça c’est sûr, mais la suite s’accélère et finalement l’impression de longueur diminue.
Deuxième aspect m’ayant un peu dérangée, le découpage. Tarantino est bien entendu un coutumier du fait et le découpage en chapitres est une chose qu’il maîtrise. Ici, les coupures sont franchement brutales, trop sèches, trop brouillonnes : on les prend en pleine face sans vraiment s’y attendre, et sans transition. Je ne sais pas si c’est voulu mais cela coupe clairement l’élan et au final elles deviennent plus gonflantes qu’autre chose. Enfin, si Tarantino est également un habitué du flash-back et des histoires en parallèle, ici le flash-back arrive en fin de film comme dénouement de l’intrigue concernant le traitre et finalement il est assez (un peu trop ?) rapide et laisse une impression de bâclé.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le casting ♥ L’ambiance ♥ La musique ♥ La dernière heure |
⊗ Le découpage ⊗ Les longueurs ⊗ Le flashback de fin |
Les huit salopards n’est donc pas ni le chef d’œuvre absolu en phase de devenir culte ni le navet absolu que veulent bien décrire les critiques. Il souffre de quelques défauts mais a aussi des qualités indéniables. Une fois la première heure achevée on passe un bon moment pour peu que l’on apprécie les scènes gores, violentes, les dialogues qui s’éternisent et quelque part aussi, les cabanes en montagne. |
Titre : The Hateful Eight / Les Huit Salopards
Année : 2015
Durée : 2h47
Origine : U.S.A
Genre : Western / Huis-Clos
Réalisateur : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Acteurs : Samuel L. Jackson, Kurt Russel, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Demian Bichir, Tim Roth, Michael Madsen, Bruce Dern, Channing Tatum, James Parks, Dana Gourrier, Zoe Bell, Lee Horsley, Gene Jones