[Film] Siska Neraka, de Anggy Umbara (2023)

Quatre frères et sœurs, Saleh, Fajar, Tyas et Azizah, ont toujours vécu auprès de leur père avec des histoires terribles sur l’enfer et le paradis, avec une éducation très stricte. Une nuit, alors qu’ils décident de se rendre au village d’à côté sans l’autorisation de leurs parents, ils sont emportés par la rivière et trouvent la mort, se réveillant en enfer.


Avis de Rick :
Les films se déroulant en enfer, ou du moins tentant de représenter l’enfer visuellement, c’est rare, et souvent raté. On se souviendra de la représentation de l’enfer dans Spawn, dans les années 90, ou encore du film Thaïlandais Hell dans les années 2000. Même en jeux vidéo, ce n’est pas la joie, si bien que peu s’y essayent, et encore récemment, Agony en aura fait les frais, même si je ne l’avais, à titre personnel, pas trouvé si catastrophique que ça (mais pas vraiment bon pour autant). Et bien maintenant, c’est l’Indonésie qui s’y colle avec Siska Neraka, aussi appelé Hell Torture, adaptation d’un comic book Indonésien du même nom, et qui ne se traîne pas forcément une belle réputation après sa sortie sur Netflix. Alors, c’était si nul que ça ? Non, mais ce n’était pas bon pour autant. Siska Neraka, c’est le genre de film qui ose des choses, que l’on a envie d’aimer, et qui pourtant, se plante dans les grandes lignes, la faute a énormément de choses. Une réalisation maladroite déjà. Un montage qui a parfois du mal à donner du rythme à l’aventure. Un scénario dont on cherche toujours s’il est juste maladroit, ou très étrange dans sa manière d’aborder certains sujets. Sans parler des effets spéciaux, allant du bon lorsqu’ils sont faits en dur, au passable pour certains CGI, au tout simplement dégueulasse à de nombreuses reprises. Siska Neraka, c’est l’histoire de quatre enfants qui ont eu une éducation stricte auprès de leur père. Après tout, l’homme est religieux, Allah est tout puissant, et il inculque à ses enfants ses propres croyances. Est-ce que ça a eu le bon effet ? Pas vraiment, puisque l’on comprend très rapidement que cette petite famille est loin d’être parfaite, en particulier le grand-frère, qui va embarquer tout ce bon monde avec lui un soir, et mener tout le monde dans l’au-delà, et donc, en enfer.

De manière surprenante, la première demi-heure, introduisant les personnages, la famille, la situation initiale, ne fonctionne pas trop mal. Certes, ça met une bonne demi-heure avant de vraiment démarrer, mais ça semble être fait avec le plus grand des sérieux, il n’y a pas de grosses fausses notes, sauf lorsque le film veut en faire trop. Le fameux accident censé donner la mort aux quatre jeunes adultes par exemple paraît parfois risible suivant les plans, tant on sent que les acteurs doivent donner de leur personne pour donner l’illusion que la rivière les emporte. Effet raté. Mais qu’importe. Certains corps sont vite retrouvés par les villageois, et c’est là que l’aventure commence réellement, quand notre petite famille se réveille, en enfer, pour y être torturé jusqu’à la fin des temps. C’est ironiquement là que le film se lâche, mais fait le grand écart entre ce qu’il réussit et ce qu’il rate misérablement. Déjà, le scénario. Nous sommes là face à un récit extrêmement moralisateur (il faut faire le bien, sinon damnation éternelle, point barre), mais qui paradoxalement est donc à l’opposé de sa représentation visuelle, qui prend un malin plaisir à vouloir aller loin dans le trash pour satisfaire son public. Le tout sonne comme très maladroit. Le comic était-il déjà ainsi dès le départ, ou bien l’adaptation est-elle juste un peu foireuse ? Toujours est-il qu’une fois nos personnages en enfer, le film alterne donc scènes de tortures là-bas et scènes dans le monde réel, avec les parents, et une des survivantes, dans le coma. Et là, c’est le montage qui vient un peu tout briser, alternant donc mollement de parfois bien trop longs dialogues moralisateurs, quelques flashbacks pour nous faire comprendre qu’il ne faut pas faire le mal, puis hop, deux minutes en enfer le temps d’une torture, et on recommence.

Cela donne à l’ensemble un côté extrêmement répétitif, surtout quand la formule est appliquée sur toute la seconde partie du métrage. Quant à l’enfer, il est temps d’en parler, puisque si l’on regarde Siska Neraka, c’est bien pour ça, l’enfer et le gore. Là aussi il y a de quoi être très déçu. Alors, on sent par moment l’envie de bien faire, sans doute avec les moyens de bord, mais il faut en parler ! Que c’est souvent moche. Dans les plans rapprochés, oui, quelques vrais décors, avec une caméra qui tente vraiment d’être très proche des acteurs quitte à accumuler les faux raccords, mais pour camoufler la misère autour. Mais quand on a du plan large, l’enfer des CGI nous saute aux yeux. Et ces tortures ? Insoutenables ? Alors dans les faits, ça aurait pu être le cas, ou du moins faire son petit effet, à coups de membres tranchés, langues coupées, corps recouverts de lave, têtes explosées. Dans les faits seulement, car assez souvent, pour ça aussi le film a recours à une imagerie numérique qui manque de naturel. Alors oui, par moment, on peut le pardonner, en se disant qu’après tout, ils sont en enfer, les corps se régénèrent pour une damnation éternelle. Mais souvent, c’est tout de même bien trop bancal et factice pour donner ne serait-ce l’illusion d’une torture devant vraiment faire mal. Et pour un film qui mise pourtant autant sur le facteur choc, et bien forcément, ça fait très mal au film. En ressort un film bancal, aux intentions un peu floues, pas toujours très intéressant, et pas vraiment choc. Une déception donc.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’ambition de nous emmener en enfer
♥ Une première demi-heure intriguant
♥ Quelques rares effets sympas
⊗ Vite répétitif
⊗ Le gore en CGI
⊗ Scénario bancal
⊗ Montage qui a du mal des fois
note2
Siska Neraka ne tient pas ses promesses. Ça tourne en rond, le montage est bancal, et son recours à l’imagerie numérique pour donner vie à l’enfer et aux tortures n’était pas une bonne idée.


Titre : Siska Neraka
Année : 2023
Durée :
1h38
Origine :
Indonésie
Genre :
En enfer, personne n’entend les CGI crier
Réalisation :
Anggy Umbara
Scénario :
Lele Laila d’après le comics de M.B. Rahimsyah
Avec :
Safira Ratu Sofya, Kiesha Alvaro, Ariyo Wahab, Nayla D. Purnama, Rizky Fachrel, Astri Nurdin, Slamet Rahardjo et Ingrid Widkanarko
Siksa Neraka (2023) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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