[Film] Roboshark, de Jeffery Scott Lando (2015)

Un requin robot extra-terrestre s’attaque à la ville de Seattle. Heureusement, l’armée peut compter sur l’aide de Rick, chef des égouts de la ville. Pendant ce temps, Trish, présentatrice météo, épouse de Rick, essaie d’obtenir un scoop aidée de Melody, sa fille, fan de réseaux sociaux.


Avis de Cherycok :
Tel Omar Sharif et les courses, moi les requins, c’est ma grande passion. Bon, ce n’est pas vrai, mais ça me fait tout de même bien marrer. Du coup, je m’enchaine étron sur étron à la recherche de films de squales rigolos. Le dernier bon en date, Zombie Shark, ne m’ayant pas plus convaincu que ça, il faut remonter au très fun Mega Shark vs Mecha Shark que j’avais chroniqué en ces lieux en avril 2014. Heureusement, le dossier « Nanars » de mon disque dur regorge de perles insoupçonnées (et de bouses immondes) et c’est tout naturellement vers Roboshark (2015) que je me tourne après que Rick, un moment sur le coup, ait décidé de jeter l’éponge par peur de cécité soudaine à la vision d’une nouvelle bouse cosmique lowcost. Le petit coup d’œil sur IMDB pour m’apercevoir qu’il s’agit d’une coproduction Canada / Bulgarie n’est pas là pour me rassurer, encore moins le nom, au scénario et à la production, de Phillip J. Roth, coupable de moult séries B à tendance Z depuis plus de 30 ans ! Mais bon, après quelques secondes d’auto-encouragements, je me lance parce qu’après tout, mon cerveau est déjà bien amoché, ce n’est pas un navet de plus qui va changer grand-chose. Et puis, on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise non ?

À peine 10 secondes après le lancement, un fond noir avec le logo de Bulgarian Unified Film Organization. Bim, dans ta gueule ! N’y voyez pas là un quelconque racisme cinématographique, je ne connais pas le cinéma bulgare. Mais en général, dans le petit monde des productions lowcost, lorsque le film est coproduit par un pays d’Europe de l’Est, on est en général assuré qu’il sera encore plus fumeux que la normale… On continue… du stockshot de porte-avions… Puis ah ah, voilà qu’un vaisseau extraterrestre, de plutôt fière allure à vrai dire, envoie une petite boule métallique dans l’Océan Pacifique. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? On n’en a aucune idée et les scénaristes semblent s’en caguer comme de leur première chemise. Et bien entendu, un requin qui passait par là, sans doute était-il en train de faire sa petite balade matinale, se pointe et gobe la fameuse petite boulette, le transformant façon Bioman en robot requin destructeur. Voilà, tout est dit, merci au revoir. Mais étrangement, le robot requin a une bonne tête, son design n’est pas trop foireux. Il s’attaque aux bateaux de l’armée, dans des effets spéciaux naviguant entre le très moyen et le franchement pas terrible quand soudain : Hey ! Mais elle n’est pas si mal la scène d’intro, aussi con soit-elle ! ». Mon intérêt pour la chose repart donc soudainement à la hausse et arrive rapidement LA scène qui va déclencher tout le nawak quoi du reste du film : Notre requin perce la canalisation par laquelle les égouts se jettent dans la mer, ce qui lui permet de sortir n’importe où en ville. Il commence par un café, se dresse sur sa queue façon otarie, et gobe le premier personnage qui se trouve devant lui. Ok, attachez vos ceintures, ça va être très con !

Mais alors que j’en attendais un bon gros nanar (ou navet, c’est selon) façon Syfy / The Asylum, Roboshark ne va pas emprunter ce chemin-là. Il va plus se rapprocher de films tels que Piranha 3D / 3DD, c’est-à-dire complètement second degré et surtout assumé de A à Z, se moquant à plusieurs reprises de lui-même et des autres films du genre, comme Robocroc qu’un des personnages n’hésite pas à citer. Mais le film n’hésite pas à taper également sur le président des États Unis, le définissant comme un homme qui n’a en fait aucun pouvoir ; sur Bill Gates et son sosie approximatif qui sort des trucs débiles comme lorsque par exemple il révèle qu’il a essayé de vendre des tanks électrique à l’Armée ; l’Armée Américaine justement, qui en prend également pour son grade, qui se cague de faire des sacrifices humains, même si ce sont des enfants, avec son général pas avare en punchlines débiles du style « C’est quoi cette connerie de Sauvez Willy ? » ou encore « Putain de réseaux sociaux, on ne peut plus faire la guerre tranquille. ».
Ces réseaux sociaux sont d’ailleurs au centre du film puisque le réalisateur s’emploie à les moquer que ce soit sur les titres racoleurs des articles qu’on y trouve (Facebook ou Youtube), sur comment la moindre information capable de faire le buzz se propage à une vitesse folle à travers le monde, ou sur comment un jeune ado de 15 ans peut devenir en un instant une star du net suivie par des centaines de milliers de personnes. Tout ça est fait avec beaucoup de second degré lors d’une scène extrêmement fun, plutôt bien fichue et dans un sens, tellement réaliste. Mais comme il faut pousser la connerie beaucoup plus loin, vlà t’y pas que notre roboshark arrive à communiquer par twitter avec la fille du héros, à base d’emoticones. Et parce que les producteurs du film sont de sacrés déconneurs, si vous parlez du film « Roboshark » sur Twitter, vous aurez l’immense honneur d’être suivi par Roboshark lui-même. Une idée des plus originale, complètement inutile et donc indispensable.

Plus le film avance et plus il fait preuve d’une grande bêtise. Certaines scènes sont réellement à mourir de rire et le casting, à défaut d’être toujours très juste (loin de là), semble complètement dans le ton et déconne tout autant qu’on se marre de notre côté. Les personnages sont très funs et les dialogues très réussis. Ça nous change des habituelles productions du genre ! Roboshark est bourré de références cinématographiques de tous horizons et n’hésite pas à balancer des clins d’œil au film THX1138 de Georges Lucas, Men in Black de Barry Sonnenfeld, ou encore à E.T. de Steven Spielberg (avec lequel il partage une partie du scénario) via le tweet « Roboshark phones home ». Des scènes funs, le film en est bourré, tout comme d’excellentes idées nawaks qui permettront au scénario de ne présenter aucun temps mort. Et croyez-moi, pour ce genre de productions, ne pas avoir envie d’utiliser son bouton Avance Rapide est quelque chose de très rare ! Sincèrement, la seule chose qui plombe le film est clairement son manque de moyens. Dur dur de trouver un vrai budget quand on présente un scénario où un robot requin extraterrestre a accès à notre internet et follow sur twitter certains personnages du film. Du coup, comme dit plus haut, les effets spéciaux pêchent clairement. On sent que la post-production a dû être raccourcie au maximum car bon nombre d’erreurs de montage et de faux raccords sont venus se glisser dans ce qui nous est proposé. Oui, car un gars qui tire au lance-roquettes, j’ai dans l’idée que la roquette ne doit plus être au bout du canon le plan suivant… Mais bon, Jeffery Scott Lando semble faire le maximum avec le peu qu’il a, et le résultat est là : Roboshark est loin d’être le meilleur film du monde, mais c’est sans doute un des meilleurs films de requin de ces dernières années, tout simplement.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des dialogues excellents
♥ Des personnages funs
♥ Beaucoup d’humour
⊗ Les effets spéciaux
⊗ Le manque de budget évident
Alors que je m’attendais à un énième nanar / navet lowcost, Roboshark lorgne plus du côté de Piranha 3D et se vautre joyeusement dans le second degré complètement assumé. Un très chouette passe-temps bourré de bonnes trouvailles malgré un budget qui lui fait défaut. Très fun !



Titre : Roboshark
Année : 2015
Durée : 1h31
Origine : Canada / Bulgarie
Genre : Roboshark phones home
Réalisateur : Jeffery Scott Lando
Scénario : Jeffery Scott Lando, Phillip J. Roth

Acteurs : Matt Rippy, Alexis Peterman, Nigel Barber, Vanessa Grasse, Isaac Haig, Laura Dale, Vlado Mihailov, Derek Morse, Kicker Robinson

 Roboshark (2015) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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