Kinuta Ryôsuke est un acteur raté avec de sérieuses dettes à son compte. Son usurier lui propose un poste au sein de son équipe de nettoyage. Sa mission, transporter le corps des victimes hors de la ville et de les faire disparaitre à tout jamais.
Avis de Rick :
Les adaptations de manga sont de plus en plus nombreuses, et le plus souvent il faut bien l’avouer, assez ratée. Le fan crie souvent au scandale (L’Attaque des Titans récemment), l’intrigue condensée au maximum (les films Higurashi, incompréhensibles pour le non fan), la réalisation fait souvent très téléfilm (Death Note) et le budget ne permet pas toujours de donner des effets spéciaux fabuleux. Smuggler est une énième adaptation de manga avec à sa tête le réalisateur scénariste Ishii Katsuhito, connu pour Party 7, Le Goût du Thé ou encore Funky Forest. Des films parfois peuplé de personnages un peu fous. Ça tombe bien, puisque Smuggler, c’est exactement ça. Une histoire simple où vont se croiser des tas de personnages improbables, parfois fous, parfois à la limite du ridicule. Kinuta est un raté, ancien acteur devenu looser et glandeur, passant son temps dans les salles de jeux. Endetté et devant pas mal d’argent à des petites frappes après l’utilisation d’une machine truquée, il va devoir travailler pour des gens peu recommandables. Engagé par une femme gérant de l’argent, il va faire équipe avec deux autres personnes dans la même situation que lui, et passer derrière des tueurs pour nettoyer les scènes de crimes et se débarrasser des corps.
Mais à cette intrigue mince mais pas si inintéressante que ça (quoi que déjà vue) viennent se greffer pas mal de personnages tous plus fous les uns que les autres, comme deux tueurs chinois qui semblent invincibles, un Yakuza fan de la torture (on pense à Ichi the Killer), la femme froide et distante d’un yakuza décédé (Mitsushima Hikari). Malheureusement, à force de vouloir en faire trop, Smuggler va parfois se perdre dans un festival de situations pas toujours amusantes. Pourtant le début séduit clairement. La mise en scène est plutôt agréable à l’œil, les personnages amusent, comme ce chef Yakuza qui pète un câble pour un rien, et refuse que ses hommes de main fument à côté de lui car le tabagisme passif est dangereux (mais lui il a le droit de fumer), le tout se fait rythmé et on a droit à un peu d’action en prime. Lorsque les deux tueurs à gages surgissent pour accomplir leurs contrats, le film passe au ralenti, pour accentuer la violence des coups, et permettant également une action totalement lisible. Puis malheureusement, on rentre quelque peu dans le traintrain quotidien du métrage. Personnages fous, situation comique, action au ralenti. Répétez en boucle et voilà la première heure du métrage. On en sort quelque peu lassé malgré de bonnes choses (l’apparition de Osugi Ren en flic, la torture du Yakuza qui finie en meurtre). En vérité, on aimerait plutôt voir l’intrigue avancer au lieu de voir une énième scène d’action, encore au ralenti.
Car finalement, Smuggler ne raconte pas grand-chose, et c’est bien dommage. Même sa seconde heure, venant toutefois surprendre le spectateur, peut se résumer à quelques mots, puisque le tueur capturé par notre équipe et devant être livré du point A au point B s’échappe. L’équipe décide de faire passer Kinuta pour le tueur, puisqu’il est acteur après tout, le temps pour eux de retrouver le vrai. C’est tout ? Oui, l’intrigue n’est pas bien épaisse, les rebondissements peu nombreux. Mais Smuggler surprend alors par une nette rupture de ton avec l’aspect comique de la première heure. L’humour, bien qu’un peu présent, se met en retrait au service d’une violence plus cruelle. Kinuta, capturé, se retrouve aux prises avec un Yakuza sadique qui va le torturer, en imaginant toujours pire et toujours plus douloureux. Certes, on sera loin de la violence frontale de certains métrages, mais pour un film à destination des salles de cinéma, les scènes s’étirent en longueur et nous montrent bien la souffrance endurée par le personnage. Mais à côté de ça, la traque du vrai tueur n’est pas franchement palpitante et le film fait alors quelques choix peu crédibles, qui malgré le ton rarement sérieux du métrage, font tâche. Smuggler n’est pas désagréable, mais alterne trop souvent entre des scènes dures et des scènes peu sérieuses, le délire visuel pur et la folie des personnages. Divertissant mais très déséquilibré.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des personnages fous ♥ Le début très amusant ♥ Des scènes violentes qui surprennent |
⊗ Des passages plus lourds ⊗ Trop de ralenti tue le ralenti ⊗ Tout ça pour ça ? |
Smuggler surprend au départ, avec ses personnages tous barrés, ses situations stupides, ses ralentis quand l’action débarque et ses quelques excès de violence. Malheureusement le cocktail finit par lasser sur la durée. |
SMUGGLER est sorti chez Spectrum Films dans le coffret blu-ray consacré au réalisateur Katsuhito Ishii, au prix de 80€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus du film, on y trouve : Nombreux courts-métrages, Interviews, Présentations, Conférences, Bande-annonces. Livret. |
Titre : Smuggler – Surnagurâ : Omae No Mirai o Hakobe – スマグラー おまえの未来を運べ
Année : 2011
Durée : 1h54
Origine : Japon
Genre : Action
Réalisation : Ishii Katsuhito
Scénario : Ishii Katsuhito, Yamaguchi Matsatoshi et Yamamoto Kensuke d’après le manga de Manabe Shôhei
Avec : Tsumabuki Satoshi, Nagase Masatoshi, Matsuyuki Yasuko, Mitsushima Hikari, Abe Tsuyoshi, Andô Masanobu et Gashûin Tatsuya
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