En 1983, deux astronautes Russe sont en orbite pour une mission de recherche. Mais lors du retour, quelque chose se passe d’étrange, et ils reviennent sur terre. Konstantin, un des deux hommes, survit, mais n’est pas revenu seul. Isolé par le gouvernement dans une base militaire, il est examiné par le docteur Tatyana Klimova.
Avis de Rick :
La Russie, pour se faire un peu remarquer à l’international au niveau du grand public, a clairement décidé ses dernières années de miser sur deux genres, à savoir l’horreur et la science fiction. La science fiction, j’en avais déjà parlé avec Attraction ou Salyut-7. Mais ce ne sont pas les seuls films, The Spacewalker aura également eu droit par exemple à une sortie chez nous, et il y a également le film Coma dont je vous parlerais prochainement. Ce qui est sûr, c’est qu’avec des budgets moindres, la Russie parvient à en mettre plein la vue. Les effets spéciaux sont convaincants, les films réalisés avec sérieux, et ça se suit avec plaisir. Et si le cinéma de Science Fiction en provenance de la Russie prend plutôt la route du cinéma grand public ce qui n’est pas forcément péjoratif bien entendu, Sputnik qui nous intéresse aujourd’hui prend la voie de la science fiction horrifique. Forcément, on pense donc à Alien. Tourné durant l’hiver 2018/2019 pour un budget d’environ 2,6 millions de dollars, Sputnik est en réalité quasi un huis clos dans une base militaire, se déroulant en 1983, alors que l’URSS et donc la guerre froide sont toujours là. Après une année de post production, le film devait passer en Avril 2020 en festival, mais le destin en aura voulu autrement, comme pour beaucoup en 2020. C’est donc finalement par la case VOD en Russie et dans d’autres pays que Sputnik débarque. Ce fut d’ailleurs un gros succès en Russie, avec plus d’un million de vue sur les plateformes proposant le métrage. Les critiques pour sa sortie en Amérique en Août 2020 étaient d’ailleurs le plus souvent positives. Car si l’on peut ressentir dans les grandes lignes l’influence d’Alien, Sputnik s’en éloigne pourtant rapidement pour traiter le sujet autrement. Lors d’une mission en orbite, quelque chose d’inattendu se passe, forçant les deux cosmonautes à revenir sur Terre. Seul l’un d’entre eux survit, mais comme il n’est pas revenu seul, il est isolé dans une base militaire par le gouvernement, qui va alors chercher un docteur aux méthodes efficaces et peu orthodoxes pour étudier le phénomène.
Si monstre belliqueux et violent il y a dans Sputnik, le métrage s’éloigne pourtant d’Alien, puisque le monstre ici est un parasite, ou plus précisément un symbiote, vivant caché dans son hôte la plupart du temps, et ne sortant à la nuit tombée qu’un temps limité, pendant que l’hôte dort. Celui-ci d’ailleurs n’a au départ même pas conscience de ce qu’il se passe, de ce qu’il cache en lui, et ne comprend donc pas forcément la situation, le pourquoi de son isolement aussi long. L’armée, voulant mettre toutes les chances de son côté, comprendre le phénomène, la bête, et si possible, pouvoir en tirer des avantages militaires (guerre froide oblige), va chercher le docteur Tatyana Klimova, connue pour ses méthodes parfois radicales mais qui donnent des résultats. Un pitch en soit plutôt classique, mais plutôt bien mené, et clairement découpé en deux parties. La première, durant bien une heure, se base essentiellement sur l’ambiance, l’étude des sujets, le côté scientifique de la chose. Forcément du coup, ça a un rythme relativement lent au départ, pour placer les personnages, les enjeux. La créature oui sera montrée, mais jamais le film n’en abusera. Après tout, la créature n’apparaît que la nuit, dans le noir, et au départ, on ne la distinguera que par des caméras nocturnes, avant de voir un peu plus la bête, mais sans abus. Cette retenue est plutôt salvatrice, et la première heure fonctionne bien, même si on se dit parfois que le film tente d’en faire un peu trop, comme pour mettre absolument un message social et politique au sein du métrage. Je n’ai rien contre ça, dans le cinéma en général, et encore moins dans le cinéma de genre, ni même dans le cinéma Russe, après tout Solaris était énorme comme métrage. Mais là, par moment, cela semble un peu forcé. Comme si le film resserrait volontairement son intrigue dans un lieu unique et avec peu de personnages pour faire monter la sauce, mais tout à coup, nous voilà à des dizaines voir centaines de kilomètres de là dans un orphelinat, à suivre l’enfant de notre brave cosmonaute, ce qui n’ajoutera finalement pas forcément grand-chose à l’intrigue de manière générale.
C’est dommage, car en plus de casser le rythme, cela casse en quelque sorte la tension qui aurait pu s’installer dans le métrage. Tension qui finalement sera plutôt absente, la première partie était essentiellement scientifique (mais intéressante hein), et la seconde beaucoup plus musclée, et donc dénuée de tension. Sputnik opère en effet un virage dans sa seconde partie, et se lâche quelque peu, dans ses rebondissements, dans son rythme, mais également en effets spéciaux. La créature est un poil plus présente, plus mobile également, et n’hésitera pas à déchiqueter du soldat à tour de bras. Les effets spéciaux sont donc forcément beaucoup plus nombreux, et toujours soignés (encore une fois, l’année de post production a certainement aidée). Ce qui rend la créature plutôt crédible, en plus d’avoir un design plutôt intéressant, bien que l’on pourra discerner quelques influences. Ça reste en tout cas relativement prévisible sur toute la ligne, mais Sputnik essaye d’être un film de monstre jouant le plus souvent sur la retenue (voir la manière dont sont filmées les premières effusions de sang), mais surtout un film de monstre sérieux et crédible. Tout à son honneur. Malgré encore une fois un final qui nous sort de ce huis clos, et vient apporter quelques explications sur les personnages, mais finalement, on aurait très bien pu s’en passer, tant cette scène renvoie finalement aux scènes de l’orphelinat que l’on voyait précédemment, et qui ne jouent pas forcément en faveur du métrage. Rien de désastreux ou de trop dommageable, Sputnik étant suffisamment solide pour tenir en haleine sur la durée, et si la tension est absente, le tout se suit clairement avec plaisir et intérêt.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un scénario classique mais intéressant ♥ Une première heure prenante ♥ La créature, bien fichue |
⊗ Finalement, pas de tension ⊗ Les passages à l’orphelinat |
Si on pensait voir une copie d’Alien, Sputnik ne joue finalement pas sur la tension, et si créature il y a, elle est en réalité bien différente, étant un symbiote. Intéressant et prenant, malgré quelques éléments de trop. |
Année : 2020
Durée : 1h53
Origine : Russie
Genre : Science Fiction
Réalisation : Egor Abramenko
Scénario : Oleg Malovichko et Andrei Zolotarev
Avec : Oksana Akinshina, Fedor Bondarchuk, Pyotr Fyodorov, Anton Vasilev et Aleksey Demidov
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