
Mu Jin-jia sous la direction du ministre Ruan, rassemble une équipe d’assassins pour mettre fin aux méfaits du frère de l’empereur, l’ignoble Seigneur Li Ming.
Avis de Cherycok :
Après une 40aine de films en Corée, le réalisateur Jeong Chang-Hwa rejoint l’industrie du cinéma de Hong Kong dans les années 60 et rentre à la Shaw Brothers en 1968 ou pendant 5 ans il réalise des films d’arts martiaux tels que King Boxer (1972), également connu sous le titre Five Fingers of Death, ou The Swift Knight (1971). En 1973, il rejoint la société concurrente, la Golden Harvest, pour le compte de laquelle il met en boite The Skyhawk (1974) ou encore Broken Oath (1977). Ces titres, tous les amateurs de films d’arts martiaux de Hong Kong s’étant intéressés aux années 70 les connaissent et, sans dire que Jeong Chang-Hwa est un réalisateur culte de cette époque, il a pourtant laissé une petite empreinte dans le cinéma de l’ex-colonie britannique avec ces films de très bonne facture. Intéressons-nous aujourd’hui à son Six Assassins (1971), sorte de remake du film japonais Les 13 Tueurs (1963) de Eiichi Kudo qui a également eu droit à un remake japonais en 2010, 13 Assassins, sous la houlette de Takashi Miike.
Le scénario est plutôt intéressant, avec ces six assassins qui tentent de mettre fin aux ignobles agissements d’un seigneur sadique, et à qui il va arriver tout un tas de péripéties mais aussi de drames puisque, comme dans son homologue japonais, tout ne se passe pas très bien pour eux. Certes, on est dans quelque chose au final d’assez simple, mais l’antagoniste est suffisamment antipathique pour que le public se prenne au jeu et désire autant sa mort que les six assassins du film. Kao Ming (The Fast Sword) est détestable du début à la fin et chacune de ses apparitions donne envie de lui mettre des claques. Malheureusement, pour un film de 1h19 génériques compris, Six Assassins est parfois un peu trop bavard, ce qui casse le rythme, et il y a peut-être un peu trop de personnages qui sont du coup souvent vite expédiés et peu approfondis. Mais Jeong Chang-Hwa soigne réellement son histoire, la façon dont elle affecte ses personnages et les interactions qu’ils ont entre eux. Pour lui, cela semble aussi important que les combats dans un film d’arts martiaux et Six Assassins arrive à cet équilibre qui lui permet d’être aussi intéressant par ce que le film raconte que par les échanges de coups d’épées qui le parsèment. Six Assassins est un film plutôt classieux en termes de production value, avec des décors vraiment intéressants et des paysages très bien mis en valeur. Jeong Chang-Hwa recherche l’esthétisme, soigne son ambiance, sait parfaitement comment composer ses plans et sait rendre ses combats assez dynamiques, parfois par d’astucieux effets de montage afin de leur donner plus de rapidité.
Pourtant, c’est par ses scènes d’action que Six Assassins pêche un peu avec des combats qui, bien que sympathiques malgré tout, sont au final peu nombreux et ne sont pas toujours complètement convaincants, la faute peut-être au protagonistes principal, interprété par Ling Yun (Twin Blades of Doom) qui n’est pas un artiste martial. Certes, il se débrouille malgré tout plutôt bien en faisant preuve d’une bonne rapidité dans ses mouvements et même d’une certaine puissance, mais on ne le sent pas complètement à l’aise, ce qui donne parfois un côté un peu artificiel aux échanges de coups de lames. C’est peut-être pour cela que le réalisateur ne les fait jamais durer. Pourtant, Ling Yun continua sa carrière dans des films martiaux par la suite, en s’améliorant de films en films à ce niveau-là. Néanmoins, l’ensemble est suffisamment punchy pour que l’intérêt du spectateur reste là malgré tout et est dans la moyenne de ce qui se faisait à cette époque dans le studio. L’influence de l’original japonais ne s’arrête d’ailleurs pas à l’histoire puisque ces débuts de combats où les combattants prennent le temps de se jauger, n’engageant le combat que lorsqu’ils trouvent le meilleur moment pour frapper, n’est pas sans rappeler la façon qu’ont les samouraïs de se battre.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des scènes d’action agréables… ♥ Bien mis en scène ♥ Un scénario simple et efficace ♥ Un bon casting |
⊗ … mais pas exceptionnelles ⊗ Parfois trop bavard ⊗ Trop de personnages |
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Loin de faire partie des Shaw Brothers indispensables, Six Assassins n’en demeure pas moins un wu xia pian sympathique. Il lui manque peut-être juste le côté épique des scènes d’action de certaines œuvres de l’époque. |
Titre : Six Assassins / 六刺客
Année : 1971
Durée : 1h19
Origine : Hong Kong
Genre : Wu Xia Pian
Réalisateur : Jeong Chang-Hwa
Scénario : Jeong Chang-Hwa
Acteurs : Ling Yun, Hsia Fan, James Nam, Kao Ming, Lily Li Li-Li, Siu Wa, Tong Tin-Hei, Chai No, Yau Lung, Chen Tsan-Kang, Chang Ching-Po, Yoon Il-Bong, Chan Shen