
Sept réalisateurs, sept regards, sept histoires, une ville : Hong Kong. Initiateur du projet, Johnnie To accompagné de 6 autres réalisateurs unissent, pour la première fois, leurs talents pour composer une symphonie d’histoires en hommage à leur ville. Entièrement tourné sur pellicule, Johnnie To, Sammo Hung, Ann Hui, Patrick Tam, Yuen Woo-Ping, Ringo Lam et Tsui Hark, nous partagent leurs visions d’une ville fascinante, des années 50 à aujourd’hui.
Avis de Cherycok :
Il se sera longtemps fait attendre ce Septet par les amateurs de cinéma de Hong Kong. Déjà au cinéma, avec une sortie maintes fois repoussée pour diverses raisons, dont le Covid. Mais aussi en blu-ray, avec une arrivée chez nous chez Metropolitan / HK Video plus de trois ans après sa sortie initiale. Mais il est enfin là ! Mais pour ceux qui ne connaitraient pas, c’est quoi Septet – The Story of Hong Kong ? Septet, c’est une anthologie divisée en sept histoires, chacune correspondant à une décennie de l’histoire de Hong Kong, racontée du point de vue de gens ordinaires, et réalisés par des metteurs en scène cultes de l’industrie cinématographique de Hong Kong qui vont capturer sur pellicule leurs sentiments personnels pour cette ville. A l’origine, un 8ème segment réalisé par John Woo était prévu, mais ce dernier s’est retiré pour raison de santé et ce segment n’a jamais été produit. Dommage. Alors, Septet, bien ou pas bien ? Si vous aimez le cinéma de Hong Kong, oui !
Le premier segment de Sammo Hung correspond aux années 50 et renvoie directement à son enfance. D’ailleurs, c’est son fils Timmy Hung qui dedans joue le rôle de l’instructeur et un des jeunes apprentis s’appelle Sammo. Il renvoi à l’entrainement de nombreuses stars martiales du cinéma de Hong Kong, ces entrainements extrêmement durs dès le plus jeune âge qu’ils mettront par la suite en pratique dans de nombreux films martiaux. Le deuxième segment de Ann Hui, correspondant aux années 60, nous envoie directement à l’école, avec des enfants en bas âge et des professeurs beaucoup trop gentils et prévoyants avec ces jeunes élèves malgré les bêtises qu’ils pouvaient faire. Ellipse temporelle, nous revoilà de nos jours et ils se souviennent, élèves comme professeurs, de cette époque-là. Le troisième mis en scène par Patrick Tam, et correspondant aux années 80, s’attarde sur une amourette qui se termine car l’un des deux doit partir de Hong Kong pour l’Angleterre. On vit leurs derniers instants ensembles, dans un petit appartement presque vide, et on les voit s’échanger quelques mots, se disputer, se réconcilier. Le quatrième segment, par Yuen Woo-Ping, se situe dans les années 90, l’année de la rétrocession, chez un vieil homme ancien champion d’arts martiaux qui va devoir cohabiter quelques jours avec sa petite fille. Un segment qui parle du choc des générations, mais aussi qu’ensemble elles peuvent cohabiter, en apprendre chacune de l’autre, si bien entendu on décide de s’occuper de nos anciens. Le cinquième segment réalisé par Johnnie To, consacré aux années 2000, met en scène trois jeunes dans un salon de thé qui parlent de la bourse, de vente et d’achat d’actions, en pleine période de virus SRAS. Puis, ce même groupe d’amis, quelques années plus tard, fait de nouveau la même chose. To parle des dérives du capitalisme et de la cupidité et l’absurdité qui en découlent. Dans le sixième segment réalisé par Ringo Lam, sur les années 2010, ce dernier parle du temps qui passe et surtout de la façon dont Hong Kong a évolué trop vite, pas toujours en bien, avec l’histoire d’un homme qui cherche à rejoindre sa femme et son fils en plein Hong Kong, mais qui ne reconnait plus sa ville. Enfin, le septième segment consacré aux années 2020, réalisé par Tsui Hark, se déroule dans un hopital psychiatrique dans lequel vont défiler tout un tas de personnages tous plus excentriques les uns que les autres, aussi bien les patients que les médecins. Une mise en abime qui semble rendre hommage à la folie du cinéma de Hong Kong.
Septet – The Story of Hong Kong est un film sur le temps qui passe et la nostalgie d’une époque révolue. Mais c’est surtout une lettre d’amour à la ville de Hong Kong, comme si ces sept réalisateurs avaient écrit une longue lettre à leur ville, pour exprimer leur amour pour elle, certes, mais aussi leurs regrets, leurs souvenirs. Certains segments se répondent, en traitant parfois des mêmes thématiques mais avec une tonalité différente, et l’ensemble forme un tout assez cohérent. Celui de Sammo a un ton bien plus léger que le Painted Faces (1988) d’Alex Law auquel il semble faire référence. Celui de Ann Hui est lui aussi d’abord léger, mais va prendre un ton plus mélancolique. Celui de Patrick Tam parle de la peur d’avoir des regrets, de la douleur de la séparation, mais aussi des souvenirs qui restent. Celui de Yuen Woo-Ping est léger également, parfois même tout simplement comique, à l’inverse de celui de Ringo Lam, plein de tristesse et de regrets. Celui de Johnnie To est tout simplement cynique, alors que le dernier de Tsui Hark est complètement non-sensique. Certains peuvent paraitre un peu anodin au premier abord, mais au final, par ce qu’ils racontent, par ce qu’ils signifient, ils ne le sont pas. Celui de Ringo Lam, mettant en scène un décès et du deuil qu’il y a derrière, est peut-être celui qui a le plus d’impact quand on sait qu’il s’agit du dernier film du réalisateur, décédé en 2018 peu de temps après le tournage. D’autres sont malheureusement un peu en dessous, celui de Johnnie To d’une part (également producteur de Septet), mais surtout celui de Patrick Tam qui est au final un peu trop niais pour convaincre pleinement. Pour les amateurs de Hong Kong, le casting fait extrêmement plaisir. Car il y a tous ces noms à la réalisation, mais également bon nombre de têtes connues au casting : Sammo Hung, Timmy Hung, Francis Ng, Yuen Wah, Simon Yam, Lam Suet, Tsui Hark, Ann Hui, Lawrence Ah-Mon, Cheunt Tat-Ming et bien d’autres. On pourra néanmoins avoir quelques regrets à propos de Septet. Déjà, pour un film qui parle de Hong Kong, il est dommage de voir aussi peu la ville en elle-même. A part pour le segment de Ringo Lam, les autres se déroulent essentiellement dans des endroits clos (restaurant, appartement, toit d’un immeuble, …). Et puis on regrette réellement qu’il manque John Woo à l’appel, un des réalisateurs qui représente le mieux Hong Kong.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des segments très réussis… ♥ Voir tout ce beau monde réuni ♥ Un film tout doux ♥ Un ensemble homogène |
⊗ … d’autres clairement en deçà ⊗ L’absence de John Woo |
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Septet – The Story of Hong Kong est une chaleureuse expérience que tout amateur de cinéma de Hong Kong se doit de voir. Tantôt drôle, tantôt touchant, parfois émouvant, un regard plein de tendresse sur une ville tant aimée par ces sept réalisateurs. |
SEPTET – THE STORY OF HONG KONG est sorti chez Metropolitan / HK Video en combo blu-ray / DVD au prix de 29.99€ et en DVD au prix de 24.99€. Il est disponible à l’achat ici : ICI En plus du film, on y trouve : Livret de 56 pages, Modules promotionnels, Bandes annonces. |
Titre : Septet – The Story of Hong Kong / 七人樂隊
Année : 2020
Durée : 1h51
Origine : Hong Kong
Genre : Je t’aime Hong Kong
Réalisateur : Tsui Hark, Sammo Hung, Ann Hui, Patrick Tam, Yuen Woo-Ping, Ringo Lam, Johnnie To
Scénario : Tsui Hark, Sammo Hung, Ann Hui, Patrick Tam, Yuen Woo-Ping, Ringo Lam, Johnnie To
Acteurs : Timmy Hung, francis Ng, Sire Ma Choi, Jennifer Yu, Yuen Wah, Ashley Lam, Simon Yam, Mimi Kung, Cheung Tat-Ming, Emotion Leung, Lam Suet, Lawrence Ah-Mon