[Film] Sister Sister, de Kathy Uyen (2020)

Kim, hôte pour une émission de radio qui passe très tard, prend sous son aile une jeune femme qui a fuie sa maison, enceinte. Mais elle ne se doute pas que Nhi, la jeune femme, a peut-être d’autres motivations cachées…


Avis de Rick :
Si j’ai bel et bien commencé la saga par le second opus, qui n’avait rien à voir d’ailleurs (en termes d’époque, de personnages), la curiosité l’emporta malgré tout pour découvrir le premier film, voir ce qui a lancé tout ça, et puis, regardez-moi cette pochette laissant présager une romance lesbienne torride sur une chaise rouge. Alors, disons-le de suite, la chaise rouge, elle est présente dans le film. Les bisous entre femmes, ils sont échangés également. Sauf que le film n’est pas ce qu’il prétend être. Sister Sister, ou Chi Chi Em Em, c’est Kim, animatrice radio, qui va prendre sous son aile une jeune femme enceinte au bord du gouffre, Nhi. Kim a donc un grand cœur, est mariée, a un père très riche pour lequel son mari travaille d’ailleurs. La femme parfaite donc ? Oui, même si à titre personnel, ce n’est pas la plus attirante du casting, ni même la plus intéressante arrivé au terme de l’aventure. Mais l’on remarque immédiatement que les deux métrages Chi Chi Em Em partagent donc des thématiques communs, et cet élément principal de l’intrigue, à savoir qu’une jeune femme riche va prendre une autre femme sous son aile, forcément à la vie moins aisée. En réalité par contre, le métrage part plus loin que sa fausse suite, même si, transposé de nos jours, il y perd un peu de son côté sophistiqué et élégant visuellement. Ou plutôt, sa fausse suite y gagne, remettons les choses chronologiquement. Mais ne cherchons pas à comparer. Chi Chi Em Em, premier du nom, se déroule de toute façon de nos jours, et on sent immédiatement que de lourds secrets sont cachés par un peu tout le monde. Ça ne rate pas, évidemment.

Pendant une bonne partie de sa durée, nous dirons la première heure, Chi Chi Em Em cache en tout cas plutôt bien son jeu, et prend simplement des allures de simple drame, même si le métrage vend également la même un peu trop tôt, via la présence de la femme de chambre du couple, un brin trop curieuse et surtout un brin trop protectrice envers le couple, et donc, forcément, distante avec Nhi. Ce personnage, pourtant vite éclipsé du métrage, vient en fait donner le ton, ou plutôt, un indice sur la direction que le film prendra dans sa seconde partie. D’amitié protectrice naissante à possible relation lesbienne, le film ira dans cette direction simple et plutôt dramatique dans les faits durant toute sa première moitié, avant de virer de bord et de partir dans le thriller manipulateur. Au moins, il faut le reconnaître, en arrivant plus tôt dans l’intrigue comparé au second opus, le changement de cap se fait de manière plus naturelle et moins abrupt. Et du coup, oui, ça fonctionne mieux. C’est plus naturel, mieux amené, sans doute par contre un peu trop explicatif par moment également il est vrai. Fait amusant, on pourrait presque penser à Gone Girl de David Fincher au niveau de la structure du film, qui, mi-parcours, retourne en arrière pour changer le point de vue et mettre en avant la manipulation qui s’est mise en place avant même que le film ne commence. Il y a pire comme influence, il faut l’avouer. Seulement Sister Sister n’est pas aussi bien rodé qu’un film de Fincher, bien évidemment. Jamais mauvais, mais on sent que la réalisation de Kathy Uyen n’est pas toujours à la hauteur des ambitions du projet.

Ou parfois, ce sont juste les très rares effets spéciaux qui chient dans la colle. On le sait depuis le temps, mais les CGI ont encore du mal aujourd’hui à reproduire de manière réalisme des choses simples, et notamment, des voitures (rappelez-vous Peninsula) Il est donc assez triste de voir ici que le seul élément ayant recours au numérique soit un accident de voiture qui manque alors totalement de naturel, au point de faire sourire comme si l’on regardait une cinématique de Playstation 2. C’est trop fluide, trop irréel. Un détail dirons certains, et il est vrai que Sister Sister ne met absolument pas cet élément en avant, mais puisqu’il s’agît d’un moment important du récit, c’est tout de même dommage. Quant à sa dernière partie, un peu comme pour Sister Sister 2, ça débarque d’un coup, ça manque de subtilité, et ça en devient cliché et prévisible, un peu trop manichéen. Mais l’on pourra au moins sourire devant une scène sans doute hommage à l’un des meilleurs films de Fulci (dans l’idée hein, n’attendez pas de gore ici). Comme sa fausse suite, Sister Sister a bien des défauts, et n’est pas en soit un film exceptionnel. Il est un peu trop propre sur lui en voulant avoir son côté « chic » (la bourgeoisie, la chaise rouge, la relation interdite), il est peu subtil dans son approche. Mais il est malgré tout suffisamment bien rodé pour plaire et trouver son public (si suite il y a, ce fut donc le cas). On ne s’ennuie pas devant le spectacle proposé, l’ensemble est bien joué, divertissant, et on ne lui demandait pas plus en fait.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une structure plus ou douceur que dans sa suite
♥ Un bon casting
♥ Un film plaisant sans grosses fausses notes majeures
♥ Court, allant à l’essentiel
⊗ La scène pivot, assez ratée
⊗ Un final trop manichéen
⊗ Sympathique, bien fait, mais rien d’exceptionnel
note2
Sister Sister, naviguant entre drame et thriller, ne bouleverse pas la formule, ne marquera pas les spectateurs, et malgré ses faux pas, il se laisse suivre avec intérêt, étant filmé avec sérieux et porté par un bon casting.


Titre : Sister Sister – Chi Chi Em Em
Année : 2020
Durée :
1h44
Origine :
Vietnam
Genre :
Pochette un brin mensongère
Réalisation :
Kathy Uyen
Scénario :
Timothy Linh Bui, Justin Cao, Doan Si Nguyen, Tue Trinh et Kathy Uyen
Avec :
Tranh Hang, Chi Pu, Trang Le, Truong Tranh Long, Uyen My, Lanh Tranh et Tung Yuki
Sister Sister (2019) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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