1944, en Laponie finlandaise, un ancien soldat reconverti en chercheur d’or trouve une grande quantité d’or. En essayant de rapporter son butin en ville, il devra se battre contre les forces nazies présentes en Finlande.
Avis de Cherycok :
Certains ont connu le réalisateur Jalmari Helander avec le mauvais Big Game (2014), une comédie d’action assez médiocre avec Samuel L. Jackson. En ce qui me concerne, ce fût avec son premier film Rare Exports : A Christmas Tale (2010) et qui m’avait enchanté. Pour son troisième film, il revient avec un blockbuster finlandais de 6M€ (oui, ça change des budgets américains) sorti de nulle part, qui a intrigué à l’arrivée de sa bande annonce, et qui a pas mal divisé à sa sortie. La presse a, dans son ensemble, plutôt apprécié le film, mais le public a nettement plus été divisé, lui reprochant parfois son scénario simpliste et son manque de développement de personnages. Mais parfois ce genre de défauts peuvent faire la force d’un film et c’est le cas ici, du moins en ce qui mon concerne, et Sisu nous montre qu’un cinéma simple mais qui en a dans le falsard fait toujours son petit effet. Alors si vous voulez voir un croisement entre John Rambo, John Wick et le Terminator dégommer du zombie dans une ambiance à mi-chemin entre le western spaghetti de Sergio Leone et les Mad Max de George Miller, vous avez peut-être sonné à la bonne porte.
Sisu est sorti à peu près à la même période que le film allemand netflixien Blood & Gold de Peter Thorwarth avec qui il partage certaines similitudes, rien que dans son titre. Pourtant, Sisu choisit son propre chemin et les deux films n’auront au final pas grand-chose à voir. Sisu, c’est le genre de film que je qualifierais de « Fallait pas l’emmerder », avec son héros quasi mutique qui nous est présenté comme un être indestructible, qui n’est pas immortel mais qui refuse de mourir comme le précise un des personnages du film. Et clairement, il ne fallait pas l’emmerde, ho non, il ne fallait pas. C’est un vrai warrior qui dégomme du nazi à coup de pioche, en leur lançant des mines directement dans la tête, ou encore qui, caché sous l’eau, coupe la gorge de ses victimes pour respirer l’air qui s’échappe de leurs poumons afin de tenir encore plus longtemps dans les profondeurs. Un warrior qui se prend des balles dans le cornet, qui peut rester pendu de longues heures, qui survit à un crash d’avion, qui a une paire de couilles grosse comme une citrouille piquée aux OGM. Certains se sont plaint que le film n’était jamais réaliste, parfois ridicule. Mais c’est parce qu’ici nous sommes dans un cartoon live façon bip-bip et le coyote où ce dernier se fait exploser des dynamites à la tête sans jamais mourir, le gore en plus (on y reviendra). Ici, tout est exagéré et en total contraste avec l’univers réaliste dans lequel le film se situe (la fin de la 2nde guerre mondiale) et le résultat est assez jouissif, à condition bien entendu de se laisser porter dans le délire. L’humour noir est ici dans les situations, comme cette scène possiblement vouée à devenir culte des mines dans la tête des nazis citée tout à l’heure. Du coup, Sisu verse dans de bons gros délires gores : headshot, tête transpercée par un couteau, explosion de cheval, corps humains déchiquetés, membres coupés, blessures ouvertes et plaies béantes, … ça saigne bien, ça charcle à tout va, et les amateurs de sanquette devraient apprécier le spectacle.
Le pitch du film est très minimaliste, sans chichi, allant droit à l’essentiel. Mais on n’en demande pas plus quand c’est efficace. Le film va d’un point A à un point B sans jamais chercher à dévier de sa trajectoire. Sisu est découpé en chapitre, mais il n’y a au final que deux parties distinctes, la première où les nazis le traquent pour voler son or, la deuxième où lui les traque pour leur reprendre son or, les dégommant un à un jusqu’au dernier. C’est sûr, ça ne va pas plus loin, mais on est dans du pur divertissement. Le casting est excellent, à commencer par Jorma Tommila (déjà vu dans le premier film du réalisateur) qui sans jamais parler ou presque (il doit avoir 3 lignes de dialogue dans tout le film) fait passer plein de chose, dégageant une présence assez incroyable. La mise en scène de Jalmari Helander est assez viscérale avec une tension et une violence qui vont monter crescendo. La photographie du film est très soignée, les paysages désertiques sont superbes, et certains plans sont tout bonnement magnifiques (la scène sous-marine). Le boulot du chef opérateur est à saluer. La carte western spaghettis est jouée à fond : police d’écriture des chapitres, les paysages désertiques, son héros à cheval, les combats de regards, les pendaisons, l’or, … et c’est un plaisir de tous les instants pour qui aime ce sous genre du cinéma italien. Mais tout n’est pas parfait dans Sisu, loin de là. Pourquoi tout le monde, nazis y compris, parle anglais ? Est-ce pour que le film s’exporte plus facilement (ce qu’il semble avoir fait) ? Bien qu’on ait compris que le film ne jouait pas la carte du réalisme, il y a parfois des incohérences (comment ils ne le voient pas monter dans le camion !?!). Enfin, la toute dernière scène aurait mérité d’être bien plus percutante car elle est au demeurant bien trop sage si on réfléchit à l’heure presque et demi qui vient de s’écouler.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La mise en scène ♥ Le héros mutique ♥ Les scènes de boucherie ♥ Visuellement beau ♥ Le côté cartoon |
⊗ Pourquoi tout le monde parle anglais ? ⊗ Une ultime scène un peu décevante |
Tout aussi fun dans un tout autre genre que Blood & Gold (2023) avec qui il partage certaines choses (les nazis, l’or, le gore), Sisu est un film simple à haute teneur en divertissement. Ce n’est pas parfait, ce n’est pas fin, mais ça amuse 1h30 durant. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Jalmari Helander devait à l’origine réaliser un film de science-fiction humoristique, « Jerry and Ms Universe », au Canada. Lorsque le projet a été reporté en raison de la pandémie de COVID-19, il a rapidement écrit Sisu : De l’or et du sang (2022) à l’automne 2021.
• Le film a pour toile de fond la guerre de Laponie en 1944, qui a vu s’affronter la Finlande et l’Allemagne nazie. Cependant, le lieu et l’année sont les seules similitudes avec l’histoire réelle.
• L’une des sources d’inspiration du film est le véritable tireur d’élite de la Seconde Guerre mondiale, Simo Häyhä, qui aurait tué plus de 500 soldats ennemis pendant la guerre d’hiver, ce qui explique qu’il soit souvent considéré comme le tireur d’élite le plus meurtrier de tous les temps, connu sous le nom de « Mort blanche ».
Titre : Sisu : De l’Or et du Sang / Sisu
Année : 2023
Durée : 1h32
Origine : Finlande / Angleterre
Genre : Fallait pas l’emmerder
Réalisateur : Jalmari Helander
Scénario : Jalmari Helander
Acteurs : Jorma Tommila, Aksel Hennie, Jack Doolan, Mimosa Willamo, Onni Tommila, Tatu Sinisalo, Wilhelm Enckell, Vincent Willestrand, Arttu Kapulainen, Elina Saarela