Une vedette de cinéma assez arrogante, harcelé par des paparazzi, perd son sang-froid. Au moment où le tournage d’un nouveau film débute pour lequel il a pour rôle d’un gangster, il craque violemment et envoie un des cascadeurs à l’hôpital : il en est responsable, au point de la fermeture de la production. Il cherche un remplaçant malgré le refus des comédiens de tourner avec lui. Un moment donné, il ne voit qu’une solution en faisant appel à un vrai gangster violent avec qui il a déjà eu une querelle dans un bar. Ce dernier accepte à condition que les scènes de violence soient réelles…
Avis de Rick :
Ce qu’il y a de bien avec Spectrum Films, c’est que parfois, on se retrouve avec un film que l’on adore, que l’on est clairement fier d’avoir enfin dans sa collection dans une belle copie HD, et que celui-ci débarque avec un second film, dont on n’a, au choix, jamais entendu parler, ou que l’on est par moment tombé dessus sans forcément y faire attention. Rough Cut, je n’en avais jamais entendu parler, et le voilà donc sur le deuxième disque de la sortie récente de The Isle, de Kim Ki-Duk. Le lien entre les deux films ? Kim Ki-Duk évidemment, ici scénariste et producteur du premier long métrage de Jang Hoon, réalisateur depuis de quelques autres métrages, comme The Secret Reunion (2010) ou A Taxi Driver (2017). Et à la lecture du pitch, j’étais songeur, surtout venant d’un scénario de Kim Ki-Duk, tant l’histoire sembler vouloir amener le tout vers la comédie d’action. Des gangsters, un acteur à l’égo démesuré, et un tournage où on se fout vraiment sur la gueule. Sauf que justement, un peu comme chez Sono Sion lorsqu’il met en scène un réalisateur en devenir réalisant enfin son rêve avec de vrais truands dans Why Don’t You Play in Hell ?, Rough Cut a justement plus d’un atout dans sa poche, puisqu’il s’avère être en quelque sorte une introspection du monde du cinéma, un choc entre deux mondes opposés, celui des gangsters où la vie ne tient qu’à un film, et celui du monde du cinéma où tout est simulé. Et voir Kim Ki-Duk en être le scénariste, c’est l’annonce de quelque chose sortant de l’ordinaire et pouvant réellement égratigner le milieu et y apporter un regard neuf, tant il ne rentre absolument pas dans le rang des stars du pays du matin calme (et dans le cas des polars, du pays où il pleut dés qu’un tueur sort).
Alors Rough Cut donc ? C’est tout simplement l’histoire d’une star de cinéma dont la vie privée et professionnelle bat un peu de l’aile, et qui a tous les soucis du monde sur son dernier tournage, allant jusqu’à blesser un autre acteur. Plus personne ne veut tourner avec lui, et sa copine (plus ou moins) en a marre de le voir en cachette, et de ne faire que des cachoteries cachés dans le noir. Sa solution ? Faire un pacte avec un gangster qu’il a croisé un peu par hasard pour l’embaucher et jouer à ses côtés. La condition ? Les scènes d’action ne seront pas simulées, et les coups seront vraiment donnés. Un choix qui fait peur mais plaisir au réalisateur, en quête de réalisme. Un choix qui fait peur à l’équipe technique et aux autres acteurs, plus habitués à leur petit confort habituel et aux tournages bien carrés. Le film joue alors sur cette dualité, la dualité des deux milieux, de deux visions différentes. Et en ce sens, ça fonctionne, parvenant par moment à être bien violent, et à d’autres plutôt drôle, sans pour autant appuyer chacun de ses effets comme dans une comédie, non, c’est plus subtil que ça, heureusement d’ailleurs. Nous suivons donc en parallèle le tournage, le film dans le film, les aléas du dit tournage, et les soucis quotidiens, autant de la star du film, l’acteur, que du truand, qui attend patiemment que son chef sorte de prison après le verdict du tribunal qui doit approcher. Cela permet au film de rompre une routine qui aurait pu rapidement s’installer, il est vrai. Le souci, de mon point de vu, c’est que cela le déséquilibre un peu, notamment à cause de la partie plus traditionnelle du film de gangsters. Cette partie là, avec les petits soucis de gangs, les visites régulières en prison, elle est bien trop classique pour véritablement captiver. Il faut dire que la Corée est assez connue pour ce genre d’histoire. Et que si l’on appréciera la sobriété de cette partie, elle n’est clairement pas le point fort du métrage.
D’ailleurs, avec ses 1h53 au compteur, donc quasi 2h, on pourrait même dire que cette partie là de l’intrigue vient amener quelques longueurs dans le récit, qui aurait pu clairement être ramené à un simple 1h30 en se focalisant sur le tournage, et donc, sans pour autant perdre de son impact ou une partie de son message. Mais voilà, s’il est vrai que le concept semble du coup un peu s’étirer, Rough Cut n’est pas pour autant un mauvais film, et j’aurais même passé un bon moment devant. Quelques moments sont amusants, quelques excès de violence viennent surprendre et rappellent bel et bien qui est derrière le scénario, tant le tout se fait aussi sec et brutal que rapide, et donc, forcément, imprévisible. Les acteurs s’en sortent également très bien, avec en tête les deux acteurs principaux, So Ji-sub et Kang Ji-hwan, respectivement dans le rôle du gangster et de l’acteur. Ils sont crédibles, ils sont sobres. Même la mise en scène de Jang Hoon est plutôt bonne, sobre, évitant tout effet de style ou moments beaucoup trop classes ou iconiques qui sortiraient du film, qui joue après tout déjà sur deux tableaux, un fictionnel au sein du film et un censé être réaliste. Et en accentuer certains aspects n’aurait sans doute pas fonctionné. Le seul reproche que l’on pourrait donc véritablement faire à ce premier film, c’est d’étirer un peu trop son concept. Ironique sachant que pour un film Coréen, et bien il est sous la barre des deux heures, ce qui est en soit déjà très bien.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un propos et un regard intéressant ♥ Une violence parfois surprenante ♥ Des moments amusants ♥ Un film carré |
⊗ La partie gangsters, beaucoup trop classique ⊗ Un concept un poil étiré |
Rough Cut, dont je n’avais jamais entendu parler, est en soit une bonne surprise, avec deux univers bien différents qui se rencontrent, un regard sur l’industrie cinématographique, et le milieu des gangsters. Un poil trop long oui, mais bien sympathique. |
Rough Cut est sorti chez Spectrum Films en Blu-ray en coffret avec The Isle au prix de 30€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus du film, on y trouve : Documentaire Les Enragés du Cinéma Coréen, un documentaire sur Kim Ki-Duk, Interview de Kim Ki-Duk et du casting, la présentation des films par Panos Kotzathanasis, des modules promotionnels, jaquette réversible et la bande-annonce. |
Titre : Rough Cut – 영화는 영화다 – Yeonghwanun Yeonghwada
Année : 2008
Durée : 1h53
Origine : Corée du Sud
Genre : Eeeeeeeet CUT
Réalisateur : Jang Hoon
Scénario : Kim Ki-Duk
Acteurs : So Ji-sub, Kang Ji-hwan, Hong Soo-hyun, Park Soo-young, Ko Chang-seok, Song Yong-tae et Jang Hee-jin
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