Tae Seok, joueur professionnel sur le déclin, tente d’aider son frère lors d’une partie truquée de jeu de Go qui va mal se terminer pour eux. Accusé à tort du meurtre de son frère et bien déterminé à le venger, il va pendant ces 7 années d’emprisonnement apprendre à se battre et devenir suffisamment fort pour combattre l’organisation mafieuse de Sal Su, véritable assassin de son frère. À sa sortie de prison, Tae Seok va fomenter un plan pour pénétrer le cercle de jeu de Sal Su. Avec l’aide d’une équipe de trois anciens complices et joueurs de Baduk, il élabore une partie de jeu, grandeur nature, afin d’éliminer un à un les membres de l’équipe de truands qui les avaient piégés.
Avis de Cherycok :
Faire un film dont le thème est le jeu de Go, pourquoi pas. Il y a bien des films ayant pour thème les échecs (Le Prodige, Face à Face, Ivory Tower, …). Oui, mais faire un thriller d’action ultra violent dont le thème principal est le jeu de Go, ça a un côté extrêmement couillu. Pour ceux qui ne connaitraient pas le jeu de Go, il s’agit en gros d’une sorte de jeu de plateau asiatique assez complexe où les maîtres mots sont « réflexion » et « stratégie », et dont le but est de poser des pierres blanches et noires afin de contrôler le plan de jeu et y construisant des territoires. Oui, dit comme ça, déjà ce n’est pas ce qu’il y a de plus glamour. Mais surtout comment ont-ils fait pour combiner ça avec un film d’action parfois tellement violent que les plus sensibles n’auront d’autres choix que de détourner le regard ? Rien que pour ça, on pourra saluer le travail du réalisateur Jo Bum-Gu (Quick, Three Fellas) et du scénariste Yoo Sung-Hyub (Miracle on 1st Street) car, même si The Divine Move n’est pas le film du siècle, il s’avère être un très sympathique divertissement.
L’histoire tourne donc autour du jeu de Go. Mais son scénario fonctionne comme une partie d’échecs, où chaque adversaire va essayer de se débarrasser des pièces adverses afin de remporter la partie. Le groupe de héros va élaborer un plan, en essayant de prévoir les actions de l’adversaire, pour tuer un à un les groupes du gang afin que le personnage de Tae Seok, incarné par Jung Woo-Sung (Illang : The Wolf Brigade, The Good The Bad The Weird), venge son frère. De l’autre côté, les grands méchants de l’histoire vont en faire de même pour essayer de remonter la piste de ceux qui éliminent tour à tour leurs hommes de main. Comme souvent dans les thrillers / polars coréens, la vengeance va être le maître mot du film. Mais le milieu du jeu de Go, ses joueurs, ses arnaques, va apporter une touche d’originalité à ce qui, sans ça, n’aurait été qu’un film de gangster tout ce qu’il y a de plus classique. Le réalisateur et le scénariste poussant la chose à un point que même de simples jetons de go deviennent ici une arme mortelle lorsqu’elles sont glissées en masse dans une chaussette. Nous sommes d’accord que ce thème original et les parties qui nous sont présentées ne sont que des prétextes et au final une toile de fond à ce qui s’avèrera être un film très violent de tatanes dans la gueule comme les Coréens savent très bien le faire. Mais l’ensemble fait preuve d’une réelle efficacité car le réalisateur maîtrise son sujet et son film fait preuve d’un sens du rythme et à aucun moment ça ne relâche la pression.
Comme souvent dans le paysage cinématographique du pays du matin calme, un soin tout particulier a été apporté au visuel de The Divine Move. Oui, visuellement, ça claque. La photographie est superbe, et la mise en scène foutrement efficace grâce à un cadrage et un montage précis permettant aux scènes d’action, malgré un montage parfois un poil trop cut, de rester constamment lisibles et au spectateur d’apprécier les très bonnes chorégraphies dont les combats, brutaux et violent, font preuve. The Divine Move n’est clairement pas à conseiller aux âmes sensibles. La violence, très présente, très visuelle, y est frontale et très crue. Certains coups font mal, très mal même, même si on a parfois l’impression que le film joue un peu trop la carte de la surenchère à ce niveau-là. Néanmoins, ces scènes ont pour le coup un côté très intense, très viscéral, et The Divine Move met directement le spectateur dans le bain, dès la première scène. Pour compenser, on s’attarde sur des personnages secondaires forts et/ou comiques, afin d’apporter un peu de calme avant chaque déferlement de violence. Certains personnages sont bien développés, à l’instar du héros, même si à l’origine de certains moments quelque peu exagérés (la transformation du héros en prison, le côté « invincible » du personnage du « charpentier »). D’autres pourront crisper certains spectateurs, par leur côté comique un peu artificiel. Néanmoins, le très bon jeu des acteurs est suffisamment efficace pour effacer cela et permettre au public d’apprécier cette histoire au demeurant classique, mais traitée sous un angle original.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Belle mise en scène ♥ Bon casting ♥ Le thème du jeu de go |
⊗ Assez prévisible ⊗ Au final, c’est du déjà vu |
A défaut d’être un actionner qui restera dans les mémoires, The Divine Move est un divertissement des plus efficaces. Une fois de plus, la Corée nous envoie un film visuellement superbe. Mais une fois de plus, le classicisme l’emporte, et ce malgré la thématique du jeu de Go. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• C’est la première fois que Lee Si-Young et Choi Jin-Hyuk interprètent des rôles de méchants.
• The Divine Move a beau être un film commercial, il reste ultra violent, ce qui valu au réalisateur de recevoir énormément de pression de la part des producteurs afin d’édulcorer un peu l’ensemble. Néanmoins, le film reste interdit aux moins de 18 ans en Corée du Sud.
• Le film a gagné le prix du meilleur montage au 51st Grand Bell Awards.
• Le titre original du film, « Shinui Han Soo » (God’s One Move) est une référence à un coup gagnant du jeu de Go, quand l’adversaire ne peut plus contre-attaquer et, du coup, perd la partie.
Titre : The Divine Move / 신의 한 수
Année : 2014
Durée : 1h58
Origine : Corée du Sud
Genre : Go go go !
Réalisateur : Jo Bum-Gu
Scénario : Yoo Sung-Hyub
Acteurs : Jung Woo-Sung, Lee Beom-Soo, Ahn Sung-Ki, Kim In-Kwon, Lee Si-Young, Choi Jin-Hyuk, Ahn Kil-Kang, Jung Hae-Kyun, Ahn Seo-Hyun, Lee Do-Kyung