Une nuit pendant la guerre, le grand père Tao prête refuge à une petite famille poursuivie par un capitaine japonais. Mais le lieu n’est pas sûr. Alors que le mari et le fils se font tuer par le capitaine, la mère se fait violer et le grand père, loin d’être le protecteur attendu, en rajoute une couche des plus malvenues. Bien des années plus tard, le descendant de la famille Tao, joueur invétéré prêt à toutes les magouilles, vend la vieille maison de son grand-père à une famille afin de payer ses dettes. Mais les esprits hantent encore les lieux et crient vengeance, en particulier celui de la femme bafouée.
Avis de Cherycok :
Vers le milieu des années 80, la fin de la Shaw Brothers est proche, et eux-mêmes savent que c’est une question de temps avant de devoir fermer boutique. Cela se ressent dans certains de leurs films sortis en 1984 et 1985, où il était facile de ressentir la morosité ambiante, où il était facile de voir qu’ils n’essayaient même plus, en proposant du réchauffé à bas cout n’essayant jamais d’apporter un minimum d’originalité, tentant vaguement de surfer sur les modes du moment. C’est ce qu’il se passe avec Sex Beyond the Grave sorti en 1984, également parfois appelé Love Beyond the Grave, dont le titre annonce tout un programme mais où il n’en sera au final presque rien. Oui, « presque », car tout n’est pas à jeter dans le film, mais si vous cherchez à prolonger l’expérience des films d’horreur de la Shaw Brothers de cette période (Hex, Bewitched, …), vous risquez de clairement sorti déçu du visionnage de Sex Beyond The Grave.
Le scénario est ici extrêmement simple : une maison est hantée par les fantômes de victimes du passé (viol, meurtres, …) et lorsque de nouveaux habitants arrivent dans le lieu pour y vivre, malgré les « on dit » sur la maison, les fantômes vont pouvoir se venger sur eux. On sent que le Poltergeist (1982) de Tobe Hooper est resté dans certaines mémoires. Malgré une introduction qui nous plonge immédiatement dans le bain, avec double viol, meurtre d’enfant et gore, Sex Beyond the Grave est assez longuet à démarrer, avec un scénario qui s’attarde beaucoup trop sur les problèmes de jeu d’un protagoniste et sur son mariage qui part en cendres, la fameuse maison dans laquelle se sont déroulés les faits racontés en introduction n’arrivant qu’à plus de 30 minutes de film. Mais au moins, à partir de là, les manifestations étranges arrivent quasi instantanément. Frigo qui se met à voler et à attaquer les habitants, partie de mahjong qui part en cacahuète, visions diverses et variées, corps qui valdinguent dans les airs, manifestation d’esprits, animation de marionnettes, … Bref, rien de très original en soi mais néanmoins tout le folklore du genre qui est bel et bien là. On a même droit à un prêtre occidental armée de gousses d’ail, de crucifix et de sa foi, venu exorciser la maison. Le problème, c’est que toutes ces manifestations ont beau faire passer le temps et même parfois être sympathiques, le côté outrancier de la première partie qu’on est venu chercher ne reviendra que pour les 15 dernières minutes, à l’exception d’une scène où une gweilo rousse fait un striptease dansé plein de souplesse et de poses improbables pendant 5 grosses minutes, totalement gratuite et graveleuse.
Sex Beyond The Grave est tourné sans éclat, avec un montage souvent complètement aux fraises à tel point qu’il est parfois difficile de comprendre ce qu’il se passe réellement. Les différents éléments ont du mal à s’emboiter, avec des scènes (comme le striptease cité plus haut) qui ne servent strictement à rien si ce n’est à régaler les yeux du public masculin. On a vraiment l’impression de voir toutes un tas d’idées qui auraient été tant bien que mal reliées les unes aux autres. Rien que le scénario dans son ensemble semble être composé de 3 parties bien distinctes (l’intro, la partie avec l’addiction aux jeux et enfin celle de la maison hantée) et tout ceci ne s’articule par très bien. Quand les manifestations surnaturelles rentrent en jeu, cela devient amusant, mais quand on a droit aux tribulations d’un joueur accro, c’est nettement moins passionnant. Même en remettant le film dans son époque, les SFX sont extrêmement cheaps, et bien que certaines idées soient bien barrées, on a vraiment cette impression d’un tournage rapide, avec un tout petit budget. Lorsque le générique de fin retentit, on se demande s’ils avaient une idée de comment finir leur film et on se pose sincèrement la question s’ils ne se sont pas dit qu’en terminant leur film par une scène de cul, les spectateurs seraient content. On sent un réel désintérêt de la Shaw Brothers pour ce film sans inspiration et assez paresseux, et on comprend bien qu’il n’a été fait que pour faire rentrer un peu d’argent dans trop en dépenser avant la fermeture du mythique studio.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ L’introduction ♥ Des manifestations surnaturelles amusantes |
⊗ Jamais original ⊗ La mise en scène brouillonne ⊗ Le scénario chaotique ⊗ Très cheap |
Malgré son titre qui annonçait un programme alléchant pour les amateurs de bisseries made in Hong Kong, Sex Beyond the Grave est une déception. Un film paresseux et sans inspiration qui ne vaut vraiment le coup d’œil que pour son introduction bien brutale. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film emprunte sans vergogne certains extraits musicaux provenant de Phantasm (1979) et certains effets sonores du film Flash Gordon (1980).
Titre : Sex Beyond the Grave / 風流冤鬼
Année : 1984
Durée : 1h24
Origine : Hong Kong
Genre : Sex ghost sex ghost, you’re my sex ghost
Réalisateur : Dennis Chiu, Lee Tai-Hang
Scénario : Lee Tai-Hang, Shaw Brothers Script Association
Acteurs : Lau Wing, Winnie Chin, Mabel Kwok, Ku Kuan-Chung, Gam Biu, Eva Lai, Leung Jun-Git, Ai Fei, Ding Yue, Tang Mei-Mei, Phillip Ko Fei, Lui Hung, Fong Yue