Après avoir survécu au massacre d’Halloween perpétré par Art Le Clown, Sienna et son frère tentent de reconstruire leur vie. Alors que les fêtes de fin d’année approchent, ils s’efforcent de laisser derrière eux les horreurs passées. Cependant, au moment où ils se croyaient enfin à l’abri, Art refait surface, bien décidé à transformer Noël en un véritable cauchemar.
Avis de John Roch :
Terrifier 2 n’ a pas été qu’un succès, c’est également devenu un phénomène qui a définitivement propulsé Art le clown au panthéon des grands boogeymen du cinéma horrifique. Pas mal du tout pour cette production il est vrai aidé par un buzz non négligeable (spectateurs qui quittent la salle à cause de la violence, tombent des les pommes ou vomissent) de 250,000 dollars qui en a rapporté 10 millions rien que pour sa première exploitation aux USA, auxquels il faut ajouter les chiffres de la VOD (le film a bénéficié d’une sorite simultanée), les ressorties, la soudaine exploitation mondiale de la chose ou les ventes d’ éditions vidéos top classes que les fans se jalousent d’un pays à l’autre. Pas mal du tout également pour la suite d’un film issu d’une saga qui n’était jusqu’ici connu que du cercle des amateurs de films gores. Saga qui a réellement débuté avec All Hallows’ Eve, film à sketchs horrifique qui à la base devait être une compilation de courts métrages étudiants (ce que sera All Hallows’ Eve 2 et ce qu’est probablement le troisième volet qui a débarqué par surprise pour clairement profiter du succès du film dont il est question ici). Cependant, Damien Leone y a vu l’ opportunité de tourner son premier long métrage dans lequel non seulement il recycle ses deux courts mais écrit aussi un fil rouge efficace et un piètre second sketch qui fait pâle figure face à The 9th Circle et surtout Terrifier, qui pose les bases de ce qui allait devenir trois ans plus tard dans sa version long métrage un pur splatter movie, celui qui joue la carte du gore pour le gore, réalisé par un fan de cinéma gore pour les fans de cinéma gore.
La formule est là, à savoir un gore frontal et craspec mais non dénué d’inventivité et bien évidement Art le clown, boogeyman aussi fun que flippant qui ne rend que plus inquiétantes et jubilatoires les nombreuses scènes aux SFX qui refusent le numérique au profit d’effets à l’ancienne. Elle n’est cependant pas bêtement réutilisée dans Terrifier 2, suite en tout points supérieure au premier opus qui développe un petit univers qui ne levait pas le mystère autour de Art le clown mais l’ épaississait d’avantage, peut être un peu trop même. Restait à attendre l’ inévitable suite dans laquelle les questions laissées en suspend devaient trouver réponses, ce qui ne sera jamais vraiment le cas car si Terrifier 3 ajoute quelques pierres à son univers, il faut avouer que sur le plan scénaristique la saga commence à faire du surplace. L’intrigue se déroule 5 ans (Damien Leone en profite pour recentrer sa saga dans le temps, le second film devant à la base sortir en 2020) après le massacre qui s’est déroulé dans Terrifier 2. Jonathan est désormais à la fac et tente de vivre une vie normale, tandis que Sienna sort d’un énième aller-retour en hôpital psychiatrique pour aller fêter Noël chez sa tante qui veut aider à sa reconstruction, son oncle un rien gêné par le coté dérangé de sa nièce et sa cousine fouineuse. On sent de la part de Damien Leone la volonté de développer la personnalité de ses protagonistes en se concentrant sur l’ après et les conséquences psychologiques que ça implique, mais c’est partiellement raté du fait que la relation entre Sienna et Jonathan est sous exploitée, pour ne pas dire inexistante, les deux personnages ayant par en tout pour tout une scène en commun.
Ce dernier est d’ailleurs peu présent et disparaît purement et simplement de l’intrigue, ce qui est à la fois logique pour entretenir une forme de suspens lors d’un moment clé, mais aussi terriblement frustrant de par l’importance d’un personnage que Damien Leone rend intéressant le temps d’une scène, ce sera malheureusement la seule. D’absence, il est dommage que the little pale girl ne soit plus là, remplacée par Victoria (unique survivante du premier film) car le personnage était classe, mais de toute façon le réalisateur ne savait déjà pas quoi en faire à la base. De son coté, Sienna blablate avec sa famille dans une succession de scènes dispensables et n’évolue pas par rapport à ce qui a été mis en place dans le deuxième volet. Damien Leone tente de creuser son passé, mais la relation avec son père est en fait une redite et n’apporte rien de plus à que ce qui était déjà expliqué dans Terrifier 2. Quant à son lien avec Art le clown, celui-ci ne dépasse pas le stade de lutte du bien contre le mal et de manière générale, si l’on omet le cadre de Noël qui est de saison (la magie commerciale des fêtes commençant en octobre) et permet de faire de Sienna une figure christique confirmant son statut d’élue, et une histoire de démons qui se sert de l’antagoniste pour ouvrir un portail vers l’enfer quitte à le faire passer au second plan, Damien Leone n’a pas l’air de savoir où il va et laisse encore plus de questions en suspens que de réponses qui se trouveront peut-être dans un quatrième film sans surprise déjà officiellement annoncé. Mais Terrifier 3 n’en est pas un métrage désagréable à suivre pour autant. Malgré sa durée étonnante pour un film du genre (2h20) et quelques longueurs avérées, Terrifier 2 n’en restait pas moins un métrage au rythme très bien géré qui passait très vite, c’ est à nouveau le cas ici. Si ce troisième opus est en apparence trop long pour ce qu’il raconte, il n’est jamais chiant et les 2h05 file à une allure sans véritable longueur à signaler.
Puis un Terrifier, si on le lance c’est avant tout pour voir Art le clown défoncer, démembrer, arracher, planter, bref tout et n’importe quoi qui fait mourir ce qui lui passe par la main dans de sacrées souffrances. Car Art ne tue pas sans avoir fait sévèrement déguster sa victime dans un déluge de gore à l’ancienne. Mais avant d’y venir, évoquons le destin de film en France et la fameuse interdiction au moins de 18 ans. Une première depuis Saw 3, à la différence que pour le métrage de Darren Lynn Bousman l’ interdiction était tombée le jour même de la sortie et n’a donc eu aucun impact sur sa distribution en salle. Pour Terrifier 3 la donne aurait pu être tout autre, en effet le couperet est tombé une semaine avant sa sortie. Si elle a été maintenue, les exploitants ont en revanche eu le temps de rebondir et le métrage a perdu quelques salles au passage. Quant au cinémas qui ont joué le jeu, c’est souvent à coup de séances uniques par jours qui se sont rapidement retrouvées pleines à craquer. Et oui, quoiqu’on en dise, l’interdit attire et est fait pour être bravé, ça a également fait un très gros coup de pub qui a eu un effet boule de neige pour le moins positif puisqu’il n’aura que deux jours avant que Terrifier 3 ne soit exploité comme un film normal aux 5 séances par jours et ne multiplie le nombre de salles dans lesquelles il peut être vu. Une interdiction sous motif que Terrifier 3 a «la particularité de multiplier les scènes sadiques d’une extrême violence avec la volonté d’associer le spectateur à une forme de glorification de la violence présentée sous un jour favorable de nature à troubler gravement la sensibilité du public», qui à la vision du film n’est pas justifiée. Oui le film est gore et va parfois loin, il y a des gamins dans le bodycount sans toutefois montrer des têtes blondes mourir frontalement (pour rester dans la saga, All Hallows’ Eve allait plus loin en un seul et unique plan) mais non sans un aspect grand guignolesque et surréaliste. De voir Art le clown venir chercher sa tête (le film se déroule 5 ans plus tard mais n‘en demeure pas moins une suite directe) ou de se servir d’azote liquide pour une mise à mort plus cartoonesque qu’autre chose auraient du faire comprendre aux Homer Simpson de la commission de classification des œuvres cinématographiques que Terrifier 3 ne glorifie pas la violence, mais est un splatter movie dans la grande tradition d’un genre de niche, qui en plus de ça excelle en la matière.
Car ce que l’on ne peut pas reprocher à Damien Leone, c’est d’avoir mis en chantier ce troisième film en ayant pris en compte le succès du second et par extension de mettre la pédale douce sur les scènes chocs pour attirer un publique plus large. Au contraire il repousse ses limites en tant que directeur d’ effets spéciaux encore plus fous et inventifs, en plus d’êtres des merveilles au sens du détail qui force le respect. Art le clown, toujours interprété par David Howard Thorton qui une fois encore fait des merveilles en rendant son personnage à la fois fun et flippant, manie la hache et la tronçonneuse sans à avoir à rougir face à la concurrence, Terrifier 3 empile des moments tous aussi crades les uns que les autres, parfois avec un petit sadisme, d’autres fois avec un coté trash ou avec une ambiance sonore qui va bien (l’introduction est aussi crade pour les yeux que pour les oreilles), mais qui ont tous en commun ce coté over the top propre à la saga qui réserve bien évidement THE scène qui justifie à elle seule la vision de la chose. Le premier avait la femme découpée à la scie, le second le carnage dans la chambre, le petit dernier a la scène de la douche qui rentre sans peine dans la légende des massacres à la tronçonneuse vus sur un écran. Terrifier 3 est bien le carnage sur grand écran annoncé. Il y a tout de même une petite pointe de déception d’ ordre scénaristique, Damien Leone semble avancer avec une forme de cohérence dans l’univers qu’ il a mis en place tout en donnant l’impression de ne pas quoi savoir en faire. Mais rien de préjudiciable, question gore le film tient toutes ses promesses et c’est ce qu’on attendait de lui avant tout.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Art le clown ♥ Des effets spéciaux impeccables ♥ Des meurtres fous, fun et inventifs ♥ Question gore, ça tient ses promesses ♥ Le rythme bien géré ♥ La scène de la douche, à voir et à revoir |
⊗ Scénaristiquement, ça n’apporte pas grand-chose à la saga |
Terrifier 3 est bien le carnage sur grand écran annoncé. Il y a tout de même une petite pointe de déception d’ ordre scénaristique, Damien Leone semble avancer avec une forme de cohérence dans l’univers qu’ il a mis en place tout en donnant l’impression de ne pas quoi savoir en faire. Mais rien de préjudiciable, question gore le film tient toutes ses promesses et c’est ce qu’on attendait de lui avant tout. |
Titre : Terrifier 3
Année : 2024
Durée : 2h05
Origine : USA
Genre : clownerie
Réalisateur : Damien Leone
Scénario : Damien Leone
Acteurs : David Howard Thorton, Lauren LaVera, Elliott fullam, Antonella Rose, Samantha Scaffidi, Margaret Anne Florence, Bryce Johnson, Alexa Blair Robertson, Mason Mecartea, Clint Howard, Tom Savini