Une bande de jeunes ayant perdu leur chemin, décide de passer la soirée dans une grande maison située au milieu d’un cimetière. Une fois à l’intérieur ils tombent sur un étrange jeu qui répond à leurs questions, le cauchemar va vite commencer.
Avis de John Roch :
La création de Spookies est un bordel, dont les versions diffèrent avec le temps. La seule chose qui est sûre, c’est qu’au commencement, le film se nomme Twisted Souls, qu’il est tourné en 1983 sous la direction de Thomas Doran et Brendan Faulkner. C’est ensuite que ça se complique. Le film n’aurait jamais été achevé par manque d’argent et est inexploitable en l’état, il aurait été repris l’année suivante par Eugénie Joseph qui tourne des scènes additionnelles, la magie du montage s’occupant de donner un métrage d’une durée réglementaire pour une exploitation en salles. Une autre version des faits explique que Spookies est la combinaison de deux films jamais terminés. Pourtant, tout ceci serait faux. En vérité, des conflits créatifs et des problèmes juridiques ont éclaté au sein de la production. Entre en jeu Eugenie Joseph, chargée de couper des scènes et d’en retourner de nouvelles sur le même lieu de tournage mais avec des acteurs différents pour que Twisted Soul puisse sortir, sous le nom de Spookies. Reste que peu importe la vérité sur la naissance du film, il faut bien juger le résultat à l’écran, et c’est aussi un sacré bordel.
Pour résumer Spookies, il faut scinder le film en deux. La partie Twisted Soul d’abord, qui voit une bande de jeunes (dont un vieux) atterrir dans une maison perdue au milieu de nulle part, où ils vont trouver une planche de ouija, qui va posséder l’une de la bande, qui va faire sortir les monstres prisonniers de la planche. De l’autre, les séquences additionnelles, qui tentent d’expliquer le pourquoi, en fait un sorcier qui a besoin de faire le plein d’âmes pour ressusciter sa bien aimée, et qui envoie son sbire, un genre d’homme-chat fringué comme au 17ème siècle avec un crochet à la place d’ une main, vérifier que tout ce passe comme prévu. Bien plus que le sorcier, qui commente depuis son fauteuil les événements, c’est cet homme-chat qui sert de liant, bien qu’il n’ait aucune interaction physique avec le reste du groupe coincé dans la maison. Ses apparitions sont soit des champs / contre champs ou, plus marrant, à maintenir des portes fermées alors qu’il est évident que dans « l’autre film », ce sont les forces maléfiques qui s’en chargent.
La partie tournée en 1983 est de loin la plus intéressante, une sorte de rip off de Evil Dead, aux acteurs mauvais comme jamais, qui campent des personnages à la psychologie inexistante, et aux changements d’humeur incompréhensibles, logique puisqu’il ne reste que peu de scènes les impliquant. Mais là ou cette partie du film gagne en intérêt, c’est dans les scènes où les monstres surgissent. Faits de latex, caoutchouc et autre matières propres au 80’s, Spookies fait appel à toute une nouvelle génération de maquilleurs parmi lesquelles on retrouve Jenifer Aspinal (Street Trash, Slime City, The Toxic Avenger), John Dods (The Deadly Spawn) ou encore Ken Walker (Robot Holocaust, Frankenhooker), qui donnent vie à une galerie de monstres qui comporte une femme-araignée, des morts vivants qui font coucou le temps de trois plans, une statue de la grande faucheuse qui prend vie, les muck men, sorte d’hommes-glaise qui lâchent des pets à chaque mouvement et d’autres créations très sympathique. Bien qu’ils aient pris un coup de vieux, les effets de la partie de 1983 ont toujours un certain charme, ce qui n’est pas le cas de ce qui a été tourné par la suite.
Ultra cheap, bien plus que les rushs de l’année précédente, ces scènes se marient mal avec le reste du métrage. Aux interactions inexistantes de l’homme-chat cités plus haut, c’est au niveau de l’écriture que ça coince également. Le sorcier ne peux ressusciter sa femme que si le casting y passe, mais cette dernière se réveille en milieu de métrage. S’en suit des dialogues à dormir debout, tournant toujours autour du même sujet, au cas où vous auriez manqué les motivations du méchant pas d’inquiétude, il le réexplique une bonne dizaine de fois. Quant aux autres personnages créés pour l’occasion, ils sont forcément inutiles à l’intrigue principale, mais sont également mis en scène dans des passages trop longs qui gonflent artificiellement la durée du film, notamment celle qui ouvre le film qui voit un gamin en fugue faire face à l’homme-chat, sans incidence sur le reste du métrage, ou le final complètement ridicule où des morts vivants maquillés à la truelle tentent de croquer la bien aimée du sorcier fraîchement échappée de ses griffes, qui ressemble plus à une tentative de viol collectif un soir de l’an à Cologne plutôt qu’à un moment échappé des films de Romero. Bien qu’il ait acquis un statut de film culte, dans son ensemble, Spookies est au final un métrage qui ne fonctionne pas. Incohérent, mal monté, mal joué, effets spéciaux passables ou ratés selon la partie du film qui est montrée. Pourtant, les scènes d’origine laissaient entrevoir du potentiel malgré son coté Evil Dead sans talent et l’envie de voir Twisted Souls tel qui devait être se fait sentir.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Certains SFX au charme intact … ♥ La galerie de monstres |
⊗ … mais d’autres sont terriblement cheap ⊗ Un film qui défie toute logique ⊗ Un montage « 2 en 1 » foiré ⊗ Ça joue mal |
Bien qu’il ait acquis un petit statut de film culte au fil des années et que les amateurs d’effets spéciaux des années 80 trouveront une curiosité à voir, Spookies est un sacré foutoir qui défie les lois de la logique, qui peine à montrer une once de cohérence entre les deux parties de son tournage. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• C’est le producteur exécutif Michael Lee qui a eu l’idée des bruitages de pet pour les muck men
• L’artiste underground Richard Corben a créé l’affiche pour la sortie vidéo de Spookies.
SPOOKIES est sorti chez Pulse Video en Blu-ray au prix de 20€ (Blu-ray simple) ou 25€ (avec fourreau cartonné). Il est disponible à l’achat ici : PulseStore.Net En plus du film, on y trouve : Jaquette réversible, Documentaire de 90 minutes sur la réalisation du film, Présentation du film par le co-réalisateur Thomas Doran et le coscénariste et producteur Franck M. Farel, Rencontre avec les acteurs Peter Iasillo et Anthony Valbiro l’assistant de production Tom Sciacca, Featurette d’époque, scènes coupées, bêtisier et bande-annonce, Programme de bande-annonces VHS concocté par Otto Rivers. |
Titre : Spookies
Année : 1986
Durée : 1h25
Origine : U.S.A
Genre : #releasethetwistedsoulscut
Réalisateur : Eugenie Joseph, Thomas Doran et Brendan Faulkner
Scénario : Thomas Doran, Brendan Faulkner, Ann Burgund
Acteurs : Felix Ward, Maria Pechukas, Dan Scott, Alec Nemser, A.J. Lowenthal, Pat Wesley Bryan, Peter Drain, Nick Gionta, Lisa Friede