Kinuta Ryôsuke est un acteur raté avec de sérieuses dettes à son compte. Son usurier lui propose un poste au sein de son équipe de nettoyage. Sa mission, transporter le corps des victimes hors de la ville et de les faire disparaitre à tout jamais.
Avis de Rick :
Smuggler, je l’avais découvert totalement par hasard il y a quasi 10 ans de ça, attiré non pas par la curiosité de découvrir un métrage de Ishii Katsuhito, mais attiré par la présence au casting de Mitsushima Hikari, puisqu’après la découverte quelques années plus tôt de Love Exposure, puis d’autres films indépendants avec l’actrice comme Kakera et Sawako Decides, je trouvais les choix de l’actrice intéressants et pertinents et voulait donc en découvrir plus. Je n’avais pas été emballé par la découverte, sans trouver pour autant le métrage désagréable. La sortie chez Spectrum du coffret Ishii Katsuhito était donc le moyen de donner une seconde chance au métrage, et surtout de le redécouvrir dans les meilleures conditions possibles, en HD. Smuggler, comme souvent en tout cas, c’est encore une adaptation de manga. Mais là où la fin des années 2000 a vu une explosion d’adaptations à destination d’un large public en adaptant des mangas populaires (Death Note, Gantz, L’Attaque des Titans), souvent avec un résultat laissant à désirer et un budget qui ne permet au final pas de donner vie à ces univers, Smuggler lui vise plus bas, un manga plus apte à être adapté. Et vu son pitch, la présence d’Ishii Katsuhito à la barre n’était pas une mauvaise idée. Un goût prononcé pour l’humour et des personnages un peu barrés, et donc, marquants et marqués. Et comme pour Party 7 ou Shark Skin Man and Peach Hip Girl, on a dans les faits une histoire on ne peut plus simple, peuplée de personnages le plus souvent improbables. Voire parfois pas bien loin du ridicule. On a Kinuta, ancien acteur glandeur qui passe sa vie dans les salles de jeux, endetté, faisant office de héros qui va devoir travailler pour des gens peu recommandables pour payer ses dettes.
Travaillant avec d’autres personnages dans la même situation que lui, le job est simple. Il va devoir passer derrière des tueurs et nettoyer les scènes de crimes et se débarrasser des corps en les faisant disparaitre hors de la ville. Une intrigue ouvrant beaucoup de possibilités, que l’on a déjà vu dans d’autres films, et que l’on reverra encore par la suite (le récent Melancholic par exemple). Evidemment, à tout cela, il va falloir ajouter des personnages un peu fous, deux tueurs d’origine Chinoise, un yakuza aimant un peu trop la torture, et la femme d’un yakuza qui finit décapité dès le début du film. Entre les mains d’Ishii, tout cela paraît tenir du miracle, tant on sait ce qu’il a déjà fait dans le passé en se frottant au genre. Et au départ, ça fonctionne du tonnerre, avec cette scène d’action qui abuse littéralement du ralenti pour donner une réelle impression de puissance, mais surtout pour accentuer le grotesque des coups, de la situation même. La galerie de personnages, au départ, elle amuse aussi énormément, surtout que le casting suit derrière. Si Tsumabuki Satoshi (The World of Kanako) semble un peu transparent, le reste par contre fait plaisir, entre habitués du cinéma d’Ishii et acteurs confirmés. Nagase Masatoshi (Party 7, Suicide Club) mène la bande de nettoyeurs, Matsuyuki Yasuko (le récent Drawing Closer) est une secrétaire calculatrice et même un brin manipulatrice, Mitsushima Hikari (Love Exposure, tout ça tout ça) est la veuve d’un chef yakuza, Ando Masanobu inoubliable dans Battle Royale (et que l’on a revu en 2024 dans City Hunter) joue un tueur ultra violent, mais on trouve aussi dans un rôle plus léger Gashûin Tatsuya (acteur fétiche du réalisateur) et tant d’autres (ce bon vieux Osugi Ren). Le casting séduit, les situations folles sont là, le ton est malgré tout bien sombre, et ce malgré le côté foufou et absurde (ce yakuza qui fume mais ne supporte pas le tabagisme passif) mais tout ne fonctionne pas.
En fait, très rapidement, on devient lassé par les situations qui se présentent devant nous, surtout qu’arrivé au bout du récit, on aura bien envie de se dire « tout ça pour ça ? ». L’abus de style vient également jouer contre le film. Jouer sur l’action violent en mettant tout ça au ralentis, c’est bien, mais comme chez Snyder, en abuser, ça finalement vient en limiter l’impact, et ça lasse. Pourtant, le potentiel, il est là, il est présent, mais le film choisit souvent la voie de la facilité et du coup, passé certaines surprises et bon coups, rentre dans une routine au lieu de véritablement développer son intrigue ou ses personnages. Et ce n’est pas le fait de mettre l’humour totalement en retrait dans la dernière partie et donc de permettre à la violence de se faire plus cruelle qui va changer les choses, même si ça aussi, en soit, c’est un choix intéressant. Alors attention, malgré tout ça, Smuggler n’est jamais un film désagréable, il a des atouts certains, mais il se fait trop simple sans se renouveler pour totalement convaincre. Dans la carrière d’Ishii, c’est même un film plutôt anecdotique.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des personnages fous ♥ Le début très amusant ♥ Des scènes violentes qui surprennent ♥ Le casting |
⊗ Tout ça pour ça ? ⊗ Des idées qui ne se renouvellent pas assez ⊗ Trop de ralenti |
Smuggler est un tout petit film pour Ishii. Pas désagréable, avec quelques idées bienvenues, un excellent casting, mais un scénario qui tourne assez vite à vide et qui lasse donc sur la durée. |
SMUGGLER est sorti chez Spectrum Films dans le coffret blu-ray consacré au réalisateur Katsuhito Ishii, au prix de 80€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus du film, on y trouve : Nombreux courts-métrages, Interviews, Présentations, Conférences, Bande-annonces. Livret. |
Titre : Smuggler – Surnagurâ : Omae No Mirai o Hakobe – スマグラー おまえの未来を運べ
Année : 2011
Durée : 1h54
Origine : Japon
Genre : Action
Réalisation : Ishii Katsuhito
Scénario : Ishii Katsuhito, Yamaguchi Matsatoshi et Yamamoto Kensuke d’après le manga de Manabe Shôhei
Avec : Tsumabuki Satoshi, Nagase Masatoshi, Matsuyuki Yasuko, Mitsushima Hikari, Abe Tsuyoshi, Andô Masanobu et Gashûin Tatsuya
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