Vingt-cinq ans après que la paisible ville de Woodsboro a été frappée par une série de meurtres violents, un nouveau tueur revêt le masque de Ghostface et prend pour cible un groupe d’adolescents. Il est déterminé à faire ressurgir les sombres secrets du passé.
Avis de Cherycok :
Scream premier du nom avait relancé la mode des slashers et on avait vu fleurir une tripotée de clones plus ou moins (surtout moins) réussis. Suivirent rapidement Scream 2, puis un Scream 3. Alors qu’on pensait en avoir fini avec la saga, Wes Craven décide en 2011 de faire un Scream 4. La trilogie Scream se moquait d’un genre tout en lui rendant hommage, Scream 4 se moquait un peu de lui-même, tout en continuant de rendre hommage au genre et de s’en moquer. Mais déjà, bien que ce 4ème opus restait divertissant, la formule tournait en rond et n’avait plus vraiment grand-chose à dire car on avait vraiment cette impression de redite. Pourtant, un Scream 5 est mis en chantier, et après moult péripéties, il débarque en 2022, perd son « 5 » pour s’appeler tout simplement Scream, comme le premier film. Reset de la série ? Simple Reboot ? Vraie suite ? Rien de tout ça puisqu’il s’agit ici d’un « requel ». Vous ne savez pas ce que c’est ? On va tenter d’évoquer la chose bien que, au final, ce nouveau Scream ne mérite pas réellement qu’on s’y attarde tant il est mauvais.
Alors qu’est-ce qu’un requel ? Pour faire court, il s’agit d’une contraction des termes reboot et sequelle. Oui voilà, en gros un film qui est à la fois un reboot et une suite. Si on en croit ce qu’on lit ci-et-là sur la toile, ce sont des films qui ont envie de revenir à la source d’une franchise, de jouer du coup avec la nostalgie en incluant par exemple des acteurs des films originaux, tout en étant complètement contemporains, en présentant de nouveaux personnages (qui seront dans les suites de ce requel si suite il y a) et en utilisant les technologies d’aujourd’hui, en montrant qu’il y a un héritage. Certains l’ont déjà fait, le plus célèbre exemple étant la 3ème trilogie Star Wars initiée en 2015 par J.J. Abrams. En gros, on fait du neuf avec du vieux et on fait du vieux avec du neuf. Ouais, sont forts à Hollywood. Mais les deux réalisateurs et les deux scénaristes vont rajouter à leur film quelque chose qu’on a déjà vu il n’y a pas longtemps dans le dernier Matrix de Lana Wachowski, c’est-à-dire une critique de ce qu’est devenu le système hollywoodien, en s’intéressant par exemple à la nouvelle vague de films d’horreur de ces dernières années pour encore plus appuyer la perte de vitesse des neoslasher post-scream au profit de films d’horreurs plus intellectuels, souvent avec un message fort et vers lesquels s’est tournée une partie du public. Pour cela, il va une fois de plus utiliser le « film dans le film », procédé qui avait déjà été utilisé dans les précédents Scream puisqu’ils parlaient de la franchise Stab, qui s’inspirait des faits du premier film Scream. Les personnages vont être conscients qu’ils sont dans un film d’horreur puisque ce qui leur arrive est déjà arrivé et a même déjà été adapté en film. Ils connaissent tous les codes du cinéma horrifique, à l’instar du personnage de Randy dans le premier et deuxième opus, citent sans cesse les évènements passés afin de mieux rebondir sur le présent, … Le premier film Scream (ainsi que le 2ème) faisait des références à de nombreux films d’horreur connus, tels qu’Halloween ou Freddy. Ce nouveau Scream va encore plus loin. Il continue de citer à outrance des bobines horrifiques connues, soit ouvertement via les dialogues, soit via des clins d’œil le temps d’une scène ou d’un plan. Le gros problème, le très gros problème même, c’est que sa critique, c’est que ses références, nous arrivent dans la gueule comme un 33 tonnes lancé à fond la caisse.
Ce Scream marque par son manque de finesse totale, nous crachant à la gueule son surplus de références sans jamais essayer de les diluer correctement dans son propos. Certains personnages s’appellent comme d’autres personnages de la saga ; certaines scènes font écho plan par plan à des scènes du premier film ; même chose avec la fameuse musique Red Right Hand de Nick Cave qui retentit le temps d’une scène ; lorsqu’un personnage regarde le casting de Stab sur IMDB, les acteurs qui apparaissent ont tous fait des cameos dans la saga Scream ; … c’est du quasiment non-stop et l’overdose arrive très rapidement. Ce Scream va donc nous faire un constat et une critique du système hollywoodien, ce qui en soi n’est pas une mauvaise chose. Il critique tous les codes actuels et va à fond dans le meta comme l’a fait le dernier Matrix. Sauf qu’il ne sait pas quoi faire de tout ça et se lance la tête la première dans ce qu’il critique à un point que ça en devient risible. Il se moque des clichés mais les utilise tous à un point que le film en devient prévisible du début à la fin. [SPOILER ALERT] C’est simple, nous avions l’identité des tueurs (oui, « des », pourquoi faire original) dès la première demi-heure de film. Et pourquoi faire revenir Billy Loomis, même sous forme de « visions ». [FIN SPOILER ALERT]. Et pourquoi tout le monde semble être le cousin, le neveu, l’enfant, le parent, d’un autre personnage de la saga ? Pour reprendre une expression de quelqu’un de l’équipe, on se croirait chez les consanguins du Nord (vive les clichés !). En ce qui concerne le film en lui-même, il est donc sans aucune surprise et surtout très énervant. Les personnages prennent toujours les décisions les plus cons qui soient et semblent tous avoir 2 de QI. Pas un pour rattraper l’autre. On a des incohérences comme s’il en pleuvait au point qu’on se demande comment c’est possible. Certaines voix se sont élevées sur la toile, prônant le fait que tout cela était volontaire, que le film était volontairement mauvais pour appuyer ce qu’il critique. La même chose a été dite pour le dernier Matrix d’ailleurs. Personnellement, je n’y crois pas une seconde. C’est juste complètement raté et utiliser des dizaines de millions pour ce genre de chose serait tout bonnement honteux alors qu’il suffirait de parler de tout cela lors d’interviews ou d’émissions plutôt que de mettre en scène un suicide cinématographique. On en parle du retour des anciens ? Entre une Courteney Cox au visage difforme, un David Arquette fatigué et une Neve Campbell pas impliquée, non, mieux vaut ne pas en parler, ça serait se fatiguer pour rien.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le costume de Ghostface ♥ On s’amuse à repérer les références |
⊗ Tout est prévisible ⊗ Tout est grossier ⊗ Tout est raté ⊗ Encore pire que le 3 |
Ce nouveau Scream est un film extrêmement irritant, voire énervant, tant il ne sert strictement à rien et se foire sur tout ce qu’il tente. Cette nouvelle mode des requels semble encore pire que celle des remakes et autres reboots et il serait grand temps que Hollywood se remette en question. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Les références à d’autres films sont extrêmement nombreuses. En voici quelques-unes : Mister Babadook, The Witch, It Follows, Hérédité, Star Wars Episode 8, les 4 premiers Scream, Vendredi 13, la saga Fast & Furious, Psychose, Halloween, Sueurs Froides, L’Invasion des Profanateurs, Le Blob, Jurassic World, Terminator : Dark Fate, Black Christmas, L’Expérience Interdite, et de nombreux autres.
• Devant le succès de ce 5ème opus, un 6ème film est rapidement annoncé. Neve Campbell et Courteney Cox seront de retour. Le tournage devrait commencer le 6 juin 2022 pour une sortie le 31 mars 2023.
• C’est le premier film Scream qui n’a pas été réalisé par Wes Craven, qui est décédé en août 2015 des suites d’un cancer. Le personnage de Wes a été nommé en son honneur et le film lui est dédié dans le générique de fin.
• Lorsque Tara répond pour la première fois à l’appel de Ghostface, le tueur dit s’appeler Charlie et être un ami de sa mère. Dans Scream 4 (2011), Charlie est le nom d’un des deux tueurs déguisés en Ghostface.
Titre : Scream
Année : 2022
Durée : 1h54
Origine : U.S.A
Genre : Trop c’est trop
Réalisateur : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett
Scénario : James Vanderbilt, Guy Busick
Acteurs : Melissa Barrera, Jack Quaid, Mikey Madison, Jenna Ortega, Dylan Minnette, Jasmin Savoy Brown, Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette