Un avion s’écrase dans la zone frontalière entre la Birmanie et la Thaïlande où la loi est dictée par les diverses guérillas et autres narcotrafiquants. Un groupe de survivants qui a la particularité d’être composé de gays et transsexuels est récupéré par un groupe de guérilleros apparentés aux Karens. Un commando envoyé par l’armée thaïlandaise part à leur recherche… dans une course poursuite à travers la jungle hostile du Triangle d’or.
Avis de Laurent :
Saving Private Tootsie est malheureusement un film condamné au marché Thaïlandais de par son sujet fantaisiste, son abominable titre qui plagie le grand succès de Spielberg de l’époque, et surtout sa jaquette présentant le film comme un énième nanar thaïlandais au mauvais goût affiché et à l’humour vulgaire.
Les premières minutes du visionnage nous confortent dans nos à priori négatifs. On semble se diriger vers une mauvaise comédie locale à l’humour hermétique pour nous pauvres occidentaux avides d’exotisme ou de sensations fortes. Le film débute sur un flash info où les principaux protagonistes commencent à raconter leur calvaire suite à l’accident d’avion. Le film est long à démarrer, les personnages sont une caricature agaçante de la communauté gay thaïlandaise et l’humour, à base de pets, est graveleux au possible. Mais sans que le spectateur ne se doute de rien, le film tourne à l’authentique film de guerre très souvent filmé en caméra subjective qui plonge le spectateur dans l’immersion la plus totale. Filmé parfois tel un documentaire, Saving Private Tootsie passe radicalement de la fantaisie à l’horreur réaliste du monde de la guérilla et de la vie très difficile des minorités opprimées de la jungle birmane. Il faut savoir que, depuis une cinquantaine d’années, l’Est de la Birmanie est une zone de non droit où la junte militaire opprime dans l’indifférence générale les minorités locales et plus particulièrement les Karens qui se réfugient fréquemment de l’autre côté du Mékong en territoire Thaïlandais.
Le réalisateur nous fait l’honneur de mettre en avant ce conflit de l’ombre sous un œil particulièrement neutre et donc très loin du patriotisme exagéré des productions locales (tels les très bons Bangrajan et La Légende de Suriyothaï) en présentant le côté humain des rivaux historiques birmans jusqu’alors caricaturés le plus souvent en brutes impitoyables et sanguinaires. La communauté gay est, elle aussi, à l’honneur. Jusque-là ridiculisée, elle va, au fur et à mesure que le métrage avance, s’émanciper pour prendre elle-même la conduite du groupe de fuyards et se place au-dessus de cette rivalité légendaire entre Thaïs et Birmans pour être finalement le véritable lien entre les deux nations rivales (cf. la love story entre un guérillero et un transsexuel).
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ La mise en scène ♥ Le message du film ♥ L’absence de patriotisme exacerbé |
⊗ Peut-être trop de twists ⊗ Les 20 premières minutes |
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| En définitive, bien que peu remarqué hors de Thaïlande, ce deuxième long métrage de ce réalisateur inconnu est une véritable réussite bien loin des clichés de Iron Ladies mais surtout beaucoup plus sérieux et engagé. | |
Titre : Saving Private Tootsie / พรางชมพู กะเทยประจัญบาน
Année : 2002
Durée : 1h37
Origine : Thaïlande
Genre : Drame / Guerre / Comédie
Réalisateur : Kittikorn Liasirikun
Scénario : Kittikorn Liasirikun
Acteurs : Sorapong Chatree, Akara Amarttayakul, Seri Wongmontha, Ornnapa Krissadee, Thongthong Mokjok, Kowit Wattanakul, Ad Carabao, Theeradanai Suwannahom
