Un vendeur trouve dans sa cave une vieille caisse contenant un alcool, le Viper, qu’il met en vente à un dollar dans sa boutique pour les clochards du coin, sans savoir que l’alcool est plutôt « fort ». L’alcool fait en effet fondre ses consommateurs. Mais dans le quartier, Bronson, vétéran du Vietnam, fait régner sa loi !
Avis de Rick :
Street Trash, avec son concept débile, est rapidement devenu culte ! Simple, des clochards qui fondent en buvant un alcool sacrément fort. De quoi passer un moment fun et pas prise de tête. Malheureusement, certains films deviennent cultes juste pour une scène, ou tout simplement un concept. Frères de Sang de Frank Henenlotter m’avait pas exemple extrêmement déçu. Street Trash, c’est de la même vaine. Et limite, ça m’emmerde, car Jim Muro, qui n’aura au final été que caméraman sur de nombreux films avant de revenir à la mise en scène en 2013 avec des séries TV, fait un boulot franchement honorable. Dès les premiers instants d’ailleurs, l’ambiance est posée, les rues de New York sont crades, les personnages sont pour la plupart des enfoirés tous autant qu’ils sont, les meurtres sont gratuits, les femmes violées. Muro livre de beaux plans, parvient à cacher par instant son manque de budget, son métrage baigne dans une ambiance crade typique des années 80. Alors qu’est ce qui cloche ? Pas mal de choses malheureusement ! Pourtant tout commence bien, puisqu’après la scène d’ouverture, on entre dans le vif du sujet. Street Trash ne perd pas de temps, l’alcool Viper est en vente dans une petite épicerie, et va faire des carnages. Les premiers instants ne mentent pas sur le marchandise, et on comprend tout de suite que la pochette, qu’elle soit française ou américaine, ne mentait pas. Nous avons bien des clochards qui fondent dans des giclées multicolores totalement crades. Parfois, ils ne fondent pas et explosent littéralement.
Exactement ce que l’on était venu chercher sur un tel film en fait non ? Seulement passé les quinze premières minutes, tout ça, ça passe en arrière plan, et le métrage va plutôt se focaliser d’un côté, sur la loi de la rue, avec des gangs de clochards, certains qui volent dans des supermarchés, d’autres qui poignardent des gens avec des… fémurs taillés au couteau ! La fameuse boisson Viper et l’élément vendeur du film se retrouvent carrément oubliés, pour ne revenir que dans les 20 dernières minutes du métrage. Le scénario ne raconte alors plus rien, si ce n’est nous montrer le quotidien peu recommandable de ses personnages. Car tout le monde en prend pour son grade, tout le monde est salaud. Une femme ramenée chez un clochard sera abusée par tous les « habitants » du coin, le gros bossant dans la casse de voiture veut se taper son employée, mais comme il n’y arrive pas et trouvera le cadavre de la dame, il va assouvir ses pulsions dessus. Et puis il y a Bronson, vétéran du Vietnam totalement fou qui tue des passants pour le fun, tabasse les siens, et coupe des bites au couteau. Et il y a aussi des flics, qui tabassent des témoins et leur pissent dessus. La routine. Tout cela pour arriver où ? Malheureusement, nul part jusqu’à ce que la boisson tueuse repointe le bout de son nez dans les derniers instants.
Alors certes, des bonnes idées, il y en a pas mal, le film se veut offensif et parvient à dégager une ambiance crade, tout en étant tellement over the top qu’on a souvent l’impression que ça ne se prend absolument pas au sérieux, la scène du pénis coupé le prouve d’ailleurs. Mais je l’admets, je me suis ennuyé plus qu’autre chose. Il manque quelque chose. Soit le métrage aurait du se concentrer sur la boisson Viper et la garder en fil directeur du film, soit il ne fallait pas l’inclure et livrer un film sombre sur le quotidien de ces sans abris. Là, le métrage veut jouer sur les deux tableaux, et à mon goût, se plante. Les meilleurs moments sont clairement en début et en fin de métrage, les seuls moments d’ailleurs qui ne reculent pas devant les effets spéciaux à la fois crades et ultra colorés, puisque les personnages fondent avec giclées vertes, jaunes ou roses, au choix. Et si au final, ça se termine encore sur le fameux Bronson (et un superbe effet spécial), cela va beaucoup plus dans la direction que le métrage aurait du prendre sur toute la ligne. Car tel quel, Street Trash ressemble à un concentré d’idées sans aucun fil directeur. Et donc, rapidement décevant.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Quelques beaux mouvements de caméra ♥ Le début et la fin, rigolo |
⊗ Pendant une heure, le film oublie son intrigue |
Ça promettait un délire fun et sanglant, mais en cours de route, le film s’est un peu perdu. De bonnes choses, mais éparpillées un peu partout et au milieu de choses beaucoup moins bonnes, dommage. |
Contre avis de John Roch :
Avant d’être le film que l’on connaît, Street Trash est un court métrage de fin d’étude de 15 minutes signé Jim Muro et Mike Lackey, dans lequel un revendeur trouve dans son sous sol une caisse contenant des bouteilles d’alcool qu’il vend aux clodos du coin. La base est là, à savoir des clochards qui fondent après avoir bu une gorgée d’un breuvage (qui s’appelle alors Thunderbird) qui décape furieusement le bidon. Tourné dans les bas fonds de New York, le court impressionne Roy Frumkes (connu pour avoir signé le making of de Zombie, Document Of The Dead et plus tard scénariste de The Substitute), professeur de Jim Muro et Mike Lackey qui propose de scénariser et financer non sans mal une version longue de leur film. Avec le temps, Street Trash a acquis le statut de métrage culte représentatif du gore rigolard des 80’s avec ses effets spéciaux haut en couleur, ses scènes au mauvais goût prononcé, ses dialogues savoureux qui explosent l’emploi du mot fuck (ou l’emploi du terme PD dans une VF hallucinante comme on en fait plus) mais aussi son ambiance crade et puante du New-York pré Rudy Giuliani.
Car Street trash est loin du cinéma représentatif des années 80 qui montre une Amérique triomphante, optimiste et faisant la part belle à la grandeur du pays et au fameux rêve Américain, celle de Ronald Reagan qui aura donner un coup de boost à l’économie d’un pays plus surpuissant que jamais, mais non sans avoir abandonné une partie de sa population, des laissés-pour-compte victimes de réformes qui ne serviront pas les plus pauvres. À la manière par exemple d’ un Franck Hennelotter avec Frère De Sang, Abel Ferrara avec Driller Killer ou Jim Van Bebber avec Deadbeat By Dawn, Street Trash met en scène des marginaux tout comme dans le court métrage dont il est tiré, reprenant ainsi son essence même tout en le poussant dans ses retranchements pour arriver à la durée de 1h31. Street Trash est un titre à double sens, renvoyant non seulement au mauvais goût du film, mais aussi aux «déchets» de la société américaine. Les personnages à la rue de Street Trash ont tous leur petite histoire, certains ont tout simplement tout perdu, d’autres ont été abandonné dans leur jeunesse ou sont des vétérans du Vietnam au trauma encore prononcé. Les autres en apparence plus nantis ne sont pas plus glorieux, entre un patron d‘ une casse auto miteuse, ou vivent les clodos, obsédé à l’idée de se taper sa secrétaire, un flic dur à cuire et violent ou encore un portier à la grande gueule qui bosse pour un membre de la mafia. Car dans Street Trash, Tous les personnages sont à la fois d’une manière ou d’une autre détestables et victimes de leurs conditions, chacun contribuant à l’ambiance crade qui se dégage du métrage, en plus d’un tournage dans les rues délabrées de Brooklyn. Reste Kevin, un ado qui vie avec son frère dans la casse auto témoin impuissant de la déchéance environnante, à l’image du spectateur assistant à une suite de scènes qui donnent l’autre sens au titre du film. Street Trash parle des rebuts sans jamais fustiger la société Américaine et n’est que prétexte au mauvais goût. Ici, tout le monde est crade, un viol collectif est suivi d’un autre nécrophilique, on gerbe sur un gars qui vient de se faire passer à tabac, on pisse sur les cadavres et on coupe un zboub pour ensuite faire une partie de football américain avec.
Il se passe beaucoup de choses dans Street Trash, non sans humour, mais il faut reconnaître que le film se perd dans un scénario un rien chaotique qui multiplie les sous intrigues mi-intéressantes mi-chiantes qui occasionnent pas mal de baisses de rythme, en plus de relayer au second plan la Viper, le fameux alcool qui liquéfie qui en boit. Bien que les moments l’impliquant (qui bien que remaniés sont tous repris du court métrage) soient au final plus rares qu’attendu, ça reste malgré tout l’ argument principal du film et sur ce point ce n’est pas décevant. Orchestrés par Jennifer Aspinall, petite princesse de la génération d’artistes des effets spéciaux ayant émergé dans les années 80, les SFX aussi dégueulasses que colorés de Street Trash font partie des plus dingues issus de cette décennie et supportent même très bien le poids du temps, tout autant que la mise en scène. Avec ce premier essai, Jim Muro démontre sa capacité à manier une caméra avec une réalisation mobile et fluide et des plans à la photographie soignée (les flashback et scènes nocturnes dans la casse ont de la gueule). Pas étonnant qu’ il se soit fait repéré et que sa carrière ait explosé en tant qu’ opérateur de Steadicam pour James Cameron, Kathryn Bigelow, Oliver Stone, Martin Scorsese, Brian Singer (qui a fait ses débuts au cinéma avec ce film) ou encore Michael Mann. Si sa réputation dans le métier n’est plus à faire, il est dommage que Jim Muro n’ait plus rien réalisé si ce n’est bien plus tard des épisodes de séries TV. Les rumeurs à ce sujet persistent, on parle de fonds trouvés auprès de la mafia, ou du réalisateur qui aurait trouver la lumière après avoir trouver la foi, le forçant ainsi à renier son film. Ou peut-être est-ce parce que la réalisation ne l’intéressait pas plus que ça et que de manier la steadicam était sa véritable vocation, et qu’il est récurant dans le système Hollywoodien de renier ce que le responsable de ce film lui même qualifie d’erreur de jeunesse? Dans tout les cas, en un seul et unique long métrage, Jim Muro signe avec Street Trash un métrage tout ce qu’il y a de recommandable et trash à souhait.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La mise en scène ♥ C’est trash ♥ Des SFX excellents ♥ L’ambiance crade ♥ Des personnages tous aussi frappés les uns que les autres |
⊗ Un maque d‘ équilibre dans les sous intrigues ⊗ Des baisses de rythme |
Avec ses effets spéciaux haut en couleur, ses scènes au mauvais goût prononcé, ses dialogues savoureux et son ambiance crade et puante du New-York pré Rudy Giuliani, Street Trash n’est pas sans défauts mais justifie son statut d’œuvre trash au gore rigolard des 80’s. |
Année : 1987
Durée : 1h31
Origine : U.S.A.
Genre : Meeeeh
Réalisation : Jim Muro
Scénario : Roy Frumkes
Avec : Mike Lackey, Bill Chepil, Vic Noto, Mark Sferrazza, Jane Arakawa et Nicole Potter
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