En 1968, le gouvernement sud-coréen met en place un centre d’entraînement militaire sur l’île de Silmido afin de former l’unité 684. Celle-ci sera envoyée à Pyongyang dans le but d’assassiner le président nord-coréen Kim Il-Sung. Contre toute attente, suite à un rapprochement avec la Corée du Nord, la KCIA impose l’exécution des 31 membres du commando afin de ne pas révéler leur plan au grand jour.
Avis de Laurent :
La première fois que j’ai entendu parler de la tragédie de Silmido, c’était dans un article coréen publié dans Courrier International dans un dossier consacré à l’espionnage. Ma première réaction fut « mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de fou ? » et l’annonce qu’un film sur le sujet était en préparation m’avait excité au plus haut point. Vous me direz « encore un blockbuster sur la division des deux Corées » après les très bons Shiri de Kang Je-Gyu, J.S.A. de Park Chan-Wook et des films plus intimistes comme Coast Guard de Kim Ki-Duk et le plutôt oubliable Double Agent de Kim Hyun-Jung. Mais force est de constater que le sujet rassemble les foules dans les salles de cinémas car Shiri (1999), J.S.A. (2000), Silmido (2003) et un peu plus tard Taegugki (2004) ont été des succès locaux sans précédents réunissant plusieurs millions de spectateurs à chaque fois.
Silmido est le nom d’une île où a été entraîné, en échange de leur peine capitale et dans le secret le plus absolu, un groupe de trente et un condamnés à mort afin de former un commando d’élite. Celui-ci avait pour mission de rejoindre Pyongyang dans le but de tuer le dictateur nord-coréen Kim Il Sung. Suite à un long sevrage propagandiste et après trois longues années d’un entraînement des plus exigeants et traumatisants, la mission fut annulée au moment du départ. Un rapprochement des deux Corées était alors possible, et pour ne pas ébruiter l’affaire, les services secrets sud-coréens décidèrent d’exécuter les membres de l’unité spéciale. Cette dernière après avoir eu vent de l’affaire, se révolta et entreprit une descente sur Séoul afin de régler ses comptes avec les plus hauts dirigeants du pays. Cet épisode trouble de l’histoire de la Corée place son décor dans une Corée du Sud au régime guère plus glorieux que sa grande rivale du nord, à savoir une dictature dirigée par la junte militaire menée par Park Chung-Hee et orchestrée par les Etats-Unis. La grande difficulté de Kang Woo-Suk (réalisateur de Public Enemy) est alors d’étonner et de tenir en haleine un publique qui connaît déjà la fin de l’histoire, un peu comme le Titanic de Cameron dans un domaine complètement différent. On croit tenir un pamphlet sulfureux antimilitariste et antipatriotique. Mais on déchante bien rapidement.
L’intro bien nerveuse et bien rythmée présente en parallèle le très bon Sul Kyung-Goo (Oasis, Public Enemy, Peppermint Candy) se faire coffrer suite au meurtre qu’il vient de commettre et un commando nord-coréen massacré lors de son infiltration dans le Sud. Une mise en scène bien efficace qui ne présage que du bon. Hélas, les cinquante minutes suivantes n’offrent pas plus d’intérêt que les scènes d’entraînements de Rocky, à savoir la formation de l’unité 684 dans la base secrète de Silmido dirigée par un haut gradé impitoyable interprété par l’irréprochable An Sung-Gi (Sur la Trace du Serpent, Kilimanjaro, Ivre de Femmes et de Peintures, Musa). Le reste du casting est plutôt anecdotique car guère ne convainquant. On reconnaîtra entre autre Jeong Jae-Young (Sympathie For Mr Vengeance, Guns and Talk) dans un second rôle peu enthousiasmant et toute une horde de gueulards. Parce que dans Silmido personne n’arrive à communiquer sans hurler et ça finit par taper sur le système auditif du spectateur (ne pas oublier ses boules Quies avant le visionnage car Silmido fait péter du décibel). Le film enchaîne tous les clichés de la vie en communauté de durs à cuire. Les règlements de comptes à coups de poing, les humiliations, le viol d’une jeune fille … tout ça est long à se mettre en place pour enfin atteindre une dernière demi-heure qui, à défaut d’être originale, est plutôt efficace et bien réalisée. Les dernières minutes arriveront soit à vous émouvoir, soit à vous faire sourire. Dommage que le ridicule ne tue pas car le commando aurait ainsi pu économiser quelques grenades.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ L’histoire originelle ♥ La mise en scène ♥ Un long final très efficace |
⊗ Le trop long entrainement des troupes ⊗ Beaucoup de clichés |
Bref de gros moyens, un sujet passionnant et un casting intéressant sur le papier pour un résultat assez vain puisque Silmido se regarde finalement comme un banal film de guerre peu inspiré. De plus, on pouvait s’attendre à autre chose qu’à un film patriotique avec un discours aussi subtil qu’un flash info de la Fox News. |
Titre : Silmido / 실미도
Année : 2003
Durée : 2h15
Origine : Corée du sud
Genre : Guerre / Action
Réalisateur : Kang Woo-Suk
Scénario : Kim Hee-Jae
Acteurs : Sol Kyung-Gu, Ahn Sung-Ki, Heo Jun-Ho, Jung Jae-Young, Kim Won-Hee, Kang Shin-Il, Kang Sung-Jin, Kim Kang-Woo, Uhm Tae-Woong, Lee Jeong-Heon