Un groupe de collégiens reste durant l’été à l’hôtel Sorasoi au bord de la plage, pratiquant leur danse pour se préparer pour une compétition à venir.
Avis de Rick :
Sorasoi, c’est le genre de films que l’on pensait ne pouvoir jamais voir. Car après son passage dans quelques festivals en 2008 et 2009, c’est le vide, rien. Pas de sortie physique pas même au Japon, pas de sortie digitale pas même au Japon. Tout simplement introuvable à moins de l’avoir vu à l’époque en festival. Un vrai film « perdu » dans le fond. Jusqu’à ce que de vaillants distributeurs Européens ne viennent ajouter le métrage à leurs coffrets sur la carrière de Ishii Katsuhito. Est-ce que cette attente en valait la peine ? Difficile de juger, car si la préservation des œuvres est importante, et que pouvoir découvrir un film est toujours une belle chose, on en vient après 1h28 à se dire que Sorasoi a bien fait de sortir dans le coffret entouré d’autres grands films comme Shark Skin Man and Peach Hip Girl et Party 7, tant on est là dans une œuvre mineure, qui a sans doute été tournée pour une bouchée de pain, et qui du coup, affiche assez rapidement ses limites. Scénaristiquement, mais aussi visuellement. Car soyons clairs, le visuel n’est pas le point fort du métrage. Le réalisateur nous invite dans tous les cas à suivre une troupe de collégiens qui séjourne dans un hôtel el bord de mer, ainsi que de quelques autres personnages, comme une femme venant se réfugier là (faisant penser à la demande folle des personnages de Party 7, à savoir un hôtel isolé et non listé par les sites et autres agences). D’entrée de jeu, le film annonce la couleur, avec le coach écrivant une lettre, plaçant le contexte (ses étudiants ont terminé dernier l’année dernière au concours de danse, il espère que cette année, ils ne seront pas derniers, quémandant un bonus si tel est le cas). Le ton sera donc léger. Mais ce qui frappe d’entrée de jeu et ne quittera jamais le métrage, c’est son look visuel.
Car Sorasoi est pauvre visuellement. Très brut surtout. On pourrait presque penser qu’il n’y a eu aucun travail de colorimétrie en post-production tant le rendu est brut et semble juste venir d’une caméra numérique comme l’on pourrait tous en avoir une et filmer simplement les gens à la plage. Ou alors, c’est un choix du réalisateur, ce qui pourrait aller avec le côté très documentaire de son film, dans son approche, son montage, sa narration. Toujours est-il que c’est un élément qui va en rebuter plus d’un, et il va falloir passer outre pour profiter des 1h28 que constituent Sorasoi. 1h28 pas exceptionnelles, loin de là, mais légère et amusante, à défaut de réellement marquer, car même au niveau de son écriture, de ses effets, et du genre même qu’il aborde, Sorasoi apparaît comme un film extrêmement mineur. Surtout qu’au Japon, les films (et mangas, en très grand nombre) s’axant sur le côté tranche de vie, ils pullulent. Le côté collégiens qui s’entrainent pour un spectacle de danse donne au départ un but aux personnages, un moteur au scénario, sauf que là aussi, Ishii semble ne pas vouloir faire dans la facilité, ne pas respecter le cheminement habituel du genre qui voudrait que tout cela se terminerait par ledit spectacle, et une victoire triomphante des personnages. A ce niveau d’ailleurs, si Spectrum voudrait bien un jour sortir, dans le domaine musical, Linda Linda Linda, je leur en serais reconnaissant (je place ça là, on ne sait jamais). Ishii tourne le dos à tout ça. Pas de spectacle final, un final ramenant à l’ouverture et donnant une certaine impression de sur-place, ce qui colle cependant à l’aspect tranche de vie, mais laisse un peu sur notre faim. Et puis, il y a forcément, avec Ishii et son compère Miki Shunichiro qui vient coécrire avec lui l’humour.
Là aussi Sorasoi souffle le chaud et le froid. Ses tentatives d’humour sont souvent réussies en soit. Lorsque l’on découvre certains groupes d’étudiants, l’aspect naturel de leurs discussions fait mouche. Lorsque certains éléments un peu gros font leur apparition, le montage vient appuyer tout ça avec des bruitages qui semblent venir d’un bon gros cartoon, et ça aussi ça fonctionne, la première fois, j’aurais bien rigolé. Le souci, c’est que ça ne se renouvelle pas beaucoup et que ça mise beaucoup sur la répétition de ces quelques éléments, si bien qu’à force, on n’a plus de sourire devant notre écran, comme si l’on était déjà habitué aux précédés du film. Pour autant, bien que mineur, bien que parsemé de défauts et pas très beau visuellement, Sorasoi n’est jamais une torture. La proposition du réalisateur semble honnête, et son film, léger, se regarde d’une traite sans broncher. Car même si j’attendais plus du final, celui-ci s’avère malgré tout satisfaisant et débordant de bonne humeur. Un petit film simple en gros, mais néanmoins assez étrange lorsque l’on voit que quelques années seulement avant, le cinéma de Ishii avait une gueule bien différente. A noter que le film marque la première apparition au cinéma de Nikaido Fumi, que l’on a pour beaucoup connu quelques années après dans Himizu de Sono Sion (ça aussi, Spectrum, non ?).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un film léger ♥ Plaisant sur toute la ligne ♥ Quelques notes d’humour font mouche |
⊗ Visuellement trop brut, presque amateur ⊗ L’humour qui ne se renouvelle pas ⊗ Un film très mineur |
Sorasoi n’est pas un grand film, ni même une grande comédie ou un grand film de Ishii. C’est un petit film léger, sans grandes ambitions, bien que sympathique. |
SORASOI est sorti chez Spectrum Films dans le coffret blu-ray consacré au réalisateur Katsuhito Ishii, au prix de 80€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus du film, on y trouve : Nombreux courts-métrages, Interviews, Présentations, Conférences, Bande-annonces. Livret. |
Titre : Sorasoi – そらそい
Année : 2008
Durée : 1h28
Origine : Japon
Genre : Comédie
Réalisation : Ishii Katsuhito
Scénario : Ishii Katsuhito, Oosumi Yuuka et Miki Shunichiro
Avec : Aoyama Sota, Ichikawa Sayuri, Morioka Ryu, Nikaido Fumi, Satoh Masako, Makino Ai, Kikka, Matsuyama Juka, Yoshioka Atsushi, Fukazawa Tsubasa et Kawaguchi Kanoko
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