[Film] Stray Dogs, de Mamoru Oshii (1991)


Inui, un ancien membre des Kerberos condamné à 3 ans de prisons après la révolte ratée de son groupe, part à la recherche de son supérieur Koichi qu’il avait vu abandonner le champ de bataille juste avant la défaite. Se retrouvant à Taiwan, il arpente l’île avec l’aide de l’ancienne fiancée de Koichi et l’assistance d’un mystérieux homme en blanc. Mais sa quête va aussi le pousser à s’interroger davantage sur sa propre nature…


Avis de Palplathune :
Deuxième film live de Oshii, Stray Dog est aussi la préquelle de son premier film hors animation : Red Spectacles. Oshii retrouve donc l’univers des Kerberos et plus particulièrement le personnage de Koichi qui fait le lien entre les deux œuvres. Pour autant Oshii est loin de copier le style de Red Spectacles, au contraire même, il prend le contre-pied systématique de son premier film live. Red Spectacles est sombre, Stray Dog est lumineux. Red Spectacles a une narration complexe, embrouillée, Stray Dog a une ligne directrice simple et directe. A croire qu’insatisfait du résultat de son premier métrage, il a essayé de prendre une voie totalement différente. On ne peut que lui donner raison car ce deuxième long métrage s’avère beaucoup plus satisfaisant que sa première expérience.

Le choix du lieu de l’action semble avoir aidé Oshii dans cette nouvelle direction. Tourné en grande partie à Taiwan, le réalisateur Japonais profite de l’occasion pour placer nombre de ses séquences méditatives (se basant grandement sur le décor ou les paysages) qui fondent son style. Il signe d’ailleurs une de ses plus belles séquences live quand, soutenu par l’excellente partition de Kawai, il mélange au cours d’un long travelling décors naturels Taiwanais à l’environnement, empli de désespoir, des Kerberos. Tout simplement superbe. L’usage de paysages naturels donne d’ailleurs parfois un coté Kitanesque inattendue. Cette « inspiration » (pour peu que ce soit une démarche consciente d’Oshii) n’est pas seulement visuelle mais aussi partiellement thématique. Une bonne partie de Stray Dog nous présente des personnages hors de leur environnement habituel, à la fois dans une recherche de leur personnalité et dans un esprit « en vacance ». Oshii rencontre Sonatine ? C’est un peu l’impression qui se dégage de ce deuxième long métrage live. Et aussi incongru que puisse paraître le mélange, il prend plutôt bien !

Les idées que met en scène Oshii lui demeurent éminemment personnelles. Il explore ici davantage sa thématique canine, et plus particulièrement la relation maître/chien, incarné par les rapports Koichi/Inui. Inui est à l’image du chien, cherchant son maître, ayant besoin de lui pour orienter sa vie. Son parcours Taiwanais va cependant le pousser à s’interroger sur son identité, le sens qu’il avait donné à sa vie jusque-là… Une idée que Oshii développera encore plus en profondeur avec Jin Roh. Car si le thème de Stray Dog est intéressant, il manque d’un traitement plus abouti. Oshii choisit de l’exprimer de manière subtile, il n’y a guère que quelques dialogues qui illustrent le conflit que connaît Inui, le reste est exprimé de manière plus fine (une réaction, un regard, une ambiance qu’expriment un plan et la musique…). Intéressant à bien des égards mais pas suffisant pour plonger en profondeur dans le trouble que connaît le personnage. Il en est de même pour Koichi dont on aurait pu attendre davantage d’éclaircissements sur ses actions ou ce qui le poussera à rentrer au Japon (le début de Red Spectacles). Vraiment dommage car un peu plus de travail dans cette direction aurait pu amener Stray Dog au niveau d’un Patlabor 2 ou Jin Roh. Plus en retrait on trouve aussi une histoire d’amour, traité encore une fois par Oshii sous l’angle de sa thématique animale et venant compléter sa vision de la relation maître/chien. Car le personnage de Tang Mie est la véritable maîtresse de ces deux chiens errants (cf le générique). Koichi l’avoue lui-même, quand à Inui elle « l’apprivoise » rapidement (la séquence avec le manège en fond) pour en faire à son tour son fidèle compagnon. D’autres séquences (le moment où elle punit les deux Japonais de leur comportement à table) viennent illustrer au cours du métrage la relation qui unit les trois personnages. Dommage toutefois que les acteurs ne fassent pas preuve de davantage de nuances dans leurs émotions, passant d’un extrême à l’autre trop rapidement. Une meilleure prestation de leur part (ou une meilleure direction d’acteur de Oshii) aurait certainement pu camoufler en partie les quelques défauts du scénario.

LES PLUS LES MOINS
♥ La bande son
♥ Visuellement réussi
♥ Très bonne introduction
⊗ Parfois pas assez abouti

A noter aussi que Stray Dog est le film qui s’avère le plus généreux en ce qui concerne la superbe armure des Kerberos. Bien que, comme les deux autres films mettant en scène l’univers, elle reste un accessoire utilisé avec parcimonie et pour servir l’histoire (comme les labors dans Patlabor) ; Oshii la met en valeur avec un talent rare dans Stray Dog. L’introduction tout particulièrement où l’on pénètre dans cet univers de chiens brisés nous plonge tout de suite dans l’ambiance mais aussi lors de la conclusion violente où Oshii multiplie les plans mettant en valeur l’armure et surtout l’esprit quasi animale qui l’habite. Du très bon boulot de la part du réalisateur qui a bien amélioré sa maîtrise (technique mais aussi scénaristique) du cinéma live entre ce deuxième long métrage et son premier.



Titre : Stray Dogs / Stray Dogs: Kerberos Panzer Cops / ケルベロス 地獄の番犬
Année : 1991
Durée : 1h39
Origine : Japon
Genre : Film de Oshii Kitanesqu
Réalisateur : Mamoru Oshii
Scénario : Mamoru Oshii

Acteurs : Yoshikatsu Fujiki, Shigeru Matsuyama, Eaching Sue

 Jigoku no banken: kerubersu (1991) on IMDb


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Auteur : palplathune

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