[Film] Sweet Sixteen, de Jim Sotos (1983)

Une jeune fille de 16 ans est le centre d’intérêt d’une troupe de garçons. Mais à chaque fois que la jeune fille jette son dévolu sur un jeune homme, la mort rôde.


Avis de John Roch :
Sweet Sixteen fait partie de la vingtaine de slasher movies sortis en 1983. Pas l’année la plus prolifique, ni celle qui comporte les titres les plus marquants (exception faite de Massacre Au camp D’Été). Cette année est pourtant intéressante puisque, genre sur le déclin oblige, les métrages tentaient alors de se démarquer de la concurrence en y injectant un peu de nouveauté. Comprendre par là mélanger les genres pour inclure un peu de sang neuf dans un sous-genre qui a très vite commencé à tourner en rond, quitte à berner le spectateur (voir le cas Cérémonie Mortelle, vendu comme un film de zombies). Sweet Sixteen appartient à cette catégorie, ici c’est le slasher et l’intrigue policière à la Agatha Christie qui se mixent pour un résultat pas inintéressant mais pas folichon non plus. La faute en premier lieu à un mélange mal équilibré qui interroge quant à l’apparence du métrage au slasher movie tant celui-ci est occulté. Pourtant, le pitch de base a tout du slasher lambda avec cette histoire d’adolescente nouvelle en ville, Melissa, qui fait tourner la tête de tous les garçons du lycée qui vont se faire assassiner si ils s’approchent un peu trop près d’elle. Le titre du film lui même renvoi au slasher lamda, puisque après noël, nouvel an, Pacques, vendredi 13, Halloween, la Saint Valentin, le bal de promo et tout autre date à cocher dans le calendrier, Sweet Sixteen renvoit à un évènement important de l’année, d’une vie même : le seizième anniversaire. Alors oui, en France, à part ne plus être refoulé à l’entrée d’un film estampillé -16, ou passer le permis accompagné, on s’en tamponne un peu des 16 ans. Mais aux États-Unis, c’est un tout autre son de cloche : c’est l’âge ou les demoiselles entrent dans le monde des adultes et fêtent ça comme un évènement mondial. Dans la forme, avec son titre et son pitch, Sweet Sixteen se présente donc comme un slasher pur jus.

Pourtant, l’idée de départ de Sweet Sixteen va rapidement passer au second plan pour se concentrer sur son enquête policière, menée par le shérif du coin et sa fille passionnée de romans policiers. En soi, l’intrigue n’est pas forcement mauvaise. Tout le monde est suspect, le métrage enchaîne les rebondissements qui mettent le spectateur sur autant de fausses pistes, et le whodunit est presque imprévisible. Presque car si l’on se plonge vraiment dans l’intrigue, l’identité du tueur est simple à griller. Intrigue qui n’est pas sans bonnes idées car se passant sous fond de tension raciale entre Amérindiens et rednecks comme seul le Texas peut nous en livrer. Sweet Sixteen part un peu dans tous les sens en mettant en place plusieurs sous intrigues et personnages plus ou moins utiles, mais sait rester cohérent dans son scénario. Là où ça pèche, c’est que celui-ci est à l’écran assez ennuyeux. La faute à une mise en scène qui en fait le strict minimum. Producteur et réalisateur de la chose, Jim Sotos peine à insuffler un rythme à son récit via sa réalisation, qui se rapproche plus d’un téléfilm policier de milieu d’après-midi que d’un film pensé pour le cinéma.

Et ce n’est pas coté meurtre que Sweet Sixteen vous sortira de la torpeur. Déjà le bodycount est radin : trois victimes, c’est trop peu. Ensuite, c’est lors des mises à mort que la mise en scène gagne en énergie, mais pas dans le bon sens, avec ce montage bien trop cut et rapide, pour ne pas dire épileptique. Ajoutez à cela une absence d’imagination totale lors des meurtres (tous sont les mêmes, ils durent juste de moins en moins longtemps) et de gore à se mettre sous la dent, et nous revenons au mélange des genres mal équilibré sus-mentionné. Sans parler d’arnaque, on peut légitiment se demander si Sweet Sixteen ne s’est pas à l’époque collé une étiquette slaher movie pour des raisons mercantiles évidentes. Car en l’état, Sweet Sixteen ressemble plus à un film policier vaguement horrifique qu’a un slasher mâtiné d’éléments policiers. C’est dommage, car si le métrage n’occultait pas son pitch de départ, et par extension assumait pleinement le genre auquel il appartient, il aurait gagné en rythme et en intérêt. Reste un scénario pas trop mal écrit, le casting sympa composé entre autres de Bo Hopkins, Patrick Macnee et Susan Strasberg, et quelques plans nichons gratuits un rien malaisants dans l’idée, dans le sens où les personnages en question ont à peine seize ans, mais on connaît la manie du slasher movie de faire jouer des ados par des adultes à la vingtaine entamée. Au final, Sweet Sixteen est a réservé aux fans de slasher movies complétistes ou aux fans de téléfilms policiers, qu’ils dorment devant ou non.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un scénario à l’écriture honnête
♥ Le casting sympa
♥ De bonnes idées
♥ Un slasher qui tente de se démarquer de la concurrence…
⊗ La mise en scène réduite au strict minimum
⊗ La plupart du temps, c’est ennuyeux
⊗ …. si toutefois il s’agit d’un vrai slasher
⊗ Chiche en meurtre, en sang et en gore

On ne peut pas enlever à Sweet Sixteen sa tentative de se démarquer des slasher movies de l’époque. Mais malgré de bonnes idées et un scénario pas trop mal fichu, le métrage souffre d’un manque d’équilibre dans son mélange entre slasher et film policier. En résulte un film certes pas inintéressant, mais plombé par un rythme mollasson et une mise en scène réduite au strict minimum. A réserver avant tout aux fans de slasher movies.


Sweet sixteen est disponible en Combo Blu-ray DVD chez Rimini Editions.

En plus du film, on y trouve un livret de 20 pages écrit par Marc Toullec.



Titre : Sweet sixteen
Année : 1983
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : slasher mais pas trop
Réalisateur : Jim Sotos
Scénario : Erwin Goldman

Acteurs : Bo Hopkins, Susan Strasberg, Dana Kimmell, Patrick Macnee, Don Stroud, Sharon Farrell, Henry Wilcoxon

Sweet Sixteen (1983) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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