Partie à la banque vérifier ses économies, Toshiko se retrouve nez à nez avec un braqueur cagoulé… Plus tard, accidentellement, elle percute la voiture de deux hommes qui poursuivaient un des deux braqueurs. Celui-ci se nomme Samehada. Il vient en effet de braquer la banque mais a décidé de ne pas rendre le magot à son patron et s’enfuit au grand désarroi de son complice, Yamada. Samehada se retrouve poursuivi par son ancien complice et ses hommes de main, en compagnie de Toshiko qui elle aussi fuit, non pas des yakuzas mais son oncle obsédé.
Avis de Rick :
Le cinéma de Ishii Katsuhito, même si on en parle beaucoup moins de nos jours, c’est culte. Et pour bien appréhender l’univers du monsieur, quoi de mieux que de voir toute sa filmographie, dans l’ordre. Ou plus ou moins dans l’ordre. Et avec la sortie de coffrets un peu partout dans le monde, que ce soit en Angleterre avec Third Window Films ou en France avec Spectrum, et les sorties l’année précédente de The Taste of Tea et The Funky Forest, le tout est lancé. Et ma première approche de la carrière de Ishii ne fut pas bien glorieuse, puisqu’il s’agissait de Redline (qu’il ne réalise pas, mais officie à tellement de postes importants, techniquement, que c’est tout comme), que je n’avais pas bien apprécié à l’époque, puis avec Smuggler, qui sans être mauvais, m’avait laissé de marbre. Mais la découverte ensuite de The Taste of Tea fut tout autre, et ce même si The Funky Forest m’a également laissé de marbre. Mais voilà, avec la sortie récente d’un coffret regroupant le reste de sa filmographie, il était temps de se replonger dans la carrière du monsieur, plus ou moins chronologiquement, en commençant par son premier long métrage, Shark Skin Man and Peach Hip Girl, sorti en 1998, et qui finalement, contient déjà tout ce qui fera l’important de son cinéma, en plus de mettre en avant un casting contenant têtes connues et acteurs qui devient récurrents dans sa filmographie. Adaptant un manga en un tome, le métrage est dans les faits un simple Yakuza Eiga. Un homme, Samehada (le toujours génial Asano Tadanobu), est poursuivi par les yakuza après qu’il se soit barré d’un coup avec une grosse somme d’argent. Dans sa fuite, il se retrouve à faire la route avec Toshiko, une jeune femme fuyant son oncle. Entre l’oncle, un tueur engagé par ce dernier, les anciens camarades de notre héros et le reste du clan yakuza aux trousses du duo, voilà qui promet, dans les faits, un rythme endiablé, à défaut d’être original.
Sauf que Shark Skin Man and Peach Hip Girl bombarde son propos simple avec un ton qui lui est propre, et une galerie de personnages tous plus fous les uns que les autres, qui donnent alors une identité, scénaristique déjà, au film. Dans la même veine, on pensera au LoveDeath réalisé par Kitamura quelques années plus tard, partant plus ou moins du même postulat, et misant également sur une galerie de personnages barrés. Mais là où Kitamura épuisait sur 2h30, on a 40 minutes de moins ici pour rendre l’ensemble bien plus digeste. Surtout que si le film trouve une identité propre via ses personnages, il la trouve également via son visuel qui tranche avec ce qui se faisait ses années-là. Visuellement, surtout pour un premier long métrage, c’est assez fou, bourré d’idées, amenant clairement des éléments venant d’autres médiums qui sont chers à son auteur, comme l’animation, où il reviendra donc à plusieurs reprises (Redline déjà, par exemple) mais aussi un sens du rythme parfois plus proche de la publicité, milieu où il travaillait avant de se lancer dans la fiction pour le cinéma. Cette approche différente, elle se remarque dès l’ouverture présentant les personnages et le casting donc. Néanmoins, Ishii n’en oublie pas pour autant qu’il signe là un film, de cinéma, et s’en sort plus qu’à merveille pour donner vie à sa vision de manière cohérente. Mais au-delà de ses qualités techniques, c’est avant tout dans sa galerie de personnages que le métrage touche au but.
Chaque personnage a en effet son petit truc bien à lui qui le rend unique, et le rend mémorable. Et forcément, les rencontres entre ses personnages hauts en couleurs donnent lieu à des scènes mémorables. On pensera au fils du boss yakuza et sa capacité à pister les gens grâce aux odeurs, ce tueur efféminé finalement avec un petit cœur qui bat dans sa poitrine, et j’en passe. La première poursuite dans la forêt se termine du coup de manière hilarante, et on ne parlera pas de la première rencontre entre Samehada et Yamada le tueur, dans les toilettes publiques. Un grand moment, qui doit énormément au talent des acteurs. Qui dit personnages loufoques dit acteurs qui doivent se donner à fond, et entre Asano Tadanobu, Kishibe Ittoku (The Funeral, Miss Lonely, Violent Cop, Survive Style 5+), Terajima Susumu (A Scene at the Sea, Sonatine, Black Angel 2, Ichi the Killer, LoveDeath) et Gashûin Tatsuya (habitué du réalisateur par la suite, entre Party 7, The Taste of Tea, Smuffler et Hello ! Junichi), c’est clairement un gros sans faute. Mon seul regret, c’est que le réalisateur n’utilise pas chaque personnage à son plein potentiel, certains des plus amusants et marquants étant rapidement relégués au second plan jusqu’au final. Normal, vu le nombre de personnages, mais dommage malgré tout, tant il y avait encore plus de potentiel.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Très bonne mise en scène ♥ Un style unique ♥ Des personnages marquants ♥ Des moments tordants |
⊗ Tous les personnages ne sont pas exploités |
Shark Skin Man and Peach Hip Girl, c’est un polar avec une belle galerie de personnages qui lui donne un ton unique et enchanteur, même si on aurait aimé voir un peu plus certains personnages. |
SHARK SKIN MAN AND PEACH HIP GIRL est sorti chez Spectrum Films dans le coffret blu-ray consacré au réalisateur Katsuhito Ishii, au prix de 80€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus du film, on y trouve : Nombreux courts-métrages, Interviews, Présentations, Conférences, Bande-annonces. Livret. |
Titre : Shark Skin Man and Peach Hip Girl – 鮫肌男と桃尻女 – Samehada Otoko to Momojiri Onna
Année : 1998
Durée : 1h48
Origine : Japon
Genre : Policier
Réalisation : Ishii Katsuhito
Scénario : Ishii Katsuhito
Avec : Asano Tadanobu, Kohinata Shie, Kishibe Ittoku, Terajima Susumi, Shingyoji Kimie, Shimada Youhachi, Gashuin Tatsuya, Tsurumi Shingo, Sekine Daigaku et Takasugi Koh
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