Aline, une jeune femme s’occupant de son petit frère et subissant les pressions d’un gang pour rembourser les dettes de son père, décide de se joindre à trois amis afin de cambrioler une maison.
Avis de Rick :
Le cinéma Indonésien, surtout horrifique, est plus vivace que jamais. Tant mieux pour ceux qui aiment. Et ce même si souvent, quand on se lance dans un film sans trop savoir grand-chose, c’est quitte ou double. Pemukiman Setan, ou The Devil’s Lair à l’international, c’est dans le fond le film qui a du mal à se différencier des autres. Que l’on regarde sa pochette, son titre original ou international, ça sent le déjà vu. Son réalisateur, et co-scénariste, Charles Gozali, est inconnu au bataillon sauf probablement pour les plus grands connaisseurs de ce cinéma. Pas de grands noms non plus au casting, si ce n’est que Maudy Effrosina, tenant le rôle principal, tient le rôle principal du nouveau film de Kimo Stamboel. Qu’importe, il faut se lancer. 1h35 après, et bien The Devil’s Lair, c’était bien cool. D’entrée de jeu, l’intrigue ne va pas chercher dans l’originalité, puisque l’on est clairement ici dans un mélange peu subtil entre deux métrages à la popularité grandissante. Evil Dead d’un côté, auquel l’Indonésie a déjà rendu hommage récemment grâce à Timo Tjahjanto et ses deux May the Devil Take You. Et Don’t Breathe de l’autre. Fait amusant dans le fond, puisqu’autant le dernier cité que le premier qui a eu droit à son remake en 2013 sont signés Fede Alvarez. Et qu’autant en Amérique qu’en Indonésie, et bien, ça aime bien faire mal à ses personnages. Ici donc, c’est Aline qui rejoint trois amis pour se rendre dans une maison isolée et voler ni vu ni connu quelques possibles objets de valeur. Bien évidemment, ça tourne mal, avec une découverte dans la cave d’une jeune femme attachée, qu’ils vont s’empresser de libérer. Oui, c’est 100% du Don’t Breathe, et le métrage ne s’en cache même pas. Il se fait d’ailleurs tout aussi appliqué visuellement, bien que tentant sans doute moins de choses.
Oui, pas de plan séquence pour nous montrer l’architecture globale de la maison d’entrée de jeu et nous localiser plus rapidement dans l’espace, même s’il est vrai, cela paraissait malgré tout un brin gratuit chez Alvarez, mais terriblement efficace. The Devil’s Lair n’en demeure pas moins efficace et appliqué dans sa mise en image, et ne lésine pas non plus sur le gore. Et ce d’entrée de jeu, avec sa scène d’ouverture à en perdre la tête, littéralement. Rapidement, le film change son fusil d’épaule, délaissant donc le côté terre à terre de Don’t Breathe pour lorgner vers Evil Dead, avec esprit démoniaque, hallucinations, possessions, et gore qui tâche, le tout avec en option rire énervant de la part de son antagoniste principal, notamment dans la toute dernière partie. Et en saupoudrant le tout de magie noire, Indonésie oblige. Et ça fonctionne, dans son domaine, pour ce que le film essaye d’être, à savoir une série B bien rodée. Elle l’est. Ça ne perds pas une seconde, c’est violent, appliqué visuellement, tout en ayant ce petit charme habituel des productions Indonésiennes qui nous emmène vers des mythes et autres éléments dépaysant. L’irruption mi-parcours d’un nouveau personnage pour venir expliquer tout ça d’ailleurs amène ce dépaysement, bienvenu. Et durant 1h30, le spectateur assiste donc à un Roller Coster en quelque sorte, amenant ses idées, souvent sanglantes, les unes après les autres, jamais avec une grande originalité certes, mais avec rigueur et compétence. Pile ce que le film a besoin, en réalité, pour satisfaire son public, qui saura lui pardonner quelques petits faux pas.
Car évidemment, le métrage, dans sa proposition, n’est jamais parfait. Parfois, il tente d’en faire trop, et va donc avoir recours à quelques CGI, pas si mauvais que ça en réalité, mais qui restent malgré tout bien voyants, surtout lorsqu’ils font pâle figure à côté des nombreux effets pratiques du métrage. De même, je l’ai déjà signalé, mais l’antagoniste principal a cette manie de rire non-stop, et dans la toute dernière partie du métrage, lorsque forcément, cet antagoniste devient beaucoup plus présent à l’écran, cela en deviendrait presque énervant (ou nous donnerait envie de la baffer). De même, en multipliant parfois les menaces dans sa dernière partie, le film s’éparpille quelque peu, ou du moins, n’arrive pas à rendre crédible chaque instant. Est-ce si grave pour ce que le film est ? Pas vraiment. Dommage, car du coup, ce n’est jamais aussi appliqué ou méchant que chez d’autres réalisateurs Indonésiens, mais ça n’en fait aucunement un mauvais film. C’est solide visuellement, rythmé, sanglant, et Maudy Effrosina m’aura semblé plus que convaincante dans le rôle principal. Dommage également pour les derniers instants du métrage, durant le générique, tentant de donner plus d’épaisseur à la mythologie générale du film, mais qui me semblent également un poil too much, presque de trop au final pour un petit film se suffisant à lui-même.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Techniquement très solide ♥ Sanglant ♥ Le mélange entre magie noire et le classique huis clos ♥ Un métrage court et rythmé ♥ Maudy Effrosina |
⊗ Des CGI pas toujours au point ⊗ Les derniers instants (et la dernière partie, moins solide) ⊗ Elle est obligée de rire tout le temps elle ? |
Sans rien renouveler, The Devil’s Lair est un solide film horrifique Indonésien, généreux, bien filmé, et prenant sur toute sa durée. Un très bon moment en somme. |
Titre : The Devil’s Lair – Pemukiman Setan
Année : 2023
Durée : 1h35
Origine : Indonésie
Genre : Evil Dead rencontre Don’t Breathe
Réalisation : Charles Gozali
Scénario : Charles Gozali et Gea Rexy
Avec : Maudy Effrosina, Adinda Thomas, Bhisma Mulia, Daffa Wardhana, Ashira Zamita, Agus Mahesa, Jared Ali, Putri Ayudya et Rizky Hanggono
Galerie d’images :