[Film] Scream, de Wes Craven (1996)


Casey Becker, une belle adolescente, est seule dans la maison familiale. Elle s’apprête à regarder un film d’horreur, mais le téléphone sonne. Au bout du fil, un serial killer la malmène, et la force à jouer à un jeu terrible : si elle répond mal à ses questions portant sur les films d’horreur, celui-ci tuera son copain… Sidney Prescott sait qu’elle est l’une des victimes potentielles du tueur de Woodsboro. Celle-ci ne sait plus à qui faire confiance. Entre Billy, son petit ami, sa meilleure amie Tatum et son frère Dewey, ses copains de classe Stuart et Randy, la journaliste arriviste Gale Weathers et son caméraman Kenny qui traînent tout le temps dans les parages et son père toujours absent, qui se cache derrière le masque du tueur ?


Avis de Cherycok :
Les années 80 sont, pour les slashers, synonymes d’âge d’or mais également de décadence. Les franchises étaient nombreuses, les films isolés également, chacun essayant d’amener soit de la nouveauté, soit ce fameux « toujours plus » (de meurtres / sang / sexe / … ) afin d‘essayer de sortir du lot et d’être remarqué. Sauf que, au bout d’un moment, les films ont fini par tous se ressembler malgré des tentatives de changer le lieu de l’action ou la nature du tueur. Au moment où Scream sort en salle, il y a déjà pas moins de 9 Vendredi 13, 6 Halloween ou encore 7 Freddy. Et ça, c’est que pour parler des plus connus. Les rayons des vidéoclubs étaient envahis de slashers à tel point que le public et la critique n’en pouvaient plus. Le genre s’essoufflait clairement, nous balançant des personnages toujours plus stéréotypés, des tueurs toujours plus invincibles et de la nudité toujours plus gratuite. Scream est venu balancer un bon gros coup de pied dans le genre, redistribuant les cartes en jouant avec les codes, remportant un succès aussi bien critique que public. Le neo-slasher était né aux yeux de tous.

Inspiré de faits réels, celui du cas de l’éventreur de Gainesville en Floride au début des années 90, mais aussi de l’amour du scénariste Kevin Williamson pour le cinéma horrifique, ce dernier écrit un premier jet de scénario qui intéresse rapidement Dimension Films. D’abord appelé Scary Movie, il s’appellera finalement Scream et, comme pas mal de films du genre, il dut faire face à la censure. Retoqué à 9 reprises par la MPAA, Craven et Williamson se voient obligés de couper / changer certaines scènes pour ne pas que leur film écope d’une interdiction aux moins de 17 ans, souvent synonyme d’échec au box-office avant même la sortie ciné. Bien que les producteurs estiment que ces coupes amoindrissent l’impact de certaines scènes, le film est donc un succès au box-office, aussi bien public que critique, rapportant pas loin de 175M$US pour un budget de 14, devenant le slasher le plus rentable jusqu’à la sortie du Halloween version 2018, et même le slasher le plus rentable tout court si on prend en compte l’inflation. Scream apporte un nouveau souffle au genre, le dépoussière tout en se moquant, relançant la carrière de certains acteurs (comme Drew Barrymore), créant immédiatement un culte autour du personnage de Ghost Face. Le déguisement fut d’ailleurs en tête des ventes plusieurs années durant lors des fêtes du genre Halloween. Des figurines ont même vu le jour, à l’effigie des personnages. Mais surtout, Scream a engendré bon nombre de rejetons qui ont surfé sur la vague, de Souviens-Toi l’Été Dernier en passant par Urban Legend et autres Mortelle Saint-Valentin. Même en Europe, nous avons eu droit à des films dans la foulée, comme Promenons-Nous dans les Bois (2000, Lionel Delplanque) pour la France. Bien entendu, un Scream 2 (1997) plutôt réussi, et un Scream 3 (2000) plutôt très raté suivront, et même un Scream 4 sympathique en 2011, une série (3 saisons) très moyenne en 2015 et un 5ème opus en ce début d’année 2022. Consécration, Scream aura même droit à sa saga parodique avec les bien nommés Scary Movie des frères Wayams, 5 films au compteur.

Avec Scream, on nage en plein méta de nombreuses années avant que ce terme devienne à la mode et soit utilisé à tire-larigot. Les personnages ne sont pas conscients d’être dans un film, mais ils sont conscients qu’ils sont les « objets » d’une sorte de fantasme de mise en scène d’une bobine horrifique dirigée par le(s) tueur(s). Wes Craven a très bien compris les codes du genre, il y a participé dans les années 80, et il va jouer avec eux, et surtout faire jouer ses personnages avec eux. Ils vont jusqu’à énumérer les règles que tout amateur de cinéma horrifique des années 80 connait telles que ne pas se séparer, ne jamais dire « je reviens tout de suite », ne jamais avoir de rapport sexuel lors d’une excellente scène qui est également une mise en abime du genre dans sa deuxième partie lorsque le personnage de Randy, possible incarnation du scénariste Kevin Williamson himself, parle au personnage de Jamie Lee Curtis, en lui disant de faire gaffe à certaines choses, alors qu’il regarde Halloween à la télévision. Ce même Randy, lors du final, rappelle que c’est toujours à la fin que le tueur a un dernier sursaut et lance une dernière attaque et, bim, cela se produit. Ce ne sont pas les seuls clichés qui sont moqués / utilisés dans le film. Citons par exemple que les premières victimes sont la blonde physiquement intelligente et son petit ami beau gosse / footballeur ; le tueur, habituellement invincible, va en prendre ici plein la tronche ; le fameux plan-boobs gratuit, très fréquent dans les films d’horreur des années 80, n’aura pas lieu grâce/à cause d’un jeu de cadrage ; … Bref, on s’amuse tout autant à les chercher, à rire, que Craven / Williamson se sont amusés à les détourner. L’humour noir fonctionne d’ailleurs à plein tube, pour peu bien entendu qu’on y soit sensible, soit dans les situations parfois grotesques (les gros taquets que prend Ghost Face), que dans les dialogues plein de sous-entendus et de références. Parmi ces références, nombreuses, on pourrait parler de Psychose (1960), qui est cité, mais aussi visuel avec le plan sur l’œil reflétant Ghost Face, mais aussi Leatherface (uniquement cité dans la VO), Les Griffes de la Nuit (Craven fait un cameo habillé comme Freddy), Frankenstein, Evil Dead, Dracula, Hellraiser, Fog, Le Bal de L’Horreur, Carrie, Candyman, Hurlements, ou encore, bien entendu, Halloween. Linda Blair (L’Exorciste) fait même un petit cameo.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting frais
♥ L’utilisation intelligente des codes
♥ Les références nombreuses
♥ L’humour
♥ Les personnages
⊗ Tombe dans certains des clichés qu’il moque
Bref, tout ça pour dire que Scream est un film devenu immédiatement culte, fichtrement intelligent, rempli de scènes et de dialogues mémorables, qui n’a pas pris une ride malgré ses 25 ans d’âge. Un classique du cinéma horrifique jouant avec les codes comme personne.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Dans les années qui ont suivi la sortie de Scream et de ses suites, ils ont été accusés d’inspirer, voire de provoquer, des crimes et des meurtres violents qui se sont inspirés du film.

• C’est sur le tournage de Scream que les comédiens David Arquette et Courteney Cox se sont rencontrés et ont entamé une relation amoureuse qui durera jusqu’en 2013, année de leur divorce.

• La scène de la fête vers la fin du film dure quarante-deux minutes. Elle a été tournée en vingt et un jours, du coucher au lever du soleil. Après le tournage, l’équipe a fait fabriquer des t-shirts sur lesquels on pouvait lire « I SURVIVED SCENE 118 » (qui était le nom de la scène pendant le tournage). Les acteurs et l’équipe l’ont appelée en plaisantant « La nuit la plus longue de l’histoire de l’horreur ».

• Matthew Lillard a obtenu le rôle de Stu Macher par hasard, après avoir accompagné sa petite amie de l’époque à une audition sans rapport qui se déroulait ailleurs dans le même immeuble. La directrice de casting Lisa Beach a vu Lillard dans le couloir et lui a demandé d’auditionner pour le rôle. Il est entré dans le rôle avec une « incroyable férocité ».

• Après l’attaque dans les toilettes de l’école, il y avait une scène dans le scénario où Sidney fait irruption dans le bureau du directeur et rapporte l’incident, en criant à l’aide. Bien que cette scène n’ait pas été incluse dans le montage final, elle explique pourquoi le directeur a finalement décidé de suspendre les cours et de renvoyer les élèves.



Titre : Scream
Année : 1996
Durée : 1h51
Origine : U.S.A
Genre : Le renouveau du genre
Réalisateur : Wes Craven
Scénario : Kevin Williamson

Acteurs : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Skeet Ulrich, Rose McGowan, Matthew Lillard, Drew Barrymore, Henry Winkler, Live Schreiber

 Scream (1996) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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