Mizuki est une étudiante universitaire qui est choquée par la mort subite d’une amie lors d’un diner alors qu’elle racontait une histoire terrifiante. Le pire étant la cause de la mort, ses yeux ayant littéralement explosés. Mizuki va faire équipe avec Haruo, un jeune homme dont le frère a connu le même sort, pour enquêter sur ses morts étranges. Ils vont finir par entendre le nom de Shirai-san…
Avis de Rick :
Encore une fois, un grand merci à Oli du blog Échec et (ciné)mat pour la découverte, lui qui aura longtemps insisté pour que je me jette sur ce Shirai San, pour lui un des meilleurs films de J-Horror de ces dernières années. Il faut dire que le genre est tombé bas, que ce soit au niveau du V-Cinema ou des sorties cinéma (voyez Sadako de Nakata et on en reparlera). Tourné puis montré en festival en 2019, notamment au Canada, Shirai San aura finalement été catapulté au Japon en Janvier 2020. Et c’est via le Blu-Ray Japonais que je peux aujourd’hui vous parler de cette excellente surprise réalisée et écrite par Adachi Hirotaka, plus connu sous le nom de Otsuichi. Connu également sous son titre international, Stare, bien qu’en dehors des festivals, Shirai San n’aura pas eu droit à aucune sortie hors du Japon, il s’agît là, dans les faits, d’un film tout ce qu’il y a de plus classique. Des meurtres étranges, une légende urbaine, des possibles futures victimes qui enquêtent, un rythme lent jouant sur l’ambiance. À la lecture du synopsis, on peut même facilement dire qu’il s’agît là d’un film que l’on a déjà vu, des dizaines de fois depuis la sortie de Ringu en 1998. Le film ne s’en cache pas, ayant même une narration assez similaire. Mais il y a bel et bien quelque chose ici qui donne un cachet supplémentaire au métrage, qui lui donne un côté old school en fait, plutôt qu’un cachet repompe d’une formule déjà existante. Shirai San parvient même l’impensable : être sans doute la légende urbaine et le film de genre la plus intéressante de ces dernières années. Et des raisons à cela, il y en a plein.
Dés le début, on le remarque, Shirai San a été filmé avec sérieux. Pas de caméra qui s’emballe, pas d’éclairage hasardeux lors des scènes nocturnes. C’est carré, préparé à l’avance, correctement pensé. Si le scénario suit une route bien connue des amateurs du genre, avec quelques sursauts et meurtres pour lancer l’intrigue, avant une enquête par deux protagonistes dans un temps limité, le scénario sait également quand sortir un poil des sentiers battus pour nous réserver quelques belles surprises et relancer l’intérêt. Ou alors pourrait-on parler des acteurs, qui sont loin d’être mauvais et relèvent le niveau comparé à tous ces métrages mettant en avant des idoles forts charmantes (ou des idoles forts charmants mais ça me touche moins haha) mais qui ne savent absolument pas jouer la comédie. Notons d’ailleurs dans un petit rôle, et c’est une bonne surprise, la présence de Sometani Shôta (First Love, Himizu), acteur que j’apprécie de plus en plus. Classique mais classieux, prévisible mais non sans surprises, prenant, Shirai San a plus d’un atout dans son sac. Et puis il y a bien entendu la fameuse légende donnant son titre au film, sans doute la plus grande réussite, tant le film joue ses cartes doucement, et quand il faut, de la manière qu’il faut. L’équipe des effets spéciaux a d’ailleurs fait un travail plutôt remarquable sur le design de la « créature » du métrage, originale, et surtout apparaissant seulement quand il le faut, après que le film soit parvenu à faire monter la sauce pour augmenter l’impact de ces apparitions, que ce soit de nuit comme de jour, et oui.
Mais tout n’est pas parfait pour autant, et on pourra noter quelques faux pas, qui malheureusement surviennent à des moments dommageables. L’exemple le plus flagrant étant la scène de l’hôpital, faisant monter la sauce de la meilleure manière qui soit, jouant à merveille sur la tension, doucement mais sûrement, avant un final qui devrait être d’anthologie pour la scène, mais qui a alors recourt à quelques CGI à la qualité douteuse. Alors oui, on me dira finalement que je chipote, car même si désastreux, vraiment, les plans utilisant des CGI sont rares et souvent furtifs. Il y a donc pire comme faux pas. Et c’est vrai, Shirai San fait la plupart du temps très bien les choses, et va même, dans son côté Ringu, à l’opposé de la norme actuelle qui accumule les jumpscares au détriment de l’ambiance et de la cohérence, et c’est tout à son honneur. Ultime ombre au tableau alors ? Pourquoi faire monter aussi bien la tension, nous amener vers un très bon final, conclure tout ça par un plan final certes prévisible mais qui fait toujours son petit effet, si c’est pour nous mettre la seconde d’après le générique de fin sur de la Jpop ?? Cela casse un peu tout non ? Ou est-ce un procédé, que Shirai San n’est pas le premier à utiliser, pour faire rechuter la tension et nous ramener clairement dans la salle de cinéma / dans notre salon ? Vous l’avez compris, Shirai San n’est pas parfait, mais dans le genre, il est sans doute la plus belle surprise de 2019/2020. Le film a en tout cas séduit les spectateurs, du moins sur les blogs et ceux présents en festival. Mais apparemment un peu moins le public lambda, comme le prouve sa moyenne imdb un poil sous le 5/10. Tout le monde ne peut pas avoir bon goût !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Mise en scène sérieuse et appliquée ♥ De bons moments de tension ♥ Structure classique mais prenante ♥ Ça prend son temps pour poser une vraie ambiance ♥ Shirai San, une bonne légende et un bon spectre |
⊗ Les CGI, rares mais bien voyants ⊗ La musique de fin |
Shirai San, dont on parle malheureusement moins que l’affreux Sadako, est la bonne surprise dans le genre. En reprenant une formule pourtant connue, le film prend son temps pour ménager ses effets et nous happer dans son intrigue et son ambiance. Pari réussi. |
Titre : Stare – Shirai San – シライサン
Année : 2019
Durée : 1h38
Origine : Japon
Genre : Fantastique
Réalisation : Adachi Hirotaka
Scénario : Adachi Hirotaka
Avec : Enosawa Manami, Iitoyo Marie, Inaba Yû, Oshinari Shûgo, Sometani Shôta et Tanimura Mitsuki
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