Un soir, Drew Becker reçoit un appel anonyme d’un maniaque. Traquée dans sa maison, puis dans son jardin, elle finit par se faire tuer. Sa mort plonge ses camarades de lycée en plein cauchemar, d’autant qu’ils doivent désormais faire face à un tueur en série, caché parmi eux. Flairant le scoop, la journaliste Gail Hailstorn débarque en ville, bien décidée à harceler Cindy Campbell et ses amis à propos de cette histoire…
Avis de John Roch :
Dans la forme, Scary Movie n’a rien de nouveau. En effet, pour y voir son prédécesseur spirituel, il faut remonter au début des années 80, au tout début même. 1980 donc, est marqué par deux énormes succès pour la Paramount : Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? et Vendredi 13. La même Paramount sort l’année suivante un film qui combine les deux genres: 13 Morts Et Demi, qui sera loin des scores des deux univers qu’il mélange à savoir l’humour des ZAZ qui est alors en plein apogée, et le slasher movie qui lui était (déjà) sur la voie de la pente descendante. Non, dans le forme, et bien que 13 Morts Et Demi soit toujours aussi méconnu aujourd’hui (à raison, le film ne tenant clairement pas la distance sur la longueur mais ça, c’est une autre histoire), Scary Movie n’a rien inventé. En revanche, dans le fond, il y a quelque chose d’intéressant. Scary Movie est produit par les Frères Weinstein via Dimension Films, les mêmes qui ont mis des billes dans Scream. Pas con, car vu le succès colossal de Scream qui a initié un genre à lui seul (le néo slasher et même le méta, et pas que, slasher bien avant que ce terme ne devienne à la mode), une parodie aurait forcement vu le jour à un moment ou à un autre. Et vu le succès de Scary Movie qui a rapporté plus que les films qu’il pastiche, Dimension Films a bien fait d’anticiper cette donnée. Une parodie à priori casse gueule puisque Scream, sans en être une à proprement parler, se moquait déjà ouvertement du slasher movie tout en le dépoussiérant. Mais ce détail, les frangins Wayans ça ne les a visiblement pas effrayé et en plus de tourner en dérision non seulement le néo slasher mais aussi d’autres succès d’antan, ils vont y injecter leur humour qui vise le plus souvent le dessous de la ceinture, plus précisément le contenu du slip (ou du boxer selon vos préférences vestimentaires). Alors si vous n’êtes pas réceptifs à ce type d’humour, vous partez déjà perdant. Un humour qui pourrait aujourd’hui être qualifié de misogyne, de capacitiste, de grossophobe, d’homophobe, et de plein de mots qui se finissent en phobe (il est d’ailleurs étonnant que la jeune génération n’est pas dégainé twitter pour le faire savoir) qui montre que Scary Movie serait un film tout simplement infaisable de nos jours. Mais ça démontre surtout qu’on savait se marrer à l’époque. Et oui, ce film fait partie des choses qui nous ferait dire « c’était mieux avant », et Scary Movie, bien qu’il ne soit pas nécessairement dans le top du top du spoof movie (la comparaison avec les meilleurs travaux des ZAZ n’a même pas lieu d’être) et qu’il ait vieilli sur certain aspects, confirme ces dires.
Scary Movie, titre qui pour rappel était le working title de Scream, prend pour base ce dernier en y incorporant les gros succès de l’époque. La trilogie Scream donc, la vague du néo slasher, mais aussi d’autres choses tels Le Projet Blair Witch, Matrix, ou la teen comédie type American Pie. Dans la forme, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment de scénario. En temps que colonne vertébrale, Scary Movie reprend vaguement l’intrigue du premier Scream mais dans les faits, le récit n’est pas vraiment structuré. En résulte un métrage parodique dont il ressort d’avantage un effet de compilation plutôt qu’un film vraiment écrit. Vous me direz, on est dans un spoof movie et ce n’est pas forcement le plus important le scénario dans ce genre de film, mais c’est peut-être là la différence entre un film du genre réussi ou non. Si l’on prend les métrages des ZAZ, le trio Zucher-Abraham-Zucher mettait leur humour au service du scénario en pastichant mais aussi en inventant des gags. Dans le cas Scary Movie, l’exercice est bien plus simple puisque, grosso merdo, il reprend des pans entiers de scènes existantes en changeant les dialogues et en y incorporant des gags un peu faciles par moments. La parodie de Matrix n’a par exemple rien de folle et ressemble à toutes celles qui ont précédées (parodies faites maison comprises) et suivies. Quant à la scène qui reprend le Projet Blair Witch, si celle-ci commence de manière hilarante (en partant sur la base d’un reportage à la Cops), elle s’avère être décevante, pour ne pas dire paresseuse, et facile. On citera également cette parodie de la pub Budweiser, qui ne vous parlera pas dit comme ça, mais si je vous appelle pour vous crier dans l’oreille « wazaaaa », il y a des chances que vos souvenirs remontent à la surface. C’est surtout l’occasion de constater que, en plus de ne pas être forcement drôle (d’autant plus dommage que la scène aurait parfaitement marché sans), l’humour qui se base sur un buzz ou un mème vieillit incroyablement mal et devient quasi instantanément obsolète. D’absence d’écriture, on le ressent également dans les personnages puisqu’une bonne partie se révèle être sans intérêt, certains ayant vu une bonne partie de leurs scènes lourdées au montage (la Gail Wheathers du métrage en perd tout son intérêt), scènes coupées à raison mais aussi parfois à tort. Mais pourtant Scary Movie fonctionne et parvient à faire marrer, et plus d’une fois.
Personnages toujours, certains sont tout simplement hilarants. Le tueur en premier lieu : soit bourré, soit défoncé, qui peine à non seulement chopper ses victimes, à les tuer (si elle ne le font pas elles mêmes) ou ne serait-ce que de les terrifier. Coté Wayans, Marlon et Shawn se sont attribués de bons rôles Si Shorty, le fumeur de bédos qui a la weed dans le sang, ravira les fumeurs de ganja tout en étant parfois crispant, Ray est l’un des trois personnages hilarants du début à la fin. Sorte de gay à peine refoulé, tous ses dialogues et ses interactions avec les autres protagonistes, qui se terminent systématiquement par une vanne ou une action qui trahissent son homosexualité qu’il a définitivement du mal à cacher, sont parfois à tomber. On citera également Doofy, émule du Dewey de Scream. Déjà un peu teubé dans la trilogie de Wes Craven, il est ici un demeuré complet adepte de la branlette électroménagère. Mais si il fallait n’en citer qu’une, ce serait sans aucun doute l’héroïne de Scary Movie : Cindy. Pas tant le personnage en lui même, mais l’actrice qui l’incarne. Pour ses vrais débuts au cinéma après une petite poignée de rôles mineurs, Anna Faris confirme d’emblée quelle excellente comédienne elle est, ce que confirmera la suite de sa carrière, logiquement dans la comédie après le succès de Scary Movie, mais aussi dans des registres plus dramatiques (voir le superbe May, qui a également révélé deux autres acteurs plus que talentueux : Angela Bettis et Jeremy Sisto). En ce qui concerne l’humour en général, en dépit de quelques faiblesses, Scary Movie s’en tire avec les honneurs… si toutefois vous appréciez l’humour qui porte sur le cul. Dans ce domaine, les Wayans ne sont pas les derniers pour la déconne. Ainsi chaque dialogue et chaque gag a pour chute une blague à caractère sexuel, parfois même un peu trash. Les Wayans accouchent également de vannes et situations typiques de l’humour black US dans certains gags vantant les privilèges des blancs dans la société Américaine. Peut être ce qui a de plus subtil dans Scary Movie, mais rassurez-vous, dans le fond seulement, car dans la forme ça reste très con, mais du très con très bon. Si certaines ne fonctionnent pas, les scènes parodiques demeurent tout de même en général assez réussies et parfois inattendues, avec notamment un freestyle qui vire au massacre à s’en exploser la vessie ([…]« si ça téléphone décroche pas ma conne, ta gorge je vais l’égorger, ton cul je vais le défoncer, ton prépuce je vais en faire une capuche pour les puces »[…]… je ne m’en lasserai jamais), ou le final qui reprend celui de Scream mais qui va encore plus loin en amenant une succession de twists qui permet de ne pas faire dans la redite par rapport au modèle. Scary Movie n’est donc pas ce qui s’est fait de mieux en matière de film parodique si on le compare aux ténors du genre, certains gags ont vieilli et d’autres ne marchent pas tout le temps, mais ça fonctionne tout de même et le métrage livre des passages à l’humour parfois (bon ok… tout le temps) très con mais ô combien jouissif, en plus de proposer quelques scènes parfois un peu trash que l’on est pas prêt de revoir de sitôt au cinéma. Un métrage à revoir de temps à autres, juste comme ça pour le fun et passer un bon moment quelque part entre le rire et la nostalgie d’un humour qui se perd de plus en plus.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des parodies de films qui fonctionnent ♥ Très con, mais très drôle ♥ Quelques personnages hilarants ♥ Anna Faris, une révélation ♥ Un peu trash sur les bords |
⊗ Quelques parodies qui fonctionnent moins ⊗ Il n’ y pas vraiment de scénario ⊗ Allergiques à l’humour qui porte quasi exclusivement sur le cul, passez votre chemin |
Bien qu’il ait un peu vieilli, Scary Movie reste un film parodique toujours aussi tordant, à condition de toutefois adhérer à un humour peu subtil et très con, mais très drôle. Un film à voir et à revoir pour rire de choses impensables aujourd’hui et de constater que définitivement, on savait bien plus se marrer avant. |
Titre : Scary movie
Année : 2000
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : Spoof movie
Réalisateur : Keenen Ivory Wayans
Scénario : Shawn Wayans, Marlon Wayans, Buddy Johnson, Phil Beauman, Jason Friedberg et Aaron Seltzer
Acteurs : Anna Faris, Jon Abrahams, Shawn Wayans, Marlon Wayans, Dave Sheridan, Regina Hall, Lochlyn Munro, Kurt Fuller, Shannon Elizabeth, Carmen Electra