Cinq criminels kidnappent un pilote d’avion et sa fille pour fuir jusqu’au Mexique mais l’un d’eux décide de fuir et saute en parachute avec l’argent qu’ils ont volé auparavant. Décidé à le retrouver, ses anciens complices forcent l’avion à se poser. Mais ils ne tardent pas à tomber sur une étrange ferme déserte gardée par des épouvantails menaçants.
Avis de Cherycok :
Avant de me lancer dans Scarecrows, j’ignorais tout du film. Je ne connaissais ni le casting, ni le scénario, et je n’avais pas vu une seule image. La seule chose que je savais c’est que, malgré une sortie très discrète à l’époque, le film a acquis au fil des années une certaine réputation chez les amateurs de films d’horreur. Certains n’hésitant pas à ajouter le mot « culte » lorsqu’ils parlent du film. Mais nous connaissons tous l’exagération de certains fans, surtout sur Internet, donc le mieux est de juger par soi-même. Je décide donc de me lancer et découvre avec joie que, même si on est loin du film culte que certains défendent avec ferveur (il n’y a qu’à voir les commentaires sur IMDB), Scarecrows possède bien des atouts pour lui faire sortir la tête de la jungle des très nombreux films horrifiques sortis dans les années 80.
Premier film de la très courte filmographie William Wesley puisqu’il n’a à son actif qu’un seul autre film, Route 666 (2001), Scarecrows va nous raconter les mésaventures de cinq anciens commandos qui, après avoir volé un joli pactole, kidnappent un pilote d’avion et sa fille afin que ces derniers les amènent au Mexique où ils pourront profiter des joies de la mer bleue et des tequilas loin de leurs poursuivants. Mais alors qu’ils survolent tranquillement de nuit des étendues verdoyantes, l’un d’eux décide de les doubler et saute en parachute avec tout le pognon. Il trouve refuge dans une maison semblant abandonnée au milieu d’un champ de maïs dans lequel trônent moult épouvantails inquiétants. Ses anciens compagnons se décident rapidement à le retrouver et se posent non loin de là. Tous vont se rendre compte très rapidement qu’il se passe des choses très étranges dans le coin. Des choses pas très rationnelles. Des choses qui vont rapidement devenir très dangereuses…
Scarecrows se divise clairement en deux parties. La première, qui débute par une excellente introduction où le générique est entrecoupé de scènes du film pendant qu’une voix semblant sortir d’une radio plante le décor, est une sorte de chasse à l’homme. Le fuyard essaie de s’échapper comme il le peut pendant que ses anciens coéquipiers tentent de l’intercepter pour lui faire payer cette trahison. Déjà, on y sent bien que les épouvantails ne sont pas de simples épouvantails, qu’ils vont se réveiller et faire verser le film dans l’horreur. Le décès du fuyard va initier la deuxième partie qui fera effectivement basculer Scarecrows dans une ambiance plus oppressante, plus inquiétante, plus sanglante.
Malgré une mise en scène un peu plate, Scarecrows va énormément jouer sur l’ambiance, aidé par un score très bien distillé rappelant parfois celui de The Thing made in Ennio Morricone. William Wesley va nous gratifier de très jolis plans, parfois bien trouvés, en jouant énormément avec le faible éclairage, le film se déroulant entièrement de nuit. Malgré cette obscurité omniprésente, le film arrive à être la plupart du temps très lisible en partie grâce à la très bonne photographie du jeune Peter Deming, qui tenait déjà ce poste l’année précédente sur Evil Dead 2 de Sam Raimi. Ce visuel quasi sans faute permet au film d’éviter le côté fauché du maigre budget qui était alloué au réalisateur, entre 400000 et 500000$US. Le film a déjà trente ans et, si on enlève certaines coupes de cheveux très typées 80’s, il ne semble pas avoir vieilli.
William Wesley soigne son ambiance en créant une atmosphère quasi claustrophobique. Il insiste lors de longs plans fixes sur les « visages » inanimés des épouvantails et prend un malin plaisir à ne donner aucune explication sur les phénomènes étranges. On n’en aura jamais, si ce n’est ces (trop) nombreux plans sur la photo des trois fermiers qu’on devine bien évidemment liés aux épouvantails, et le film préfère conserver le mystère quant à la malédiction présente autour de cette cabane.
Scarecrows ne fait pas vraiment peur (ou alors se rate en essayant de le faire) et ne joue pas sur les jumpscares (ou alors se rate là aussi en essayant de le faire). C’est uniquement l’ambiance générale du film qui arrive à créer un climat oppressant chez le spectateur et on a presque l’impression d’être à huis-clos dans un espace pourtant ouvert où des humains tentent d’échapper à des épouvantails qui prennent vie et qui ont décidé de leur réserver un sort des plus funestes : être entièrement vidés et empaillés, comme des… épouvantails. On est surpris de la très bonne qualité des effets gores, parfois bien craspecs mais surtout très inventifs. Même s’ils ne sont au final pas si nombreux que ça et plutôt furtifs, un soin tout particulier leur a été apporté, leur donnant encore plus d’impact lorsqu’ils arrivent. William Wesley évite surtout de tomber dans le grand-guignolesque et le ridicule.
On ne peut pas en dire autant du casting plus que moyen, voire mauvais pour certains acteurs comme Kristina Sanborn dont c’est le seul et unique film ou encore Victoria Christian qui aura une carrière guère bien plus prolifique. D’autant qu’ils ne sont pas aidés par les réactions particulièrement stupides de leur personnage. On sait bien que c’est une constante dans les films d’horreur, cela pourrait parfois même être justifié par certains évènement étranges du scénario, mais on tombe malgré tout souvent dans le grotesque. Il y a d’autres moyens plus crédibles, certes peut-être moins faciles, d’amener des personnages à une mort atroce et douloureuse…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ L’ambiance visuelle et sonore ♥ Les effets gores ♥ Jamais kitch malgré le budget |
⊗ Le jeu des acteurs ⊗ Le scénario quelconque |
Même si on n’ira pas jusqu’à dire que c’est un film culte comme on peut parfois le lire sur la toile, Scarecrows est une sympathique série B horrifique qui permet de passer un bon moment devant son écran. Dommage que son réalisateur William Wesley n’ait pas été plus prolifique. |
Titre : Scarecrows
Année : 1988
Durée : 1h23
Origine : U.S.A
Genre : Promenons-nous dans les champs
Réalisateur : William Wesley
Scénario : William Wesley, Richard Jefferies
Acteurs : Red Vernon, Michael David Simms, Richard Vidan, Kristina Sanborn, Victoria Christian, David Campbell, B. J. Turner