Ancien agent secret d’une organisation clandestine appelée Beekeepers, Adam Clay vit désormais paisiblement comme apiculteur. Il habite sur le terrain d’Eloise Parker, une enseignante. Cette dernière est victime d’une importante escroquerie par hameçonnage et perd près de 2 millions de dollars appartenant à l’organisation caritative qu’elle dirige. Dévastée, elle finit par se suicider. Adam va alors reprendre son ancien job pour venger sa voisine. Il va se lancer dans une violente quête de vengeance, tout en étant traqué par une agent du FBI, Verona Parker, qui n’est autre que la fille d’Eloise.
Avis de Cherycok :
Statham fait partie de ses acteurs qui depuis quelques années se sont enfermés dans un genre de films, l’action en mode bourre-pif au même titre d’un Gerard Butler. Le Flingueur, Blitz, Killer Elite, Safe, Parker, Crazy Joe, … et bien d’autres. Des films interchangeables tant ils utilisent la même recette en misant tout sur le charisme et la musculature de Jason Statham. Est-ce parce qu’il se plait dans ce genre-là ? Est-ce parce qu’on ne lui propose que ça ? Difficile à dire. Mais une chose est sure, c’est que voir un nouveau Statham, même si le résultat n’est pas toujours joyeux, c’est l’assurance d’un divertissement bien bourrin permettant de reposer le cerveau après une journée harassante. Son dernier film en date, The Beekeper, remplit parfaitement cela et de bien belle manière. Non pas que le film soit ce qui se fait de mieux en matière de film d’action, mais cette bonne grosse série B des familles se passe comme une lettre à la poste et on prend un malin plaisir à voir Statham déchausser des dents à grands coups de poing dans la gueule.
La carrière de David Ayer est un peu en dents de scie. Malgré débuts prometteurs avec des films tels que Bad Times (2005), Fury (2014) et End of Watch (2012), le bougre a commis Suicide Squad (2016), Sabotage (2014) et The Tax Collector (2020). Ça semble être quitte ou double avec le bonhomme mais heureusement, The Beekeeper fait partie des films dans la fourchette haute. Et le public ne s’est pas trompé puisqu’avec ses 34M de dollars de budget, il en a tout de même ramené 152, plutôt pas mal pour un film qui aurait dû sortir directement en SVOD. Car oui, au départ, personne ne semblait croire au projet. Développés par Miramax, les droits ont finalement été vendus un mois avant le tournage à MGM/Amazon fin 2022. Ces derniers ont à leur tour vendu les droits pour le Royaume-Uni et l’Irlande à Sky Cinema. Puis finalement, se rendant compte qu’il n’y aurait pas de gros film d’action début 2024 dans les salles, ils ont décidé à peine 2 mois avant de le sortir au cinéma et ce fut le premier (petit) succès surprise de l’année 2024. The Beekeeper est très caricatural sur certains points (les hackers par exemple), il ne faut pas trop être regardant sur la crédibilité de la chose et réellement poser le cerveau pour un minimum apprécier le spectacle. Mais le film semble en être conscient et s’en amuse, sans doute en se disant que le public ne prendrait pas cela trop au sérieux. Il est clair que c’est comme ça qu’il faut le prendre parce que, objectivement, le film est extrêmement sommaire, presque simpliste. Aucun approfondissement de personnages, des dialogues relativement pauvres, un héros monolithique et psychorigide, une héroïne sans relief et qui ne fait jamais les bons choix, un méchant juste nul dans tous les sens du terme, un film qui va d’un point A à un point B sans strictement jamais dévier de sa trajectoire, une idée de départ (la vengeance contre les centres d’appels frauduleux) sympathique mais pas exploitée et finalement noyée dans du charabia gouvernemental.
En fait, dès que nous ne sommes pas dans l’action, The Beekeeper n’est clairement pas bon, aussi bien l’intrigue, la mise en scène pas inspirée, les dialogues ringards et les acteurs parfois à la limite du ridicule, à l’exception d’un Statham qui semble d’éclater en « Invincible Man ». Jusque-là, vous êtes en droit de vous demander comment, après tout ce que je viens de dire, The Beekeeper arrive à avoir la moyenne et même un point de plus. Eh bien tout simplement parce que ce qu’on est venu chercher, à savoir Statham qui fait sauter des plombages à grands coups de poings, est réellement jouissif et dès que l’action se lance, ça change du tout au tout. On sent que c’est ce qui intéresse David Ayer, bien plus que les scènes d’exposition et il se fait plaisir bien comme il faut. Déjà, le film est Rated-R et se lâche dans le sanguinolent. Doigts coupés, dents qui sautent, joue trouée, giclées de sang dès que c’est possible, The Beekeeper ne lésine jamais sur la violence bien graphique et se permet même quelques gags amusant avec çà (l’agrafeuse). Les impacts des coups que balance Statham sont d’une puissance folle, nous rappelant immédiatement ceux balancés par Ma Dong-Seok dans par exemple la saga Roundup au point qu’on se demande si ce n’est pas l’effet recherché par le réalisateur. Il semble invincible, il fonce dans le tas, il détruit tout ce qui bouge et le résultat est complétement bourrin, très graphique, et réellement jouissif. Certes, nous sommes dans un montage à l’américaine, mais malgré tout l’ensemble reste très lisible et Ayer fait en sorte que les très bonnes chorégraphies du film restent toujours fluides. On aurait aimé qu’elles soient un peu plus nombreuses tant c’est le jour et la nuit avec le reste du film mais on ne peut pas tout avoir.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Jason Statham ♥ Les scènes d’action ♥ La violence assumée ♥ Jason Statham, encore |
⊗ Ce qu’il y a en dehors de l’action ⊗ Des dialogues insignifiants ⊗ Très balisé ⊗ Emmy Raver-Lampman |
Complètement régressif, The Beekeeper vaut le détour uniquement pour ses scènes d’action qui versent dans le bourrinage jouissif avec un Statham qui casse des mâchoires comme jamais. Ce qu’il y a autour ne vaut pas grand-chose mais qu’importe au final. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Aucune explication n’est jamais donnée pour les anciennes technologies (en particulier les écrans d’ordinateur à tube cathodique que l’on voit dans le film). En effet, l’histoire devait à l’origine se dérouler en 2003 avant que l’idée ne soit abandonnée. Cependant, comme le département artistique avait déjà commencé à s’approvisionner en matériel, il a été décidé, pour des raisons budgétaires, de conserver ce qui avait déjà été acheté.
• Dans la réalité, Jason Statham est extrêmement allergique au miel et aux piqûres d’abeilles.
Titre : The Beekeeper
Année : 2024
Durée : 1h45
Origine : U.S.A
Genre : Bourre-pif
Réalisateur : David Ayer
Scénario : Kurt Wimmer
Acteurs : Jason Statham, Emmy Raver-Lampman, Bobby Naderi, Josh Hutcherson, Jeremy Irons, David Witts, Michael Epp, Taylor James, Phylicia Rashad, Jemma Redgrave