Orphelin, Peter Parker est élevé par sa tante May et son oncle Ben dans le quartier Queens de New York. Tout en poursuivant ses études à l’université, il trouve un emploi de photographe au journal Daily Bugle. Il partage son appartement avec Harry Osborn, son meilleur ami, et rêve de séduire la belle Mary Jane. Cependant, après avoir été mordu par une araignée génétiquement modifiée, Peter voit son agilité et sa force s’accroître et se découvre des pouvoirs surnaturels. Devenu Spider-Man, il décide d’utiliser ses nouvelles capacités au service du bien. Au même moment, le père de Harry, le richissime industriel Norman Osborn, est victime d’un accident chimique qui a démesurément augmenté ses facultés intellectuelles et sa force, mais l’a rendu fou. Il est devenu le Bouffon Vert, une créature démoniaque qui menace la ville. Entre lui et Spider-Man, une lutte sans merci s’engage.
Avis de John Roch :
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, les films de super héros en ce temps là étaient rares. Il y a vingt ans justement sortait le film qui allait tout changer. Non pas que Spider-man soit le premier film adapté d’un comic book Marvel réussi, il y a eu Blade cinq ans auparavant qui a prit la température et a assez ramené dans les caisses pour que les comic-book movies soient pris au sérieux, puis X-Men l’année précédente qui venait confirmer la tendance. C’est cependant Spider-man qui a lancé la machine avec un succès colossal qui tenait du jamais vu : 825 millions de dollars de recette mondiale, premier film aux États-Unis à avoir dépassé les 100 millions de dollars lors de son premier week-end d’exploitation, en France le film a dépassé les 6 millions d’entrées et est resté le film de super héro le plus rentable jusqu’à ce que Avengers Endgame ne vienne le détrôner… Si aujourd’hui un tel succès est normal pour un film du MCU (le public en majorité matrixé par l’univers y étant pour beaucoup), adapter un comic-book était un pari risqué car coûteux, et faire une adaptation qui ne fasse pas hurler les fans tout en ne laissant pas les étrangers au matériaux de base sur le carreau et donc de ne pas séduire une grosse partie des spectateurs potentiels tout en signant un bon film n’est pas forcement chose aisée.
Question arlésienne, le projet de l’adaptation cinématographique de Spider-man est un cas d’école. Tout d’abord annoncé en grande pompe chez la Cannon avec Tobe Hooper, puis Joseph Zito (ça aurait pu être rigolo) à la réalisation, la boite à Golan et Globus est contraite de vendre les droits pour les raisons que l’on connaît. Après avoir transité par Viacom, Lesdits droits arrivent chez Carolco avec une annonce pour le moins excitante puisque c’est James Cameron qui est en charge du projet. Seulement Carolco fait faillite et le deal qui stipulait que la société devait produire un film avant 1996 (année où Carolco a justement, ironie du sort, mis la clé sous la porte) arrive à échéance, les droits cinématographiques de Spider-man se perdent dans un nœud juridique impliquant les sociétés de production susmentionnées et Marvel alors en banqueroute. Plusieurs années de procès plus tard, c’est Sony qui acquiert les droits et peut enfin lancer le chantier qui est proposé à Cameron dont le script est repris (l’araignée génétiquement modifiée et les toiles qui sortent directement des poignées de Peter Parker sont des idées de lui) qui refuse car Spider-man ne l’intéresse plus. Après plusieurs noms évoqués, c’est finalement Sam Raimi qui est retenu pour donner vie à Peter Parker et son alter ego arachnide, on ne pouvait pas rêver mieux comme réalisateur à la barre, tant son style de mise en scène est taillé pour donner vie à des planches de comic-book, comme il l’avait prouvé, entre autre, avec Darkman 10 ans plus tôt qui pourtant était un film qui n’était pas adapté d’une bande dessinée.
Loin du cahier des charges MCU à respecter et d’une mécanique qui impose d’avoir vu les films (et maintenant séries) précédents avant de voir celui du moment, qu’il s’agisse d’un film réunion ou d’un film solo, Spider-man est une origin story comme on n’en voit plus. A la fois métaphore du passage de l’adolescence à la vie adulte, récit initiatique et film de super-héro, Sam Raimi ne se contente pas de transposer l’univers de l’homme araignée à coups de balais aériens et d’action à gogo, il n’en oublie pas ses personnages et parvient à les faire exister dans un scénario plus dense et profond qu’il n’y paraît, car la première réussite de Spider-man, c’est son écriture. Les personnages ne sont pas caractérisés à la va vite, on assiste au contraire à un véritable développement psychologique de chacun d’entre eux, qu’ils soient principaux ou secondaires. Tous vont avoir un lien avec Peter Parker et Norman Osborn mais aussi avec spider-man et le bouffon vert, car le petit tour de force de Spider-man, c’est de séparer les identités civiles et secrètes du super héro et de sa nemesis et de se concentrer sur les conséquences que l’une a sur l’autre, de ce fait la phrase « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » prend tout son sens, car les actions de spider-man ont une influence sur la vie de Peter Parker, ce qui en fait un personnage plutôt torturé notamment dans un final qui est loin d’être le happy end attendu dans ce genre de production.
Des personnages parfaitement développés ne seraient rien sans un casting à la hauteur, sur ce point c’est un quasi sans faute. Tobey Maguire est parfait dans le rôle d’un Peter Parker qui passe à l’âge adulte par le biais de la mort de son oncle Ben et du sentiment de culpabilité qu’il éprouve, Willem Dafoe est impeccable en schizophrène qui sombre dans la folie. James Franco excelle dans un rôle de prime abord anodin mais qui se révèle touchant dans la peau d’un homme rejeté par son père mais qui trouve le réconfort dans les bras de sa seconde personnalité. Quant à Kristen Dunst, il est dommage que le personnage de Mary Jane soit un brin décevant, juste présent pour se faire sauver à plusieurs reprises, et un rien énervante à tomber amoureux d’à peut près tout le monde. Mention spécial à J.K. Simmons, qui était né pour jouer un J.J. Jameson aussi drôle que colérique. Spider-man est un film bien écrit, mais c’est aussi un film réalisé par un Sam Raimi en pleine forme. On retrouve le style si particulier du metteur en scène qui dynamise les scènes d’action couplées à des scènes qui tenaient alors du jamais vu et qui reste toujours aussi saisissantes. On ne peut être que soufflé devant les balais aérien de l’homme araignée et de cette caméra qui suit ce dernier dans les airs avant de plonger au ras du sol des rues de New york, malgré des CGI qui ont pris un coup de vieux sans pour autant être dérangeants. Il est clair que cette première adaptation de Spider-man peut paraître datée pour qui le découvre aujourd’hui, il tient cependant tête à la production actuelle de par son réalisateur qui n’avait pas les mains liées par un cahier des charges imposé et un scénario qui possède une âme que l’on retrouve que très rarement de nos jours.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un scénario plus dense qu’il n’y paraît ♥ Le développement des personnages ♥ Une mise en scène impeccable ♥ Le casting ♥ Une transposition de comic-book réussie et crédible |
⊗ Le personnage de Mary Jane ⊗ Les CGI qui ont pris un coup de vieux |
Spectaculaire sans oublier en cours de route de développer son scénario et ses personnages, Spider-man n’a rien à envier à la production actuelle et est l’exemple parfait de ce qu’un comic-book movie devrait être. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Willem Dafoe a réalisé presque toute ses cascades.
• La scène où Peter Parker rattrape Mary Jane et son plateau repas a été réalisée sans trucages, il aura fallu 156 prises.
• En avril 2022, la chaine Américaine ITV2 a censuré une vanne jugée homophobe.
Titre : Spider-man
Année : 2002
Durée : 2h01
Origine : U.S.A
Genre : L’araignée sympa du quartier
Réalisateur : Sam Raimi
Scénario : David Koepp
Acteurs : Tobey Maguire, Willem Dafoe, Kirsten Dunst, James Franco, Cliff Robertson, J.K. Simons, Rosemary Harris, Bruce Campbell