[Film] Remains of a Woman, de Clarence Fok (1993)


Les reste du corps d’une femme dissoute à l’acide sont retrouvés dans une boite. Un couple est arrêté et condamné à la prison à vie pour meurtre. Mais bientôt un nouveau procès va s’ouvrir pour essayer d’amener toute la lumière sur cette affaire.


Avis de Cherycok :
Bien que souvent oublié, Clarence Fok est un réalisateur plutôt solide de l’industrie cinématographique de Hong Kong. On lui doit notamment The Iceman Cometh, sorti chez nous sous le titre Les Guerriers du Temps, les funs They Come to Rob Hong Kong et Dragon From Russia, le barré The Black Panther Warriors, ou encore le culte The Naked Killer. Il a œuvré dans tous les styles, du polar à la comédie en passant par le fantastique, l’actionneur et, bien entendu la catégorie III, passage qui semblait obligatoire pour bon nombre de réalisateurs dans les années 90 à l’approche de la rétrocession. On lui doit donc en 1992 le Naked Killer cité précédemment, mais l’année suivante il récidive avec le certes moins connu Remains of a Woman que les amateurs de Cat III de Hong Kong connaissent au moins pour la réputation de LA scène qui lui a clairement valu cette classification. Dommage que l’ensemble soit parfois un peu laborieux car le film a beaucoup de qualités qui auraient pu en faire un classique du genre.

Comme pas mal de Cat III de Hong Kong, il y a un souci de scénario. Beaucoup de bobines du genre ont pour point central un meurtre horrible, parfois tiré d’un fait divers sordide comme ici, et elles essaient de broder tant bien que mal autour. C’est également le cas pour Remains of a Woman et il n’y a pas réellement de scénario à proprement parler, juste une petite trame que le film va suivre en essayant de nous maintenir avec des scènes qu’un cat III est censé contenir, ici de l’érotisme (léger), de la drogue et de la violence. Du coup, on se retrouve avec pas mal de scènes dispensables comme ces moments qui précèdent les scènes érotiques qui sont accompagnés d’une musique des plus ringardes. Malgré tout, le fait que le film nous navigue entre flashback et présent de plutôt bonne manière, bien que cela empêche le film de réellement prendre son élan, lui permet d’être dans son ensemble plutôt efficace en arrivant à créer un bon équilibre et à amener sans trop de mal, petit à petit, la révélation finale. La fameuse scène qui justifie à elle seule la classification Cat III du film, elle n’arrive qu’à la toute fin où on va assister à environ 15 minutes de moments trashs, entre drogue, dépravation, démembrement, sang et corps semi-dénudés. Et il est vrai que pour les amateurs, l’attente en vaut la chandelle et bien que, au final, cela soit moins extrême qu’un Ebola Syndrom, qu’un Red to Kill ou qu’un Untold Story, on en a pour son argent dans le genre sordide. Une scène qui marque les esprits, en partie grâce au talent de mise en scène de Clarence Fok qui arrive à mettre en images de façon étonnamment élégante une scène qui ne l’est pourtant clairement pas.

La mise en scène de Clarence Fok va tout faire pour rendre le film troublant, voire déplaisant. Et il est vrai que le visionnage n’est pas agréable car le ton est très souvent déprimant, s’enfonçant de plus en plus dans les profondeurs les plus sombres de la folie humaine lors de son dernier quart d’heure. Cela ne signifie pas que le film est mauvais, bien au contraire, mais il est impossible que ce qu’il montre soit réjouissant pour quiconque (à moins d’avoir quelques graves problèmes psychologiques). Fok soigne sa photographie, stylisant même les moments les plus tendancieux, nous amenant immédiatement dans la décadence du personnage psychologiquement détraqué, avec des couleurs et des sons parfois saturés, créant une atmosphère très particulière, parfois presque gothique, voire baroque. Une des autres forces du film, c’est ses acteurs(trices). Ils sont réellement crédibles, à commencer par un James Pax qui interprète un personnage manipulateur parfaitement détestable, dont on souhaite immédiatement la mort après d’horribles souffrances. Mais le reste du casting n’est pas en reste et Carrie Ng tire son épingle du jeu, interprétant à la perfection un rôle clairement pas facile, arrivant à retranscrire parfaitement l’horreur des évènements de ce fait divers sordide. Son jeu est très juste et elle interprète ici possiblement un de ses meilleurs rôles qui lui a permis de gagner le Golden Horse Award (les Oscars taïwanais) de la meilleure actrice pour ce film.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une mise en scène élégante
♥ Une jolie photographie
♥ Le casting impliqué
♥ Le final fou
⊗ Un scénario léger
⊗ Parfois trop bavard
⊗ Assez sordide
Drame policier s’inspirant de faits réels sordides, Remains of a Woman est un Cat III qui, malgré un scénario très mince, possède bien des atouts, à commencer par une excellente Carrie Ng, une bonne mise en scène, et un final marquant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film divers semble avoir marqué à Hong Kong car la même histoire, avec un traitement différent, a été utilisée dans le film Legal Innocence (1993)



Titre : Remains of a Woman / 郎心如鐵
Année :
Durée : 1h26
Origine : Hong Kong
Genre : Ça fait froid dans le dos
Réalisateur : Clarence Fok
Scénario : Calvin Poon, Dennis Chan

Acteurs : Carrie Ng, James Pax, Rachel Lee, Jacqueline Law, Melvin Wong, Dennis Chan, Kenneth Tsang, Money Lo, Chan Kit-Ling

Remains of a Woman (1993) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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