
Alors que sa femme décède, Clint Ramsey, un pompiste, est accusé à tort de meurtre et se voit alors obligé de fuir la ville. En chemin, le jeune homme fait la connaissance de nombreuses femmes, toutes séduites par son passé tumultueux. Clint n’a d’yeux que pour Supervixen, une charmante demoiselle qui ne cesse de lui résister.
Avis de John Roch :
Tourné pour 72,000 Dollars, Vixen! en a rapporté 7 millions, faisant ainsi du métrage le premier gros succès populaire du film érotique aux USA. Suite à ce carton surprise, les portes d’Hollywood s’ouvrent à Russ Meyer, qui tournera pour la Fox La Vallée des plaisirs et The Seven minutes, qui sera un échec commercial. Après ça, le réalisateur va reprendre ce qui a fait son plus gros succès : des gros lolos, de l’érotisme et une critique de la société américaine alors en pleine mutation. Mais cette fois, il va également pousser le curseur de l’humour au maximum en donnant une dimension cartoonesque à ses nouveaux films, ce qui va avoir pour effet de redonner un souffle à sa carrière. Le premier d’entre eux, Supervixens, en est le plus bel exemple. Réalisé, monté, photographié et écrit par ses soins, Supervixens est un bébé de Russ Meyer tourné pour 90,000 Dollars mais vendu comme une production de 400,000 billets. Un budget volontairement gonflé, pratique courante pour donner du poids à un film lors de la recherche d’un distributeur et pour les ventes à l’international. Le choix du titre n’est pas non plus anodin car il renvoie à Vixen! dont il est une pseudo suite qui n’entretient aucun rapport avec le film original. Du moins dans la forme puisque dans le fond tout est là, mais dopé : plus de lolos, plus d’érotisme, plus d’humour, plus de satire, plus d’action… bref, Supervixens est une fausse séquelle qui fait dans la surenchère, et ça marche.
Mais Supervixens ne fait pas dans la redite, en témoigne déjà le changement de sexe du protagoniste. Ici pas de femme qui trompe son mari absent pour assouvir ses pulsions sexuelles, mais un pompiste du nom de Clint, sans histoire, si ce n’est les déboires qu’il rencontre avec sa compagne SuperAngel. Lorsque celle-ci est assassinée par un flic psychopathe (joué par un Charles Napier déchaîné), Clint se retrouve accusé du crime et est forcé de fuir, le début d’un périple dans l’Amérique profonde aux saynètes dans lesquelles le héros tombe sur des femmes à satisfaire, et autant de problèmes pour s’en défaire, jusqu’à trouver le véritable amour auprès de SuperVixen. Avec Supervixens, Russ Meyer ne s’attaque pas vraiment à l’Amérique profonde, mais plutôt aux valeurs conservatrice d’une génération de réactionnaires dépassée par la révolution des mœurs. Avec ses femmes manipulatrices, infidèles et dominantes, le script du métrage peut paraître misogyne mais c’est tout le contraire. Chacune des femmes que Clint va rencontrer sont de caractère, fortes de par leurs capacités à subir la figure masculine conservatrice, à l’image de SuperCherry qui est une immigré Autrichienne qui se fait culbuter par son mari fermier à longueur de journée qui l’a réduite à une forme d’esclavage ou de SuperEula, qui fait croire à son père qu’elle est sourde et muette depuis l’enfance pour faire mine de ne pas comprendre quand il ordonne de ne pas s’habiller topless.
En surface, Russ Meyer montre la figure féminine sous de mauvais angles, mais il n’en oublie pas les bons, en témoigne SuperAngel et SuperVixen (un double rôle joué par la superbe Shari Eubank) qui représentent ce qu’il a de pire et de meilleur chez une femme. Les hommes ne sont de toute façon pas non plus épargnés, ils sont dépeints tour à tour comme violents, racistes, homophobes et profitant de leur statut de conservateur dominant pour rabaisser la gente féminine. Au final, à travers le périple de Clint, Russ Meyer joue sur la guerre des sexes en l’exacerbant pour en prôner l’égalité. Supervixens, c’est tout ça et c’est déjà pas mal, mais c’est aussi une comédie érotique mais, tout comme Vixen!, jamais contemplative dans les scènes de sexe, à l’esprit cartoonesque (le final renvoie à des cartoons à la Popeye) et aux ruptures de ton parfois surprenantes (le meurtre de SuperAngel est d’une violence qui tranche totalement avec l’esprit du film). Une véritable bande dessinée live qui surprend par un montage super dynamique, réfléchi en mettant en parallèle les scènes érotiques à d’autres pour représenter la pénétration et toujours lisible, avec toujours des contre-plongés qui mettent en valeur les attributs mammaires des superbes actrices, cadrées avec amour par Russ Meyer. Certes l’humour par moments graveleux ne plaira pas à tout le monde, le film aurait gagné à raccourcir quelques scènes, mais là ou Vixen! est aujourd’hui à voir plus pour son fond ancré dans son époque que pour sa forme, Supervixens est quant à lui un métrage qui tient encore très bien la route aujourd’hui.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Encore plus de gros lolos ♥ Ils sont toujours bien cadrés les gros lolos ♥ La superbe Shari Eubank ♥ Un casting féminin fort charmant ♥ Charles Napier en psychopathe déchaîné ♥ Thématiquement intéressant ♥ La dimension cartoonesque ♥ Le montage |
⊗ Quelques scènes qui s’étirent un peu trop ⊗ L’ humour qui ne plaira pas à tout le monde |
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Supervixens est une pseudo suite à Vixen! qui n’entretient aucun rapport avec le film original. Du moins dans la forme puisque dans le fond tout est là, mais dopé : plus de lolos, plus d’érotisme, plus d’humour, plus de satire, plus d’action… Supervixens est une fausse séquelle qui fait dans la surenchère, et ça marche. |
Titre : Supervixens
Année : 1975
Durée : 1h46
Origine : USA
Genre : Super gros bonnet
Réalisateur : Russ Meyer
Scénario : Russ Meyer
Acteurs : Charles Pitt, Shari Eubank, Charles Napier, Uschi Digard, Henry Rowland, Christina Cummings, Colleen Brennan, John Lazar, Stuart Lancaster, Deborah McGuire