Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.
Avis de John Roch :
Après deux ans d’attente et de reports, Terrifier 2 est enfin là et le moins que l’on puisse dire c’est que cette attente est récompensée pour son réalisateur Damien Leone. Son métrage, sorti dans un circuit de salles limité, approche des 6 millions de dollars au box-office Américain à l’heure où j’écris ces lignes et fait le buzz. Car Terrifier 2, c’est le métrage qui fait actuellement sensation, c’est le métrage qui fait vomir les spectateurs et qui fait s’évanouir les plus fragiles. Un buzz qui dépasse les frontières puisque par exemple en France, du Parisien à BFM, tous les médias ont parlé de Terrifier 2. Le film a même l’honneur d’être distribué, une distribution limitée j’imagine, en salle à la fin de l’année. Il est clair que le film n’aurait très certainement pas eu autant de considération sans ce buzz, mais l’idée de voir en salle un pur film gore a tout de même de quoi faire plaisir. Coupons court au suspens : non, Terrifier 2 n’est pas à gerber. Mais il est sûr que pour qui n’a pas l’habitude de voir des films d’horreur ou pour qui le genre se résume à Anabelle, Conjuring, les productions Blumhouse, ou pour rester chez les clowns Ça cuvée 2017 et consort, c’est-à-dire des jump scares à foison et deux-trois effets chocs, vont tomber à la renverse devant ce déferlement de gore à l’écran, mais de là à en vomir ou tomber dans les pommes, peut-être pas. Car Terrifier 2 appartient à un genre de niche, on est ici dans le pur splatter movie, celui qui joue le gore pour le gore, réalisé par un fan de cinéma gore pour les fans de cinéma gore. De ce côté, le contrat est pleinement rempli, mais pas que. Puisqu’outre le fait que Terrifier 2 est une suite en tout point supérieure au premier film, Damien Leone se créé tout un univers autour de sa création : Art le clown. Ainsi, il est recommandé de voir Terrifier premier du nom avant de se lancer dans sa suite, sous peine de ne pas comprendre certains éléments scénaristiques.
Une création qui ne se limite pas à ces deux films. La première apparition de Art le clown date de 2008 dans le court métrage The 9th Circle où il n’est présent que dans les premières minutes. Pour avoir un aperçu de ce qui sera Art le clown dans toute sa splendeur, il faut se tourner vers Terrifier, court-métrage de 2011 qui pose en quelques sortes les bases du bébé de Damien Leone. Bébé qu’il exploitera à nouveau en 2013 à l’occasion de son premier long-métrage : All Hallow’s Eve, anthologie dans laquelle deux des trois sketchs sont en fait The 9th Circle et Terrifier, et dans laquelle Art le clown prend un peu plus d’ampleur car au centre du fil rouge. Vient trois ans plus tard Terrifier, long métrage qui n’est certes pas parfait, principalement à cause du faible budget qui se ressent trop à l’écran, mais s’avère être un bon film gore avec des effets spéciaux à l’ancienne et une ambiance parfois glauque, mais c’est surtout Art le clown qui porte le film sur ses épaules, et de ce côté c’est un carton total tant David Howard Thornton lui insuffle une véritable personnalité que Damien Leone exploite à fond dans un déferlement de gore absolument jouissif. Ce qui nous amène au film dont il est question ici. Pour Terrifier 2, Damien Leone fait appel au financement participatif et c’est un succès. Il récolte 250.000 dollars sur les 50.000 demandé, de quoi avoir plus d’ambition pour une suite qui n’en manque pas, bien qu’elle ne soit pas sans défaut.
Pour ceux qui n’ont pas vu Terrifier, dont la suite commence en fait dès le générique de début de celui-ci, Art le clown se donne la mort après avoir fait un carnage dans un immeuble abandonné et se retrouve à la morgue. Damien Leone en profitait alors pour intégrer un élément fantastique à son film et faire de Art le clown plus qu’un psychopathe gravement atteint et visiblement immortel. Suite directe dans son introduction, Terrifier 2 embraye sur cette scène, mais la véritable action de Terrifier 2 se déroule un an plus tard, toujours à la période d’Halloween, ou Art revient pour terroriser Jonathan, un ado obsédé par le clown depuis la mort de son père, et sa grande sœur Sienna qui semble avoir une connexion avec ledit clown. De prime abord, Terrifier 2 est un splatter classique qui tient du slasher movie dans lequel un psychopathe traque sa proie et massacre tous ceux qui se dresse sur son chemin, et c’est exactement le cas. Cependant, Damien Leone ne fait pas que reprendre la recette de Terrifier. Avec ce second opus il développe tout un univers autour de Art le clown, sans pour autant exploiter ses idées sur une durée tout de même assez conséquente de 2h18. Et c’est là le principal défaut de Terrifier 2 : bien qu’il ne soit jamais ennuyeux, le métrage accuse quelques longueurs lors de scènes où Damien Leone s’attarde trop sur des éléments de l’intrigue superflus au lieu de mettre à profit ce temps pour développer la connexion entre Sienna et Art le clown (et pourquoi elle est si spéciale au point de devenir la seule personne à pouvoir le vaincre), l’univers duquel ce dernier est issu pourtant présent, et surtout donner plus d’ampleur à the Little Pale Girl, nouveau personnage maléfique qui rejoint Art dans ses méfaits mais dont le réalisateur ne sait visiblement pas quoi en faire. Des idées, Damien Leone n’en manque pas pour terrifier 2, mais au lieu de désépaissir le mystère autour d’Art le clown, il nous embrume d’avantage. Ceci dit l’effort est à saluer, même si la plupart des spectateurs découvriront le clown maléfique avec ce film et risquent donc de ne pas prêter attention aux faiblesses du scénario.
D’effort à saluer, c’est aussi au niveau technique. Pour un film tourné avec 250.000 dollars, Terrifier 2 est un film qui a de la gueule. Damien Leone livre un produit fini soigné, que ce soit en termes de mise en scène ou de photographie, et pour une production de ce genre, à savoir une prod indé ultra gore, c’est trop rare pour ne pas être souligné. Le gore justement, on y vient. De ce côté, crucial puisque c’est pour cela qu’on lance le film avant tout, Terrifier 2 est une merveille. Hommes, femmes, enfants, tout y passe sous les mains de Art le clown qui ne manque pas d’imagination pour faire mourir ses victimes dans d’atroces souffrances. C’est parfois un peu glauque de voir Art le clown démembrer, castrer, tabasser, lacérer, entre autres sévices infligées, mais c’est avant tout super fun et jouissif, et même parfois drôle (joli head shot) tant les mises à mort ont un côté over the top qui démontre que le métrage n’est pas à prendre au sérieux. De plus, les effets spéciaux sont tout simplement brillants. Tout comme l’aspect technique, Damien Leone livre des SFX réalisés à l’ancienne, soignés, et pour certains au sens du détail qui force le respect. Le metteur en scène rend hommage au cinéma gore des années 80 et en tant que directeur des effets spéciaux, il n’a rien à envier aux Tom Savini, Jennifer Aspinal, Ed French, Bob Keene et autres petits génies qui nous ont tant régalé à cette époque.
Mais tout comme le premier opus, et malgré toutes ces qualités, Terrifier 2 vaut le coup d’œil pour Art le clown. Derrière le maquillage, David Howard Thornton fait à nouveau des merveilles en rendant son personnage à la fois fun et flippant. Personnage que Damien Leone iconise à chaque plan où il apparait et le propulse en tête des clowns horrifiques vus à au cinéma, des plans qui méritent d’être extirpés du film pour devenir un T-Shirt, ou une simple capture d’écran tant Art le clown le crève, l’écran. Le réalisateur aime son bébé et le montre à chacune de ses apparitions. Bébé que l’on retrouvera dans un inévitable troisième opus, que ce soit en termes d’histoire, ou d’argent rentré dans les caisses. Alors certes, Damien Leone ne se fera pas approcher par les grandes majors (son boulot est soigné, mais ce n’est pas le nouveau Peter Jackson), mais le risque est qu’il se fasse déposséder de sa création par des producteurs qui voudront exploiter le filon jusqu’à plus soif car désormais, Art le clown est rentable, et pas qu’un peu. Des suites à Terrifier c’est un grand oui, tant que Damien Leone ne vend pas son âme et garde son indépendance.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des idées qui développe l’univers de Terrifier… ♥ Malgré la durée on ne s’ennuie pas… ♥ Art le clown ♥ Une suite en tout point supérieure à son modèle ♥ Techniquement, c’est soigné ♥ Un film généreux en gore ♥ Les effets spéciaux, impeccables |
⊗ … mais finalement pas assez exploitées ⊗ … mais il y a tout de même des longueurs ⊗ The Little Pale Girl, un nouveau personnage cool mais inexploité. |
Terrifier 2 est une suite en tout point supérieure au premier opus. Si Damien Leone ne parvient pas à exploiter des idées pourtant intéressantes qui développent l’univers de Terrifier, il livre un métrage soigné, un film super gore aux effets spéciaux impeccables qui propulse Art le clown au panthéon des icônes du cinéma d’horreur, en plus d’être le meilleur clown horrifique vu sur un écran. |
Titre : Terrifier 2
Année : 2022
Durée : 2h18
Origine : USA
Genre : Trop cool le clown
Réalisateur : Damien Leone
Scénario : Damien Leone
Acteurs : David Howard Thorton, Lauren LaVera, Elliott fullam, Amelie McLain, Katie Maguire, Felissa Rose, Casey Hartnett, Kailey Hyman