Partant d’une uchronie où l’URSS met fin à la guerre froide par divers bombardements nucléaires sur les États-Unis, la réduisant à l’état de désert où traînent encore quelques radiations. L’Armée rouge a pris le contrôle des ruines, et les quelques survivants survivent tant bien que mal. Lost Vegas est la dernière cité encore debout et est dirigé par Elvis, dernière autorité connue et King du rock ‘n’ roll. Mais voilà, la radio annonce qu’après des années de règne, le King est mort. Les guitaristes survivants convergent alors tous vers Lost Vegas pour prétendre à la couronne. Buddy, adulte asocial, s’engage lui aussi dans l’aventure, armé de sa caisse creuse et de son vieux katana
Avis de John Roch :
Jeffrey Falcon, ça vous parle ? Non ? Pourtant vous l’avez sans doute vu dans des productions Hongkongaises, car malgré une filmographie anémique, l’acteur et artiste martial est apparu dans une douzaine de films HK, dont Top Squad 1 et 2, une Flic de Choc 2 ou encore Le Prince du Tibet. Puis peut-être a-t-il senti la date de la rétrocession de Hong Kong à la Chine se rapprocher de plus en plus, car c’est de retour aux USA qu’il se lance dans Six String Samurai, dont il est acteur, producteur, scénariste et chorégraphe des combats. Un film taillé pour lui donc, une sorte de bande démo pour lancer une carrière dans son pays d’origine. Carrière qui ne décollera jamais puisque en plus du film qui est le premier d’une trilogie qui ne verra jamais le jour, Jeffrey Falcon ne jouera plus jamais devant une caméra, pas plus que Lance Mungia, le réalisateur de la chose, ne repassera derrière, sauf tardivement torcher The Crow : Wicked Prayer, celui avec Edward Furlong dont la détresse est palpable rien qu’en zieutant la jaquette. Mais Six String Samurai est un peu plus qu’une bande démo, et bien que le film soit très loin d’être parfait, il y a tout de même des choses intéressantes..
Six String Samurai prend place dans un univers dystopique, où la guerre froide n’a pas existé et ou l’URSS a détruit les USA à coup de bombes nucléaires en 1957. 40 ans plus tard Elvis, toujours le King mais aussi roi de Lost Vegas, meurt en laissant son trône vacant. Trône que tout les musiciens des terres désolées veulent prendre. Parmi eux Buddy, expert en arts martiaux, accompagné de sa guitare à six cordes qui cache un Katana et d’un gamin intelligent qui le suit partout malgré ses tentatives de s’en débarrasser. Ensemble ils vont affronter les dangers du wasteland, des musiciens hauts en couleurs et Top Hat, la mort en personne (une sorte de Slash des Guns ‘n Roses) et ses sbires archers qui loupent leurs cibles neuf fois sur dix. Six String Samurai est un mélange de post apo, de western, de Rock and Roll et de Chambara, mix peu commun qui à l’instar de Jack Burton la décennie précédente était en avance sur son temps avant que la vague Asiatique ne déferle sur les USA. C’est sûrement ce mélange qui n’était pas courant qui a mené d’une part au four du film (146,125 de dollars amassés pour un budget de 2 millions), mais aussi du culte autour de celui-ci. Et le peu que l’on puisse dire, c’est que l’univers, en dépit d’un manque de moyens flagrant, fonctionne. Tourné dans le désert Californien, notamment dans la death valley, les décors naturels ne sont certes pas au niveau du bush Australien, mais restent néanmoins sublimes et magnifiés par une photographie soignée et une mise en scène qui sait capter les vastes étendues désertiques. Lors du voyage de Buddy et de l’orphelin dans ce désert, ces derniers vont croiser la route de plusieurs personnages hauts en couleur, car le ton de Six String Samurai ne se veut pas sérieux, la première partie du métrage va introduire ces seconds rôles pour le moins décalés, quoique parfois classiques (des fous furieux en véhicules, une famille de cannibales), mais par moments plus originaux (le groupe au chaussures sympas, les mangeurs d’épinards qui kidnappent des enfants pour les faire combattre dans une arène souterraine, des gars en tenue de cosmonautes, des restes de l’armée rouge). Encore que passé leurs introductions, il aurait fallu quoi savoir en faire.
Car dans son écriture, Six String Samurai tient plus du film fourre-tout que du film qui digère correctement toutes ses idées. Ainsi la première partie, en plus d’avoir une structure répétitive (je trouve un véhicule, je tente d’abandonner le gamin, je vais le sauver, je trouve un véhicule…), les différents personnages n’ont qu’un temps de présence ultra limité qui fait que l’on en profite pas, et leurs scènes font plus office de saynètes de deux minutes pour gonfler la durée du métrage que d’éléments intégrés à même le scénario. Scénario qui se développe timidement dans la seconde partie et aborde des thèmes plus en rapport avec la musique : le relation entre Buddy et le gamin qui devient une transmission du Rock and Roll à travers les générations, et la lutte contre la mort devient le symbole de la résistance du Rock face au Heavy métal, dommage que Six String Samurai attende ces derniers instants pour raconter quelque chose, et encore c’est expédié en deux phrases. Coté scénar c’est donc raté, le film se veut fun et décalé, il est chiant et jamais fun malgré l’envie de l’être, et ce n’est pas l’action qui relève le niveau. D’action, Six String Samurai n’en manque pas, et si le réalisateur est inspiré quand il s’agit de filmer les décors naturels et d’iconiser son personnage principal et son antagoniste dans des plans qui pètent la classe, il se perd dans des scènes filmées la plupart du temps en gros plans, au montage trop cut et les bastons, en plus de manquer de duels au poings, manquent d’impact, du fait que les coups de Katana font autant de dégâts sur les chairs que ceux de la lame inversée de Kenshin, on ne demande pas de membres qui volent dans tout les sens, mais au moins une petite effusion de sang par ci par là, qui aurait donné un peu de crédibilité à des scènes aux chorégraphies pourtant loin d’être mauvaise de Jeffrey Falcon, qui assure en Buddy Hollie post apo adepte du sabre et de la guitare. Guitare justement, un mot sur la musique, composée par le groupe Russe The Red Elvises (qui a un petit rôle) et un Brian Tyler loin d’être le compositeur que l’on connaît aujourd’hui (mais si proche de composer la musique de Simon Sez), il faut s’accrocher, et ce peu importe si vous appréciez le Rock and Roll ou non, car elle ne s’arrête jamais en plus de rajouter une couche de répétitivité à un film qui n’en avait pas plus besoin.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Jeffrey Falcon s’en sort bien ♥ Loin d’être avare en action ♥ Un univers rempli d’idées… ♥ La musique… ♥ La mise en scène… ♥ La photographie |
⊗ Peut gaver sur la longueur ⊗ … mais jamais exploitées ⊗ … qui tape rapidement sur le système ⊗ … qui se gâte dès qu’il y a de l’ action ⊗ Un manque de pognon parfois flagrant |
Six String Samurai m’a intrigué par son coté film culte barré, et malgré quelques qualités, ce n’est au final qu’un gros pétard mouillé rempli de bonnes intentions qui ne sont jamais concrétisées. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Filmé uniquement les week end car Justin McGuire était scolarisé au moment du tournage.
• Jeffrey Falcon a fait toutes ses cascades.
• Le soldat Russe qui pratique la technique du tigre est le frère de Jeffrey Falcon.
Titre : Six String Samurai
Année : 1998
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Rock and Roll
Réalisateur : Lance Mungia
Scénario : Jeffrey Falcon et Lance Mungia
Acteurs : Jeffrey Falcon, Justin McGuire, Kim De Angelo, Stephane Gauger, Clifford Hugo, Monti Ellison, Richard McGuire