Mikura Yosuke est un écrivain plutôt célèbre et apprécié, ces romans se vendant très bien et plaisant aux femmes. Il rencontre Barbara, et en acceptant de l’aider, elle deviendra rapidement sa muse.
Avis de Rick :
Je ne savais pas grand-chose de Tezuka’s Barbara avant de me procurer l’œuvre, seulement attiré par quelques noms, une jolie pochette et la promesse d’un thriller érotique avec une réflexion sur l’art et la création en général. Oui, encore en 2023, je me laisse aller à acheter des Blu-Ray, ici le bel import Anglais de chez Third Window Films, juste car la pochette est belle, et que quelques noms m’attirent. En effet, quand on me vend l’adaptation d’une manga réputé sulfureux et inadaptable, le tout par le fils du mangaka à la réalisation, avec Nikaidô Fumi dans le rôle principal de la fameuse Barbara, et surtout, le tout éclairé par Christopher Doyle (de nombreux Wong Kar-Wai), j’étais tout de suite preneur. 1h40 après la vision, je comprends parfaitement pourquoi Tezuka’s Barbara divise les spectateurs, tant il ne les ménage jamais, et je suis on ne peut plus content de mon achat. Car si après mûres réflexions, il manque sans doute un peu d’émotions à son récit, sans doute à cause de sa stylisation et donc de son style visuel qui est au final un vrai plaisir pour les yeux, Tezuka’s Barbara s’est avéré être une belle surprise, le genre de métrages où, après l’ouverture, on pense clairement savoir où le métrage va nous amener avec son intrigue, sauf qu’il fait toujours des choix surprenants qui nous entrainent vers de nouveaux horizons. Un manque d’émotions donc, mais certainement pas un manque d’idées, ni un manque de talents, et surtout pas un manque d’intentions et de bonnes volontés. Tezuka’s Barbara donc, c’est l’histoire de Yosuke, écrivain populaire qui est à un tournant de sa vie lorsqu’il rencontre par hasard Barbara, fortement alcoolisée et à moitié endormie dans un passage sous-terrain. A partir de ce point de départ, il est facile d’imaginer le métrage partir vers des horizons assez clichés et balisés.
L’on pourrait bien imaginer que l’écrivain va aider la jeune femme à se remettre sur pieds, à vaincre des obstacles. Ou alors l’on pourrait imaginer une romance naissante entre les deux, et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ! Mais Tezuka’s Barbara n’est pas ce film-là. Ici, on plonge littéralement dans les tourments de la création, et les tourments de l’amour, de la possible manipulation (ou pas), de l’attirance virant à l’obsession. Le tout sur fond d’érotisme forcément magnifiquement filmé, Christopher Doyle oblige, de remises en question, de doutes, de jalousie, et bien entendu, avec une petite dose surprenante de métaphores et autres éléments surprenants quand se manifestant littéralement à l’écran, venant ainsi troubler le spectateur qui ne s’attendait pas à un tel spectacle. Et au milieu de tout ça traîne donc Barbara, fantasme et obsession de Yosuke, incarnée à l’écran par Nikaidô Fumi, devenue blonde pour l’occasion, et devenue bien silencieuse et donc loin de ses premières excursions cinématographiques chez Sono Sion (Himizu, Why Don’t You Play in Hell ?), mais aussi beaucoup moins prude pour oser la nudité intégrale. Alors, rassurez-vous, pour ceux qui auraient peur de voir un simple film d’exploitation assez facile qui enchaînerait les scènes érotiques, on en est très loin, Tezuka’s Barbara met son histoire, ses thématiques, et ses personnages en avant, puis se permet quelques excursions plus osées dans l’érotisme par la suite. Mais au final, le métrage évite la gratuité, les corps sont beaux à l’écran, et les véritables scènes érotiques très rares. Et soyons honnête, voir une scène érotique débarquer après de longues et longues minutes de tensions entre les personnages, et d’attirance claire et nette, cela vient renforcer en fait la beauté de la scène, et de son utilité.
Si le métrage se limitait à cela, il serait très facilement de conseiller le métrage à un assez large public. Sauf qu’en nous faisant plonger en même temps que les personnages dans leurs tourments, amoureux et créatifs, Tezuka’s Barbara va loin, quitte à s’engouffrer le temps de quelques scènes dans des envolées qu’un Kubrick période Eyes Wide Shut n’aurait pas renié, et à faire voler en éclat quelques tabous lors de sa dernière partie, assurément choc, et basculant dés lors vers le drame bien sombre qui ne recule devant rien. Lors de cette partie, même la photographie de Christopher Doyle se montre plus ténébreuse, la mise en scène de Tezka Macoto plus posée et fait durer ses plans. Même la musique, pourtant si jazzy tout le long du film, lui donnant presque des allures de film noir classique, change littéralement pour remplacer ses mélodies par des nappes sonores beaucoup plus écrasantes. Et avec ces changements de styles et son ton très noir, Tezuka’s Barbara ne plaira pas à tous, et surtout, n’est pas à mettre devant tous les yeux. Ce qui est dommage vu le travail sur la lumière et la composition des plans. En tout cas, comme je le disais, la proposition du film m’a séduit, en prenant des risques, et si j’aurais préféré un peu plus d’émotions notamment pour le final, je ne fais pas la fine bouche devant ce résultat.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Magnifiquement filmé et éclairé ♥ Nikaidô Fumi, envoutante ♥ Très belle musique ♥ Un final marquant ♥ Des thématiques intéressantes |
⊗ La stylisation du film nous éloigne de l’émotion |
Métrage sulfureux sur l’art et l’amour, Tezuka’s Barbara est un film surprenant qui ose beaucoup de choses, visuellement déjà, mais aussi thématiquement. Une sorte de plongée aveugle dans la folie. |
Titre : Tezuka’s Barbara – ばるぼら
Année : 2019
Durée : 1h40
Origine : Japon
Genre : Drame
Réalisation : Tezuka Macoto
Scénario : Kurosawa Hisako
Avec : Inagaki Gorô, Nikaidô Fumi, Shibukawa Kiyohiko, Ishibashi Shizuka, Minami, Watanabe Eri, Katayama Moemo et Ötani Ryôsuke
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