Sam Lord, un sniper professionnel en burn-out se retrouve piégé dans un appartement tout en verre par un assassin concurrent ; il va devoir trouver un moyen de survivre et de s’échapper.
Avis de Cherycok :
Chaque décennie ses stars de vidéoclubs, ces « valeurs sûres » (notez les guillemets) pour un spectacle d’action qui ne demandait pas grande réflexion. A la fin des années 80 et dans les années 90, des noms tels que Olivier Gruner, Bolo Yeung, Billy Blanks, Jalal Merhi ou encore Gary Daniels ornaient fièrement des jaquettes de séries B. Dans les années 2000, ce sont ces stars plus prestigieuses des années 90 telles que Jean-claude Van Damme, Dolph Lundgren ou Steven Seagal qui nous abreuvaient de 2, voire 3 DTV par an, côtoyant ces stars du catch qui se lançaient elles aussi dans le cinéma. Dans les années 2010, d’autres sont venus les épauler comme par exemple Luke Goss, Michael Jai White ou encore Louis Mandylor. Je précise que nous ne parlons pas ici de séries B friquées comme celles de Jason Statham qui, à une époque, auraient eu droit à une sortie cinéma, mais de petites bobines que certains qualifieraient de lowcost. Et celui qui depuis 20 ans est clairement devenu un des rois du DTV d’action, c’est bel et bien Scott Adkins au point que chacun de ses nouveaux films est quelque part un micro-évènement pour quiconque aime les films de tatanes dans la tronche. Alors oui, il y a clairement à jeter dans le tas, le bougre enchainant parfois jusqu’à 5 films par an, mais il y a de bien belles réussites comme The Debt Collector, Avengement, ou encore Profession Tueur et sa suite. Alors que vaut Take Cover, son dernier film en date à l’heure où j’écris ces lignes ? Disons que le constat est mitigé, très mitigé…
Comme ça semble être la mode des cascadeurs qui passent à la mise en scène de films d’action, Nick McKinless, coordinateur des cascades sur Fast & Furious X ou la série Gangs of London, cascadeur sur Justice League, Assassin’s Creed ou encore Edge of Tomorrow, s’est dit que lui aussi il allait se lancer dans l’aventure. On sent que c’est un cascadeur qui est à la barre car un soin tout particulier a été apporté aux scènes d’action. Nick McKinless fait tout pour qu’elles soient constamment lisibles, et bien qu’il n’y ait aucune fulgurance de mise en scène brute (malgré une photographie plutôt jolie), c’est efficace avec des chorégraphies permettant à Scott Adkins de s’exprimer martialement et de faire les mouvements que ses fans attendent de lui. Il assure clairement le spectacle à ce niveau-là et c’est le strict minimum qu’on demande quand on se lance dans un de ses films. Certes, on est martialement parlant loin de ce qui se fait de mieux en Asie, mais ça reste des plus acceptables, d’autant plus qu’il s’agit ici d’un petit DTV qui n’a pas dû bénéficier d’un énorme budget ni d’un très long temps de tournage. La baston dans la chambre d’hôtel, sous les feux d’un sniper, est des plus intéressantes. Que ce soit les gunfights, les courses poursuites ou donc les combats mano à mano, c’est ce qu’il y a clairement de mieux dans ce Take Cover qui, il faut l’avouer, sorti de ses scènes d’action, reste une bobine lambda assez médiocre sur bien des points… Passées ses 20 premières minutes, Take Cover devient un huis clos dans lequel quatre personnages sont bloqués dans une chambre ciblée par des snipers depuis l’immeuble d’en face. Il y a notre héros, Scott Adkins, son comparse, et deux masseuses / prostituées bloquées avec eux. Le jeu d’acteurs est plutôt bon. Scott Adkins, bien qu’un peu monolithique, a déjà prouvé à plusieurs reprises qu’il sait jouer la comédie et c’est de nouveau le cas ici. Madalina Bellariu Ion, qui joue le rôle de la call-girl Mona, offre également une performance des plus respectables. Le problème, c’est qu’entre deux scènes d’action, et elles ne sont pas si fréquentes, le réalisateur a du mal à maintenir la tension, alignant des dialogues pas toujours des plus intéressants entre les personnages.
Le film se montre beaucoup trop bavard, en particulier lorsqu’il divague sur ce que ressent un sniper lorsqu’il a sa cible en ligne de mire, lorsque ça cause sur le passé du personnage d’Adkins, ou encore les échanges à base de fions entre les personnages de Ken et Sam qui sont mal écrits, en plus de sonner faux. On comprend que c’est là pour amener un peu de consistance au héros, mais ce n’est pas forcément ce qu’on attend, tout du moins aussi longuement, dans ce genre de scènes où il faut toujours amener un petit quelque chose pour que la tension reste intacte, un peu à l’image d’un film tel que Phone Booth, où un homme est bloqué dans une cabine téléphonique à cause d’un sniper. Parce que faire parler les personnages entre eux aussi longuement, parfois inutilement, ça n’a jamais aidé un scénario assez mince (en plus d’avoir de nombreux trous dans l’intrigue), qui plus est assez prévisible, et surtout souvent incohérent. Comment un sniper professionnel ne se dit pas que s’il crible de balles le canapé derrière lequel sont cachées ses cibles, il finira par les avoir ? C’est un canapé, pas une porte en acier trempé ! Et ce n’est qu’une incohérence parmi tant d’autres au point qu’on se demande comment cette blonde a pu être nommée à la tête de cette organisation de tueurs à gages. Entre la tension qui peine à être maintenue et les dialogues mal écrits inutiles, le film semble s’éterniser alors qu’il ne dure que 1h20 si on lui enlève les génériques. Avec un peu plus de substance et un meilleur scénario, il y aurait clairement eu quelque chose à faire car avec un budget qui semble assez réduit (coucou les fonds verts dégueulasses), Nick McKinless fait malgré tout bien le job en termes de mise en scène brute, surtout pour un premier film. Parce quand on voit la qualité des plus acceptables des scènes d’action, on se dit que s’il y en avait eu bien plus, Take Cover aurait gagné en respectabilité et surtout en intérêt pour le public. En l’état, il s’agit d’un Scott Adkins des plus moyens, pour ne pas dire mauvais.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Scott Adkins ♥ Les quelques scènes d’action |
⊗ Le scénario ⊗ Beaucoup trop bavard ⊗ Une tension mal gérée |
Scott Adkins est clairement le seul vrai point positif de Take Cover. Sa performance réussit à sortir le film des tréfonds du DTV d’action bas de gamme, mais ça n’en fait pas un bon film pour autant. Oubliable. |
Titre : Take Cover
Année : 2024
Durée : 1h30
Origine : Angleterre
Genre : Mouais
Réalisateur : Nick McKinless
Scénario : Joshua Todd James
Acteurs : Scott Adkins, Jack Parr, Madalina Bellariu Ion, Alice Eve, Alba De Torrebruna, Renars Latkovskis, Billy Clements, Peter Caulfield, Nick Goldman, Tom Leigh