Deux amis d’enfance vivant de petits boulots se retrouvent sans emploi et fauchés. Le jour où le père de l’un d’eux tombe gravement malade et qu’une opération onéreuse s’avère nécessaire, les deux hommes décident de s’associer en créant une société qui va permettre aux particuliers de résoudre leurs petits et grands tracas de la vie quotidienne.
Avis de Cherycok :
Basé sur la nouvelle « Vengeance is Mine Inc. » de Roald Dahl, Sale Boulot fait partie de ces bobines passées inaperçues chez nous mais qui ont pourtant acquis un statut de film culte aux États-Unis. Pourtant, au départ, c’était mal barré. A cause de guéguerres entre certains acteurs et la grosse chaine américaine NBC, cette dernière a refusé de faire de la publicité pour la sortie du film ; à cause de souci avec la censure pour ne pas que le film soit Rated R (interdit aux moins de 17 ans qui ne sont pas accompagnés d’un adulte), le film a dû être remonté, parfois redoublé, et du coup repoussé, ce qui l’a placé en face de mastodontes tels que Godzilla de Roland Emmerich pour sa sortie ciné. Sale Boulot est arrivé péniblement à 13 millions de recettes pour 13M de budget (sans compter la campagne promo), pas aidé par des critiques largement négatives à sa sortie. Mais petit à petit, le succès en vidéo aidant, il a fini par devenir un film culte pour bon nombre d’américains et a même été réévalué par certains critiques professionnels. De mon côté, j’avoue ne pas avoir accroché à l’humour du film ce qui, pour une comédie, est quand même un peu problématique. Je pourrais même dire que j’ai trouvé ça un peu nul…
L’histoire se base en gros sur des spécialistes de la vengeance qui ont un gros besoin d’argent pour une greffe de cœur du père de l’un d’eux et qui vont se rendre compte qu’ils peuvent gagner beaucoup d’argent avec la vengeance, en faisant le « sale boulot » des gens (d’où le titre donc). Le film va suivre un schéma assez classique avec une histoire un peu stupide, une histoire l’amour légère, une fin heureuse, et des tonnes et des tonnes de blagues assez douteuses. Il fait partie de cette catégorie de films à l’humour souvent débile, mais surtout à l’humour sans réelle limite, bien qu’il ait été censuré au final à cause de scènes beaucoup trop crues. Les gags versent dans le scato, le pédo, le zoo, le sexuel. Le réalisateur Bob Saget, dont c’est le premier long métrage cinéma, a fait du standup en se spécialisant dans les blagues très douteuses, pas étonnant donc de retrouver ce type d’humour ici. Ça ne vole pas très haut et c’est souvent plus consternant qu’amusant. On sent que derrière ce flot de blagues, Sale Boulot critique entre autres le système de soin américain, ou encore comment les magouilles des grosses fortunes vont encore une fois emmerder les plus pauvres. Mais cette satire est mal menée et au final assez superficielle pour qu’on y retienne quoi que ce soit. L’une des raisons pour lesquelles le film ne fonctionne pas, c’est que les vengeances sont trop simples et, dans l’ensemble, peu convaincantes. Avec une planification et une mise en place plus complexe, le résultat de ces attaques aurait pu être bien plus impactant et, surtout, bien plus fun. Au lieu de cela, on a droit à quelque chose de puéril et souvent redondant.
Certains dialogues sont malgré tout bien funs et balancé avec un aplomb qui frise l’insolence, tels que « Tu as l’air d’un seau de saindoux dans les mauvais jours », « Tu as autant de personnalité qu’une mite morte » ou encore « Je n’ai jamais vu autant de putes mortes de toute ma vie ». Mais beaucoup de gags sont trop prévisibles, tout comme le déroulement du film en lui-même, ce qui n’aide clairement pas non plus. C’est avalanche de clichés sur avalanche de clichés et cela empêche quoi que ce soit de se développer correctement. Il n’y a rien de créatif et, au final, il n’y a même rien de réellement subversif. Norm MacDonald n’est clairement pas génial et il y a un gros manque de conviction dans son jeu, ce qui n’aide pas l’humour déjà lourdingue du film. La façon dont il balance des dialogues parfois improbables avec un ton impassible le rend, en plus, assez antipathique. Artie Lange, qui incarne son meilleur ami, ne sait juste pas jouer la comédie. Traylor Howard est mignonne dans le rôle de la fille qui aime Norm tout en méprisant ce qu’il fait, mais elle n’est jamais mise en valeur correctement et ne sert finalement pas à grand-chose. Il y a fort à parier qu’avec des acteurs ayant juste un meilleur timing comique dans la façon de balancer les vannes, ça aurait mieux fonctionné. On se consolera avec quelques caméos rigolos (Adam Sandler, John Goodman, Gary Coleman, Don Rickles, …) et une bande originale assez rock plutôt agréable, mais on ressort de ce Sale Boulot sans avoir mal aux zygomatiques tant les rires sont très rares.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les cameos ♥ La bande son |
⊗ Un casting très inégal ⊗ Prévisible ⊗ L’humour au ras des pâquerettes ⊗ Mise en scène fade |
Sale Boulot a beau avoir acquis au fil des ans un statut de film culte aux États-Unis, il faut réellement aimer l’humour bas du front, vulgaire et graveleux pour arriver à esquisser le moindre sourire. Dans le genre, il y a bien mieux. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Une suite avait été annoncée récemment mais a finalement été annulée suite aux décès de Norm Macdonald et Bob Saget en 2021 et 2022 respectivement.
• Dirty Work a été le dernier film de Chris Farley, tourné avant son overdose mortelle en décembre 1997.
• La cassette de fitness que Pops regarde à la télévision est : 20 Minute Workout (1982). Des séquences de la même cassette ont été utilisées dans le film Vendredi 13 – Chapitre 4 : Chapitre final (1984).
Titre : Sale Boulot / Dirty Work
Année : 1998
Durée : 1h22
Origine : Canada / U.S.A
Genre : C’est drôle quand ?
Réalisateur : Bob Saget
Scénario : Frank Sebastiano, Norm MacDonald, Fred Wolf
Acteurs : Norm MacDonald, Jack Warden, Artie Lange, Traylor Howard, Don Rickles, Christopher McDonald, Chevy Chase, Gerry Mendecino, A. Frank Ruffo