[Film] The Crazy Dad, de Yue Song (2024)


Chen Feng, un ancien combattant légendaire qui a été envoyé en prison pour 12 ans pour s’être battu et avoir accidentellement tué quelqu’un, est enfin libéré. Ce n’est pas le ring qui l’attendait mais sa fille de 12 ans et, afin de regagner le respect et la reconnaissance de cette dernière, il décide de se battre à nouveau.


Avis de Cherycok :
La renommée de Yue Song n’est pas bien grande et seuls quelques fans de films d’action savent de qui il s’agit. Artiste martial confirmé, il s’est lancé devant et derrière la caméra en 2012 avec The King of the Street et depuis, il sort un film tous les 4 ans, s’autoproduisant afin d’avoir le contrôle total sur ses films. En 2016, il a réalisé The Bodyguard, The Outlaw Thunder en 2020 et enfin The Crazy Dad en 2024. Ce qui ressort de ses films, c’est que le bougre sait taper et qu’il sait s’entourer d’artistes martiaux certes méconnus mais néanmoins compétents afin que les scènes d’action de ses films soient un minimum impactantes. Le problème, c’est qu’à côté de ces scènes d’action, il n’y a pas grand-chose et son The Crazy Dad qui nous intéresse ici ne fait pas exception à cette règle. Le public chinois ne semble pas trop apprécier son cinéma et, à en croire les dires, son dernier film, après un début en fanfare le hissant en tête des visionnages dès le premier jour, a rapidement dégringolé dès le suivant suite à un bouche-à-oreilles pas des plus convaincants. Après visionnage, ça peut se comprendre…

The Crazy Dad nous présente Chen Feng, un homme désabusé, semi-dépressif, ancien grand combattant d’après tout ce que tout le monde dit. Son ex-femme a la garde de sa fille qu’il n’avait pas vu depuis 12 ans à cause d’un séjour en prison. On comprend que cela a détruit sa vie et, petit à petit, le scénario va nous révéler le pourquoi du comment, en plus de nous faire comprendre qu’il va devoir faire face à ses vieux démons lorsque son passé le rattrape. L’intrigue est relativement clichée, déjà vue de nombreuses fois. Yue Song essaie d’injecter un peu plus de profondeur à son récit comparé à ses films précédents, mais l’écriture de son scénario est faible. Un des gros problèmes, c’est qu’on ne croit pas du tout à son personnage. Yue Song est clairement meilleur cogneur qu’acteur, mais surtout, ça devient rapidement fatigant de le voir faire la gueule. Il passe la plupart de son temps complètement monolithique, avec un regard de chien battu, quand il ne semble tout simplement pas paralysé du visage. Oui, il sait se battre, c’est indéniable, mais il ne sait vraiment pas jouer. On le sent tenter de jouer le malaise, la confusion, le manque d’estime de soi, mais c’est toujours la même expression faciale qui sort. Le personnage qu’il interprète est fondamentalement le même que celui qu’il jouait déjà dans King of the Streets réalisé plus de 10 ans plus tôt, avec le même processus de rédemption du personnage après s’être battu et avoir été en prison. L’acteur interprétant le méchant du film est d’ailleurs le même que dans The Crazy Dad. Et on retrouve à nouveau cette super-héroïsation qui n’a aucun sens (qui, après avoir été percuté par une voiture à vive allure, se relève, continue de poursuivre les méchants et les affronte à un contre 40 sans sourciller ?).

La mise en scène de Yue Song, à défaut d’être précise, est dynamique, donnant même à de simples scènes d’entrainement un joli rythme. Mais elle est souvent grossière, avec des fondus au noir bancals en guise de transition, ou encore des sauts dans le temps un peu étranges. La photographie n’est pas des plus réussies également, avec des effets de styles complètement gratuits (pour ne pas dire inutiles) à l’instar de ce filtre rouge le temps d’une scène, ou ce noir et blanc et va et vient le temps d’une autre. Difficile de trouver de réelles qualité à The Crazy Dad si ce n’est les combats extrêmement nerveux, avec des coups très puissants exécutés avec une grande rapidité. Les coups semblent la plupart du temps portés et nous avons à faire ici à de vrais artistes martiaux. Ça se rapprocherait un peu du style Donnie Yen de ces dernières années, avec même quelques prises de MMA. Le montage souffle par contre le chaud et le froid avec d’un côté de bons vrais enchainements sans coupe, visuellement réussis, et d’un autre des plans ultra cuts avec un monteur qui part en roue libre. Ils sont au final peu nombreux mais relativement longs, un peu comme pour « récompenser » le spectateur de l’attente, et ils sont clairement un des seuls atouts de ce film même si on a clairement vu mieux ailleurs.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bonnes scènes d’action
♥ Plutôt bien rythmé
⊗ La mise en scène
⊗ Le jeu de Yue Song
⊗ Scénario cliché
⊗ Même film que King of the Streets

La persistance de Yue Song à réaliser des films d’action est louable, mais l’absence de progrès dans la mise en scène au fil des ans est assez déconcertante. The Crazy Dad n’est pas un bon DTV, mais ses scènes d’action peuvent valoir le coup d’œil.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Après le générique de fin se trouve un petit making-of ainsi que certaines photos du tournage.



Titre : The Crazy Dad / 疯子老爸
Année : 2024
Durée : 1h25
Origine : Chine
Genre : Le père fou (et tard)
Réalisateur : Yue Song
Scénario : Yue Song

Acteurs : Yue Song, Zhou Kai-Kai, Gao Chen, Qiu Jian-Liang, Fu Zi-Ming, Yang Jun, Zhang Li-Peng, Lou Yun-Fei, Lu Qing-Xin


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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