[Film] Revenge, de Coralie Fargeat (2017)


Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres… Les choses dérapent… Dans l’enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie… Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l’homme…


Avis de Rick :
Le cinéma de genre et la France, c’est une longue histoire certes, mais une histoire ultra discrète. En 2017 en tout cas, le genre semblait vouloir bouger, avec Grave de Julia Ducourneau, belle petite claque, film dur, gore, mais finalement autant dramatique qu’horrifique. Un vrai film d’auteur même. Et de l’autre côté la même année (en festival, car la sortie c’est en 2018), il y a Revenge, réalisé par Coralie Fargeat. Deux films de femmes, mettant les femmes en avant, mais au final, deux orientations totalement différentes. Car Grave montre l’évolution d’une femme, le fait de manière dure, dramatique, réfléchie, tandis que Revenge, si il montre également l’évolution d’une femme, le fait en acceptant tous les clichés et tics du genre qu’il utilise, et utilise une mise en scène affutée pour mettre en avant ses différents éléments. On est donc bien loin du drame ici mais bel et bien dans un Rape & Revenge tout ce qu’il y a de plus classique dans sa mise en scène et son propos. Oui, on connaît la formule, une première partie où le personnage féminin va prendre cher, sera laissée pour morte, puis revenir dans la seconde partie pour se venger, de préférence de manière sanglante et horrible. Si bien qu’à l’exception de la mise en scène, Revenge aurait pu être tourné dans les années 70 et sortir aux côtés de La Dernière Maison sur la Gauche et autres I Spit on Your Grave que cela ne surprendrait pas. Ici donc, trois hommes, adultes, mariés, la quarantaine, qui se rendent dans un coin reculé pour une partie de chasse. Richard, l’un d’eux, amène sa maîtresse, Jen, et forcément, ça tourne mal, lorsque Stan la viole, que Dimitri ferme les yeux, puis que Richard tente de la tuer pour la faire taire.

Tous les clichés du genre sont là, respectés à la lettre. Seulement on ne sait jamais vraiment le ton que Revenge veut emprunter et surtout veut faire sien. Car d’un côté, nous avons un ton général sérieux, des tonalités sentant bon les années 70, et de l’autre quelques scènes d’hallucinations et des scènes de violence qui insistent et durent, et en deviennent même grand guignol. Revenge aurait-il le cul entre deux chaises ? Très probablement. Est-ce dérangeant ? Et bien de mon point de vu, pas vraiment, sauf au moment que le film ne devait pas rater, à savoir la prétendue mort de l’héroïne, ce moment où doucement, on bascule dans la seconde partie, pour la voir s’en sortir et donc préparer sa revanche. C’est dans cette scène clé du métrage que le film a recours à son seul CGI bien voyant, mais là n’est pas le gros souci, le gros souci, c’est que vu la chute, la pauvre Jen aurait dû mourir. Oui je sais, c’est du cinéma, mais quand même, une telle chute, plus l’empalement sur un arbre en contrebas, cela retire pas mal de crédibilité au film. Pourtant on semble bien comprendre avec tout ce qu’il y a autour que Revenge n’est qu’une série B pas franchement sérieuse, mais cette scène m’a dérangé. C’est la seule d’ailleurs qui m’a dérangé. Que les personnages perdent par la suite 20 litres de sang, mais trouvent toujours le moyen de courir ne me dérange pas. Que les petites incohérences ou faux raccords soient là et assumés ne me dérangent pas du tout.

Car Revenge est ce qu’il est. Une série B violente, exagérée surtout, parfois fun, et surtout assumée. C’est décomplexé, et ça ne cherche qu’à nous divertir durant 1h48, du moins, je l’ai pris ainsi. Et dans ce sens, le film touche au but. La chasse à l’homme de la seconde partie est efficace, violente, gore, exagérée, et parfois fun (la scène bien exagérée du pied). La seule chose qui différencie totalement Revenge des autres métrages du genre, ce sera sa recherche visuelle (et musicale). Là où le genre cherche en général une mise en scène simpliste pour donner un rendu réaliste et froid, Revenge se le joue artistique. Chaque plan est beau, travaillé, il y a une vraie recherche du beau plan, des couleurs même lors des scènes nocturnes, et ça lui donne une identité certes plus dans l’ère du temps, voir pop au début, mais ça fonctionne. Surtout quand par la suite, le film ose les plans séquences en steadycam et autres joyeusetés et trouvailles de montage. Même chose pour la musique, puisque le film s’offre les services de Rob (Horns, Maniac), qui livre une superbe bande son comme à son habitude. Ce cachet visuel et sonore, pas franchement original, donne pourtant une certaine patte à Revenge et l’éloigne des autres du genre. De là à crier comme certains au génie, il y a un grand pas que je ne franchirais pas. Revenge est vulgaire, pas très fin, violent, souvent exagéré, fort sympathique, mais ça ne va pas plus loin. Un bon petit moment pas prise de tête.

LES PLUS LES MOINS
♥ Violent et assez bourrin
♥ Le visuel accrocheur
♥ Excellente bande son
♥ Vengeance violente et jouissive
⊗ Mais rien de neuf pour le genre
⊗ Quelques moments assez abusés
Revenge est une série B assez banale, mais ultra léchée visuellement. Très violent, gore, souvent dans l’abus d’ailleurs, le spectacle est plutôt fun mais ne marquera pas durablement les esprits. Juste un bon petit défouloir, perfectible.



Titre : Revenge
Année : 2017
Durée : 1h48
Origine : France
Genre : Rape & Revenge
Réalisateur : Coralie Fargeat
Scénario : Coralie Fargeat

Acteurs : Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe et Guillaume Bouchède

 Revenge (2017) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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