[Film] Samaria, de Kim Ki-Duk (2004)


Jae-yeong est une jeune fille encore insouciante : désireuse de s’envoler pour l’Europe, elle n’a pas trouvé de moyen plus simple et plus rapide que la prostitution pour parvenir sans mal à ses fins. Elle prend le tout avec calme et naïveté, bientôt convaincue d’être capable, à l’image de prostituées légendaires, d’apporter bonheur et félicité à ses nombreux clients. Yeo-jin, sa meilleure amie mais aussi sa plus proche collaboratrice, voit bientôt d’un très mauvais œil les esquisses de relations que Jae-yeong tente de tisser avec ces hommes traversant épisodiquement sa vie.


Avis de Oli :
Kim Ki-Duk ne peut rien faire comme tout le monde. Aussi je ne m’attendais pas à un simple nouveau film sur cette prostitution adolescente et volontaire, genre difficile mais qui commence à être assez couru en raison du développement de ce phénomène dans l’Asie entière (Japon, Taiwan, et bien évidemment Corée du Sud). Kim Ki-Duk prend ainsi bien vite ses distances avec deux films ayant marqué le genre ces dernières années : il n’a opté ni pour le récit très riche et truffé de personnages d’ALL ABOUT LILY CHOU-CHOU (Iwai Shunji), ni pour le parti pris du documentaire (BOUNCE KO GALS, de Harada Masato). Bien entendu, il ne faut pas non plus s’attendre à un simple point de vue critique vis-à-vis du phénomène de la prostitution volontaire de ces jeunes adolescentes : Kim Ki-Duk ne pouvait se contenter de cela, le phénomène d’ailleurs ne pouvant se résumer à cela, le problème étant d’une complexité rare.

Le film démarre pourtant comme un énième BOUNCE KO GALS : deux jeunes filles, l’une vendant son corps, l’autre arrangeant les rendez-vous malgré elle, le tout bien entendu non pour survivre, mais pour se payer le luxe d’un voyage en Europe. D’un côté la jeune Jae-yeong, pleine de vie et de naïveté, convaincue d’œuvrer pour le meilleur, ne voyant le mal nulle part, et surtout pas dans ces hommes qu’elle se propose de conforter amoureusement. De l’autre côté il y a Yeo-jin : plus terre à terre, plus inquiète aussi. Elle aide son amie dans l’organisation des rendez-vous, elle monte également la garde devant les appartements, juste au cas où un flic serait tenté de s’intéresser trop à elles. Bien évidemment sa démarche semble dictée par une amitié (amour ?) sans bornes pour sa jeune amie, et plutôt que de rester à l’écart d’un système qui la dégoûte, elle préfère y plonger les deux pieds en avant par peur de perdre son espiègle Jae-yeong pour toujours. Le récit va alors évoluer dans des directions que l’on ne pouvait soupçonner au départ, aussi je ne vous en parlerai pas plus dans les détails : de multiples émotions vont traverser les protagonistes, un personnage un peu à l’écart va bientôt se recentrer dans l’histoire, il y aura des larmes, des tensions, des retrouvailles aussi. Le tout bien entendu sous l’œil affiné de Kim Ki-Duk, baladant majestueusement sa caméra depuis Séoul jusqu’à ces montagnes magnifiques et reculées, s’imposant alors comme des camps retranchés de la folie humaine.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène
♥ Le duo d’actrices
♥ La justesse du propos
⊗ …

Si Kim Ki-Duk signe avec SAMARIA une œuvre parfaitement maîtrisée, ce n’est sans doute pas le meilleur film de l’année, ni même le long métrage le plus intéressant de son réalisateur : mais qu’importe. Le film parvient à transporter ses spectateurs, à les faire réfléchir, à les émouvoir également : n’est-ce pas là tout ce que l’on est en droit de demander au cinéma ?



Titre : Samaria / Samaritan Girl / 사마리아
Année : 2004
Durée : 1h35
Origine : Corée du Sud
Genre : Drame humain
Réalisateur : Kim Ki-Duk
Scénario : Kim Ki-Duk

Acteurs : Lee Eol, Kwak Ji-Min, Han Yeo-Reum, Oh Yong, Kim Yoo-Jin, Son Young-Soon, Jung In-Gi, Kim Ki-Doo, Han Chang-Hyun, Kim Gui-Seon

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Auteur : Oli

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