Lorsque son unité est attaquée par des combattants talibans au cours de la recherche d’un dépôt de munitions, le sergent de l’US Army, John Kinley est gravement blessé. Les talibans à leurs trousses, l’interprète afghan Ahmed risque sa propre vie pour le transporter, en terrain hostile, afin de le sauver. Le voyage des deux hommes ne fait que commencer.
Avis de Cherycok :
Il a parfois été reproché à Guy Ritchie de ne pas arriver à se détacher du style de ses débuts façon Snatch ou Arnaques Crimes et Botaniques. Et il est vrai qu’il y revient régulièrement, en témoignent des films tels que Rock ‘N Rolla ou plus récemment The Gentlemen. Même ses deux Sherlock Holmes, sa comédie d’espionnage Agents Très Spéciaux Code U.N.C.L.E et plus récemment son Opération Fortune : Ruse de Guerre portent tous les tics de mise en scène de leur réalisateur. Avec son film Un Homme en Colère (2021), il avait déjà renoncé à plusieurs de ses marques de fabrique. Il continue avec son tout dernier, The Covenant tout en réussissant à y insuffler la même énergie. Un thriller de guerre bien plus sobre mais surtout un thriller de guerre vraiment réussi qui pourrait presque être le film de la maturité pour Guy Ritchie. Un nouveau type de film pour le réalisateur dans lequel il semble pourtant très à l’aise mais dont la carrière aura été sabordée par les distributeurs, ne le laissant que peu à l’affiche aux États-Unis et le faisant arriver directement en SVOD (via PrimeVideo) à peu près partout ailleurs dans le monde. Dommage car The covenant, c’était vraiment très bien.
The Covenant est un film qui, sur le papier, est assez classique mais qui pourtant se transforme au fur et à mesure qu’il déroule son scénario. Le début ressemble à un film de guerre déjà vu, puis il va un temps basculer dans le film de survie pour finir sur une mission sauvetage. Cet enchainement de genres est parfaitement maitrisé par Ritchie, tout est homogène, et on n’a pas l’impression d’être dans un trois films en un. En toile de fond, The Covenant va aborder la guerre, bien entendu, et comment un pays va se permettre de s’incruster pour ses propres intérêts chez un autre et y imposer 20 ans durant sa présence militaire, les engagements qu’il va prendre envers la population locale sans forcément respecter sa parole. La réflexion n’est pas toujours très approfondie mais suffisamment développée pour qu’on comprenne le message sans que le discours ne devienne pompeux. Car The Covenant n’est jamais une propagande pro-USA. Bien qu’on y suivre le quotidien un peu désabusé de ces soldats, de cette population, de cette situation qui au final emmerde tout le monde avec des Talibans qui n’hésitent pas à tuer femmes et enfants pour avoir ce qu’ils veulent de la population, il n’y a pas d’héroïsme mal placé ici. C’est même l’inverse et Guy Ritchie appuie sur un point où ça fait mal, à savoir l’abandon des traducteurs afghans que l’armée américaine va utiliser après leur avoir fait espérer des choses (de l’argent, un visa, …). Des traducteurs afghans qui, en plus d’avoir été pour la plupart trompés par les U.S.A, sont assassinés pour trahison par les Talibans, obligés de vivre cachés après le départ des G.I. pour le restant de leurs jours. The Covenant nous montre l’impact de la guerre sur la vie de ces hommes et, même si le film n’est à priori pas basé sur une histoire réelle, il témoigne de nombreuses situations qui doivent encore aujourd’hui empêcher certains anciens soldats américains de dormir.
The Covenant est bien rythmé sans pour autant donner la part belle à l’action pure et dure. Cette action est bien présente, et d’une grande intensité au point que vos yeux restent rivés sur l’écran, mais seulement à quelques reprises. Ritchie se préoccupe bien plus de ses personnages que d’échanges de tirs interminables et, bien que ces moments soient là et indéniablement bien mis en scène par Ritchie, ce sont les petits moments à côté qui font de The Convenant plus qu’un simple film de guerre comme on en voit régulièrement à Hollywood. Le casting est tout bonnement excellent. Jake Gyllenhaal est comme souvent parfait dans ces rôles un peu dramatiques. Il livre un jeu sans faute, mais il est éclipsé par Dar Salim dont la prestation est à saluer. Lorsque le personnage de Gyllenhaal est en pleine tourmente, on s’identifie immédiatement à lui, mais c’est celui de Dar Salim qui donne toute sa force émotionnelle à the Covenant et qui fait en sorte que la tension s’installe, vous attrape et ne vous lâche qu’au moment du générique de fin. Ritchie arrive très facilement à faire monter son film en pression grâce à une très belle mise en scène, certes posée quand il faut l’être, mettant en valeur les superbes paysages d’Alicante en Espagne, mais plus intense lorsque la caméra se met au plus près des personnages. La bande son très réussie y est également pour beaucoup et la partition musicale est vraiment très travaillée, rehaussant clairement chaque scène. The covenant est au final peu bavard, préférant parfois laisser parler les silences, afin de donner encore plus de force à certaines scènes. Oui, clairement, Ritchie est bien plus posé qu’à l’accoutumée en termes de mise en scène et c’est tant mieux car cela convient bien plus au sérieux du sujet. Oui, The Covenant est possiblement le film de la maturité et, même si on aime bien ses travers et ses tics de mise en scène, on est content de voir que Ritchie est capable de les mettre de côté lorsque cela peut servir son film, ce qui est clairement le cas ici.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La mise en scène ♥ La structure du film ♥ Le casting ♥ La relation entre les personnages principaux ♥ La bande son |
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The Covenant est un très bon thriller de guerre qui ne tombe jamais dans la facilité du pro-américanisme et qui marque surtout un potentiel tournant dans la carrière de Guy Ritchie. Dommage que le film ait manqué de visibilité car il vaut le coup d’œil. |
Titre : The Covenant / Guy Ritchie’s The Covenant
Année : 2023
Durée : 2h03
Origine : U.S.A / Angleterre / Espagne
Genre : Thriller de guerre
Réalisateur : Guy Ritchie
Scénario : Guy Ritchie, Ivan Atkinson, Marn Davies
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Dar Salim, Sean Sagar, Jason Wong, Rhys Yates, Bobby Schofield, Emily Beecham, Jonny Lee Miller, Antony Starr, Alexander Ludwig