En 2004, une infirmière, Fiona Landers, assassine son mari et leur petite fille âgée de six ans dans sa demeure, en Pennsylvanie. Les détectives Goodman et Wilson enquêtent sur les meurtres, mais il s’avère que la résidence est hantée. Peu de temps avant le meurtre, Fiona a fui précipitamment Tokyo après avoir aperçu les fantômes d’une jeune japonaise, Kayako Saeki, dans un autre domicile inquiétant… Possédée par elle, Fiona tua ses proches avant de se suicider. Désormais, tous ceux et celles qui pénétreront dans sa demeure se verront maudits à leur tour par les fantômes de sa famille…
Avis de Rick :
Au début des années 2000, la J-Horror explose à l’international, ce qui pousse les studios Américains à lancer une vague de remake aussi inutile que souvent ratée, mais qui a au moins eu le mérite de mettre sur le devant de la scène des sagas que le grand public ne connaissait pas forcément. Pulse pour Kaïro de Kurosawa Kiyoshi, The Ring pour Ringu de Nakata Hideo, The Grudge pour Ju-On de Shimizu Takashi. Ça a marché pendant quelques années, avant que quelques pitoyables films ne viennent noyer le filon. On peut penser par exemple à One Missed Call, qui remakait La Mort en Ligne de Miike Takashi. Mais récemment, les studios se sont dit que si au Japon, les sagas avaient été relancées, autant pour Ju-On (avec 2 spin of puis deux films) que pour Ring avec les Sadako 3D, eux aussi pouvaient tenter de relancer les sagas pour se faire un peu de tunes. Ainsi naquit en 2017 Rings, immonde, puis en 2020 ce The Grudge. Sorte de reboot mal fichu qui accepte dans sa chronologie les événements des films précédents, donc une suite, et qui se déroule, pour respecter un peu la saga, sur plusieurs temporalités, au cours des années 2004, 2005 et 2006. On peut y voir une malédiction, comme d’habitude, et plusieurs familles, les Landers, les Spencer, les Matheson, ainsi que plusieurs détectives. Précédé d’une piteuse réputation, j’avais vu The Grudge à sa sortie, pas aimé le film, et d’ailleurs je m’étais endormi devant. Depuis, une année s’est écoulée (le film date de Janvier 2020), et comme quasi personne n’en parle, j’ai décidé de souffrir, de voir la bête pour vous avertir, au cas où vous tomberiez par accident devant la bête. Et il m’aura fallut une pause et un café pour tenir, c’est dire à quel point ce nouveau The Grudge a déjà un gros souci de rythme. Car pour rappel, je suis réputé pour aimer des films d’ambiances extrêmement lents que certains considèrent comme chiants. Alors imaginez un peu le résultat ! Pourtant, ça partait sans doute de plusieurs bonnes intentions. Le réalisateur, issu du cinéma indépendant comme souvent, s’est retrouvé même avec un budget confortable pour faire son film (environ 10 millions, pour faire peur dans une maison, ça va), et se dit fan de la licence, et ça se sent. Il multiplie les clins d’œil plus ou moins appuyés, reprend quelques séquences cultes vues au fur et à mesure des épisodes, tente de respecter la narration non linéaire si chère à la licence.
Mais ça, c’est dans le fond hein. Dans le fond d’ailleurs, il apporte une idée. Une seule oui, mais une idée intéressante. Celle d’amener la saga The Grudge dans le domaine des films dépressifs. Tous les personnages semblent dépressifs. Entre le mari qui croit sa femme folle et veut l’euthanasier, le détective à bout qui finit à l’hôpital psychiatrique, la femme enceinte qui risque de refiler sa maladie à son bébé. Et visuellement, Nicolas Pesce a du demander à son directeur de la photo de respecter ce choix, tant le film baigne dans des tons gris/marrons qui semblent eux aussi dépressifs. Mais malheureusement, ça aussi c’est dans le fond. Dans la forme, dans le film, ça coince déjà plus. Donc avant de défoncer le film comme il se doit, un rappel rapide des qualités du métrage : il y a un bon casting. Voilà, c’est fait. Andrea Riseborough dans le premier rôle pour un film dépressif, forcément, ça le fait, tant ses choix de carrière en font une femme à part (Mandy, Possessor). À ses côtés, John Cho, excellent acteur capable de sortir de sa zone de confort (Star Trek, Searching, Total Recall, Harold et Kumar), Lin Shaye que l’on connait surtout récemment pour les Insidious, Jacki Weaver (Pique-Nique à Hanging Rock, Animal Kingdom, The Disaster Artist) ou encore William Sadler (Die Hard 2, La Ligne Verte, The Mist, Iron Man 3). Du tout bon au casting. Maintenant, le gros problème, c’est que tout le reste, ça coince. L’envie de mettre plusieurs temporalités dans le film, en même temps, c’est bien, ça respecte les origines de la saga, mais c’est bancal, on passe d’une histoire à une autre sans pouvoir s’attacher à tel ou tel personnage, ça casse le rythme. Rappelons qu’à l’origine, Ju-On, c’était désordonné oui, mais chaque chapitre correspondait à un personnage, et donc, à une mort, avant que l’on ne passe à autre chose. Ici le montage passe d’une intrigue à une autre un peu au pif, sans logique, juste histoire de. C’est déjà un gros souci, qui m’aura sans doute coûté ma tasse de café durant la vision, et les griffes de mon chat dans les jambes car elle aussi semblait s’ennuyer. Mais si l’on ajoute à cette narration artificielle qui manque de rythme des apparitions fantomatiques ratées qui ne respectent en rien la mythologie, ça va bien plus loin.
Le but du film, en temps que reboot, c’était donc de rebooter (je suis fort je sais, merci merci) la saga, et donc de passer la malédiction vers une nouvelle, dans un nouveau lieu, l’Amérique bien entendu. Du coup, Kayako et Toshio, adieu. Kayako fera un caméo braconnier…. Enfin, on verra son bras quoi ! Ça dure 4 secondes au début du métrage, et nous voilà avec une nouvelle malédiction, celle des Landers. Pourquoi pas, les spin of Japonais montraient d’autres malédiction et l’opus réalisé par Asato Mari était d’ailleurs très sympathique (Black Ghost). Mais ils respectaient ce qui était instauré dés le premier téléfilm en 2000. Ici non, le film aurait pu s’appeler The Conjuring Presents The Grudge, ça passait limite mieux, tant les nouveaux esprits n’ont rien à voir avec The Grudge. En général, voir le fantôme signifie la mort, et hop, on passe à un autre personnage. Ici non, le fantôme, en plus de ne plus ressembler à un fantôme de la saga mais à un banal esprit comme Blumhouse nous en donne des dizaines, il vient faire coucou, à coup de jumpscares derrière des vitres ou autres, sans raisons, juste car il faut un quotas. Alors du coup, on sait que toutes les 5 minutes, on aura droit à une apparition furtive avec le son qui explose, à un reflet, une ombre en arrière plan. Ça trahit déjà quelque peu l’essence de la saga, mais en plus, cela permet au film, lorsqu’il se décide ENFIN à tuer ses personnages, à verser dans le gore. Bon, pour le coup, c’est bien, ça permet au film de se détacher totalement de la production horrifique US actuelle, visant souvent le PG-13. Des meurtres sanglants, doigts coupés, même les femmes enceintes ne sont pas épargnées. Mais le film nous ennuie tellement avant de tuer son casting que cela ne fait plus rien au spectateur. Finalement, que la saga ne soit pas respectée, c’est le moindre des soucis. Mais que en faisant cela, le film ne fasse rien d’intéressant de ces nouveaux éléments, ça c’est d’autant plus dommage. On a donc un film plat, qui tente de nous faire sursauter toutes les 5 minutes mais qui du coup nous ennuie, en faisant le classique film à jumpscares Hollywoodien, reprenant des scènes et éléments de la franchise (sa narration morcelée) mais sans savoir quoi en faire ou pourquoi ça fonctionnait. Un bon gros gâchis de casting, et de pellicule aussi par la même occasion. En espérant que les mauvaises critiques, même si le film fut rentable (50 millions au box office) calme les producteurs, tout comme cela a stoppé la saga Ring (aux States, car au Japon on a eu Sadako en 2019).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un bon casting ♥ L’envie de varier la saga |
⊗ Une narration maladroite ⊗ Beaucoup d’ennui ⊗ Des jumpscares en pagaille ⊗ Du gore tardif et peu utile ⊗ Le fantôme n’a plus rien à voir avec la saga |
Après Rings, les producteurs ressuscitent la saga The Grudge. Ils n’auraient pas du, voilà. Bancal, chiant, blindé de jumpscares putassiers, 1h33 assez pénibles à endurer. |
Année : 2020
Durée : 1h33
Origine : U.S.A.
Genre : Fantastique
Réalisation : Nicolas Pesce
Scénario : Nicolas Pesce
Avec : Andrea Riseborough, Demian Bichir, John Cho, Betty Golpin, Lin Shaye et Jacki Weaver
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