[Film] The Granny, de Luca Bercovici (1995)

La famille de Granny la veut morte pour pouvoir recevoir son assurance. Alors qu’elle se trouve sur son lit de mort, elle boit une potion de vie éternelle et retourne sur la terre des vivants. Elle a une mission : semer le chaos parmi les membres trop cupides de sa famille.


Avis de John Roch :
Quel rapport peut-il y avoir entre une mamie involontairement transformée en démon et un farfadet qui massacre des gens pour retrouver son or ? A première vue aucun, mais c’est bel et bien Leprechaun qui est à l’origine de la mise en chantier de The Granny. Parce que le farfadet, il rapporte du pognon à Trimark malgré l’échec du second opus en salle. Sa place, elle est sur le marché de la vidéo, là où est son public. Public qui fera de Leprechaun 3 le direct-to-video le plus vendu de l’année 1995 aux States. Trimark se sent des ailes pousser et veut une autre saga aussi lucrative. La société se rapproche de Tapestry Films qui avait produit Warlock 2 et Full Eclipse que la firme spécialisée dans les B-movies des 90’s avait distribué avec succès. La demande porte sur un film au concept et au titre simple mais surtout déclinable pour en faire une nouvelle saga lucrative, ce qui n’arrivera jamais malgré deux à trois suites supplémentaires déjà envisagées. Producteur et scénariste de Warlock 2, Sam Bernard lance l’idée de The Granny, qui échoue entre les mains de Luca Bercovici qui vient de finir Dark Tide, pour Bernard justement. Seulement, le concept de The Granny ne plait pas à Trimark qui se retire du projet. Le film sort malgré tout, avec succès ou non c’est une bonne question, tant le métrage a disparu dans les limbes des direct-to-video des 90’s, et c’est bien dommage car The Granny s’avère être une mini surprise. Non pas que le métrage se doit soudain de gagner un statut de film culte et de sortir des oubliettes dans lesquelles il est tombé (le film n’a visiblement jamais été exploité autrement qu’en VHS), mais cette petite comédie horrifique mérite un petit coup d’œil pour qui affectionne les B-movies.

Pourtant The Granny démarre mal. Entre son introduction qui annonce la couleur, mais qui expose directement la menace et donc les évènements à venir, ceci flinguant tout suspens pour la suite, son générique avec ses effets 3D d’un autre temps et surtout le nom du réalisateur : Luca Bercovici. Acteur, scénariste, producteur et réalisateur, le metteur en scène est avant tout connu pour son premier long : Ghoulies, le rip off made in Charles Band de Gremlins (du moins sur le papier) totalement raté, mais surtout très, mais alors très chiant puisqu’il ne s’y passe absolument rien. Défaut qui n’est, heureusement, pas de la partie ici car en dehors d’une petite baisse de régime en milieu de métrage, The Granny s’avère être un film au rythme qui est aux antipode de Ghoulies. Et le métrage démarre de fort belle manière avec cette histoire de mémé pleine aux as qui invite sa famille à un diner annuel. L’occasion de passer un bon moment en famille ? Loin de là, car ici on n’est pas chez les Torreto et leur sacro-sainte valeur familiale, mais plutôt dans une famille dont les membres sont du genre rapaces complets et souhaitent plus que tout la mort de mémé pour empocher le pactole, à l’exception de sa petite fille qui a passé sa vie à s’occuper d’elle. Le hic, c’est que les vautours ont tous été déshérités, le repas annuel étant l’occasion pour mémé de bien se foutre de leurs gueules, et ceux-ci le lui rendent bien puisque le plan est d’empoisonner mémé et rédiger un faux testament. Seulement mémé, elle le sait puisque tous les ans ses rejetons tentent d’une manière ou d’une autre de s’en débarrasser sans succès. Les derniers instants de sa vie, elle les passe à trouver un élixir de jouvence pour voir sa famille crever avant elle en guise de bon gros doigt d’honneur. Mission impossible ? A première vue oui, mais un jour se pointe à la porte un mystérieux inconnu membre d’une société secrète qui lui ramène carrément le Saint Graal. Certes, mémé ne rajeunira pas mais elle aura la vie éternelle après avoir bu le breuvage mais cela, c’est dans le meilleurs des mondes. Car la potion, c’est comme Gizmo, il y a trois règles à respecter, dont celle de ne pas l’exposer à la lumière du jour sans quoi c’est le coté obscur du Saint Graal qui se manifeste. Dans un dernier élan d’espoir avant de passer l’arme à gauche, mémé boit la boisson et en meurt pour mieux revenir sous la forme d’un démon pour faire payer à sa famille leur cupidité.

Ce qui frappe en premier lieu, c’est le coté comédie du film qui est surprenamment bien écrit. Les dialogues entre les membres de la familles faux-cul comme pas permis et mémé qui les envoie chier avec son langage fleuri sont parfois tordants (la VF est par ailleurs encore plus drôle que la VO). Tout aussi tordant sont les deux frangins qui cherchent à supprimer mémé, un peu cons sur les bords mais étonnamment réussis, d’autant plus que tout acteurs de seconde zone qu’ils soient, l’alchimie entre les deux interprètes fonctionne à merveille. Les autres personnages ne sont pas en reste. Entre le petit fils qui ne rêve que de faire des prises de catch à sa grand-mère, la belle fille obsédée par les fourrures de mémé au point d’en être chaude comme la braise ou encore cette relation incestueuse entre un oncle et sa nièce qui sort de nulle part, The Granny réussit à faire passer des idées pourtant malsaines sur le papier en moments plutôt légers et parfois rigolos. Si le coté comédie démarre bien dès le début du métrage, il faudra en revanche patienter un peu pour que mémé revienne d’entre les morts pour que le carnage commence. Bien que les mises à mort ne manquent pas d’idées, toutes en rapport avec la personnalité de chacun et de leurs convoitises. Ce qui donne des moments parfois improbables dont le match de catch tant attendu entre mémé et son petit con de petit fils et la fameuse fourrure qui va devenir une entité démoniaque létale. Plus The Granny se rapproche du générique de fin, plus il part dans le délire et se renouvelle assez pour ne pas lasser. Luca Bercovici étant un amateur de films de genre, quelques hommages ici et la sont à noter : Ré-animator, Shining, Toxic Avenger, un peu de Gremlins donc mais aussi à la saga Freddy, ce dernier et mémé partageant le même sens de l’humour lors d’une mise à mort. Mémé, vous lui mettez un chapeau, c’est tatie Krueger.

The Granny marque donc pas mal de points dans sa catégorie, sans pour autant être totalement convainquant. La faute en premier lieu à des morts qui ne manquent pas d’idées en plus d’être gores, tout du moins sur le papier. A l’écran si il y a bien des effets sanglants, le métrage ne permet pas d’en profiter pleinement, la faute à un montage qui part en vrille à certains moments, qui ne laisse que quelques bribes quasi subliminales. La mise en scène est quant à elle passe partout, pas déshonorante mais pas folichonne non plus. A noter que la photo est signée Wally Pfister, directeur de la photographie attitré de Christopher Nolan depuis ses débuts. Puis il y a ce ventre mou susmentionné. Des scènes inintéressantes et dispensables, en plus d’une conclusion qui laisse vraiment à désirer, que seuls quelques plans nichons empêchent de plonger dans un ennui profond. Enfin, vu la taille des bonnets, on parlera de plans obus. Du Siliconé à la forme so 90’s, mais aussi du naturel avec la poitrine généreuse de la superbe Shannon Whirry. Starlette des polars érotiques bas de gamme très à la mode à cette époque (que vous avez sûrement déjà aperçu sur M6 le dimanche en seconde partie de soirée), celle qui a débuté aux cotés de Steven Seagal dans Justice Sauvage hérite ici d’un rôle à contre emploi en incarnant une vieille fille qui va se transformer en héroïne bad ass. Un rôle qui lui a permis de changer de registre et qui lui a visiblement ouvert les portes vers des productions un peu plus prestigieuses où l’actrice a pu exprimer ses talents sans avoir à faire tomber le haut (voir son rôle de femme battue et abusée dans le Rétroaction de Louis Morneau). Le casting justement. Bien que la plupart des acteurs soient pour la plupart pas loin du surjeu, ce qui en ajoute un peu dans le coté comique, ils ne sont jamais irritants ou désagréables. Mais la palme revient à Stella Stevens dans le rôle titre. Actrice qui a eu une carrière bien remplie sans pour autant avoir atteint un statut de star, elle se lâche complètement dans son rôle de démon du troisième age. Encore un atout que The Granny a dans sa manche, ce qui en fait une série B convenable mais il ne faut pas en attendre plus, car bien qu’il se passe beaucoup de choses et que le film ne manque pas d’idées, il reste une série B. Ce qui n’est pas un mal en soi puisque le métrage ne prétend pas à autre chose mais certains choix, qu’ils soient d’ordre technique ou scénaristique, auraient pu être évités et donner un film bien plus transcendant. Reste que The Granny nous ramène à l’époque des vidéo-clubs et mérite un coup d’œil de la part des amateurs de B-movies. Et c’est déjà pas si mal.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le coté comédie réussi
♥ Un casting pas forcement fameux mais fonctionne
♥ Des idées parfois barrées
♥ La dernière partie délirante
♥ Shannon Whirry
♥ Stella Stevens déchaînée dans le rôle titre
♥ Du gore…
⊗ Le montage qui part parfois totalement en vrille
⊗ La baisse de rythme en milieu de métrage
⊗ Des scènes dispensables
⊗ La conclusion
⊗ Des choix d’ordre technique et scénaristique qui donne la sensation que le film aurait pu être meilleur
⊗ … si le montage vous laisse en profiter

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un indispensable, The Granny s‘avère malgré tout être une petite surprise. Une petite comédie horrifique sympathique qui renvoit directement à l’époque des vidéo-clubs et qui mérite un petit coup d’œil de la part des amateurs de séries B.



Titre : The granny
Année : 1995
Durée : 1h25
Origine : USA
Genre : Tatie Krueger
Réalisateur : Luca Bercovici
Scénario : Sam Bernard et Luca Bercovici

Acteurs : Shannon Whirry, Stella Stevens, Luca Bercovici, Brant von Hoffman, Sandy Helberg, Ryan Bollman, Teresa Ganzel, Samantha Hendricks

The Granny (1995) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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