Des sans-abri découvrent un complot visant à exterminer tous les sans-abri de la ville.
Avis de John Roch :
Pour aborder ce remake de Street Trash, reprenons les propos de Ryan Kruger lors de l’annonce de celui-ci, signe que les meilleures intentions ne font pas nécessairement les bons films: « Notre ré imagination de Street Trash se déroule au Cap, en Afrique du Sud, où le fossé grandissant entre les riches et les pauvres a changé le monde tel que nous le connaissons. J’étais un grand fan de la version originale de Street Trash quand j’étais enfant, et je suis ravi de présenter à une toute nouvelle génération le bon goût gonzo fondu qui a fait de la version originale un tel classique. Si notre ré imagination comporte des éléments nouveaux et passionnants qui donnent au film de nombreux rebondissements bizarres, le cœur du film réside dans la diversité et l’originalité de nos personnages. En tant que réalisateur, je suis très attaché aux personnages et j’ai hâte de voir notre ensemble étrange et hilarant à l’écran, alors qu’ils naviguent dans les rues hostiles du Cap. Notre version de Street Trash sera crue, hilarante, pleine de personnages dynamiques et d’explosions multicolores de grandeur gluante». Prendre points par points ces déclarations qui devaient pourtant être les forces du métrage ne font qu’ enfoncer un peu plus ce Street Trash version 2024, qui plus qu’un remake ou une suite ressemble d’avantage à un film sous influence du classique de Jim Muro qui aurait très bien pu sortir sous un autre nom sans que cela ne soit aucunement gênant. On ne pourra pas reprocher au réalisateur du surestimé Fried Barry d’avoir voulu tenter une nouvelle approche avec ce nouveau film mais même si on évite la comparaison avec l’original, cela ne change en rien la donne: le métrage n’est jamais convainquant.
Tout n’est pas raté dans Street Trash, avec ce film Ryan Kruger livre une nouvelle fois une œuvre à la mise en scène carrée, tout du moins jusqu’à un final complètement bordélique pendant lequel le réalisateur trouve de sérieuses limites dès lors qu’il s’agit de donner dans l’action. La photographie est aussi réussie mais cette qualité est aussi un défaut: dans Street Trash tout est stylisé et éclairé à coup de néons, ce qui a pour résultat de ne jamais rendre crue l’ambiance générale d’un film bien trop propre sur lui qui ne renoue jamais avec celle bel et bien crade et puante de l’original. Les bidonvilles du Cap auraient très bien pu succéder au Brooklyn délabré des années 80, mais jamais on ressent les inégalités économiques ou les différentes fractures sociales qui pourtant se devaient d’être au centre d’un récit qui était supposé parler de ça. Street Trash n’abordait pas le problème frontalement mais de faire du sujet de cette suite/remake une allégorie de la lutte des classes est une extension logique, seulement ça ne fonctionne pas. La faute à un script minimaliste qui se contente de mettre les gentils clodos face au méchant maire qui pour réduire la pauvreté dans la ville du Cap à l’aide d’un gaz qui liquéfie qui l’inhale qui reprend le composé de la Viper, la boisson qui a fait des ravages dans le film de 1987. Car plus qu’ un remake, Street Trash se réclame d’avantage d’ une séquelle qui fait maladroitement écho au métrage original, dont le coté suite est expédié en une phrase et la présence le temps d’une scène d’une bouteille de Viper qui d’une part n’a techniquement rien à faire là, et qui d’autre part ressemble plus à un clin d’œil fait par un fan plutôt qu’à un quelconque élément scénaristique à proprement parler.
Pour ce qui est des personnages, l’aspect ni blanc ni noir est ici omit au profit de protagonistes certes écrits et un minimum développé, mais qui ne sont jamais exploités, la palme revenant aux jumeaux qui se fondent dans la masse tel des ninjas qui ne le feront jamais plus passé leur présentation, mais il y a aussi la touche féminine qui amène un genre de guerre des gangs vite exposée vite expédiée, un genre de PNJ qui donne des items aux héros de l’histoire, ou ce clochard (interprété par le toujours très bon Gary Green) et son ami imaginaire à la bite à l’air et bien vulgaire comme il faut. Ce sera pratiquement la seule chose de trash dans ce Street Trash, Ryan Kruger n’ayant pas fait la différence entre le terme et un humour pipi-caca-teub pseudo subversif qui devient vite lourdingue. Car cette version ne rivalise jamais avec l’original, ici le trash ne l’est jamais, ou plutôt représenté par une forme de bouffonnerie finalement jamais vraiment drôle.
C’est là tout le problème de Street Trash, en tant que nouvelle version le film n’arrive jamais a retrouver l’essence de son aîné mais en plus de ça ce qu’il tente de mettre en place, il le fait mal jusqu’au scènes gores. Il faut bien y venir, et malgré l’emploi d’effets pratiques et colorés qui rendent hommages aux SFX de Jennifer Aspinall sans pour autant prétendre à y rivaliser, le film se plante. Street Trash, l’autre, avait une forme d’inventivité, celui-ci est si répétitif qu’il en devient gonflant. Aussi gonflant que la première boule qui pète et le reste qui suit, le schéma est toujours le même, répété tout le long et ça finit par lasser. Que reste-t-il à ce Street Trash? Pas grand-chose. En tant que suite remake, le film foire à retrouver l’essence même de l’original: l’aspect cradingue est sacrifié au profit d’une stylisation pleine de néons certes agréable à l’œil mais qui tranche avec l’approche presque documentaire du quotidien des sans abris dépeint par Jim Muro, le coté social n’est pas développé plus que ça avec un script manichéen à souhait il est vrai plus cohérent mais pas plus réussi pour autant, et le coté trash ne l’est jamais en plus de faire preuve de paresse coté gore. Si le film est pris tel quel, à savoir un métrage dont le coté social, les personnages, le trash, le gore, bref à peu près tout est inexploité, non seulement Street Trash ne rivalise pas avec son modèle, mais en tant que film à part entière, ce n’est pas bon non plus.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Techniquement c’est du bon boulot… ♥ Des effets pratiques qui font plaisir… ♥ De bonnes idées… |
⊗ … jusqu’à un final complètement bordélique ⊗ … mais que c’est répétitif ⊗ … jamais exploitées ⊗ Jamais trash ⊗ Jamais cru ⊗ Jamais drôle ⊗ Un film que ne capture jamais l’essence même de l’original ⊗ Même si on ne connaît pas l’original, c’est loin d’être convainquant ⊗ Une thématique jamais exploitée ⊗ Trop sage et trop lisse |
Ce Street Trash version 2024 est bien plus un film sous influence du classique de Jim Muro que d’une suite remake qui aurait très bien pu sortir sous un autre nom sans que cela ne soit aucunement gênant. Si le film ne tient pas la comparaison avec l’original, en tant qu’entité propre ce n’est pas bon non plus… |
Titre : Street Trash
Année : 2024
Durée : 1h25
Origine : Afrique du Sud
Genre : Street fatch
Réalisateur : Ryan Kruger
Scénario : Ryan Kruger et James C. Williamson
Acteurs : Sean Cameron Michael, Donna Cormack-Thomson, Joe Vaz, Lloyd Martinez Newkirk, Gary Green, Warrick Grier, Andrew Roux, Colin Moss, Carel Nel Suraya, Rose Santos, Jonathan Pienaar