[Film] Redneck Zombies, de Pericles Lewnes (1989)

L’armée égare un baril contenant des déchets nucléaires. Mais celui-ci n’est pas perdu pour tout le monde, une bande de ploucs va s’en servir pour distiller une gnole décapante qui transforme aussi sec ceux qui l’absorbent en zombies assoiffés de sang et avides de chair humaine…


Avis de John Roch :
Redneck Zombies commence par une énigme : distribué par la Troma, il s’ouvre en se présentant sous la bannière Full Moon Pictures. Si l’on se fie à des infos pêchées ici et là, sans pour autant être confirmées, le film serait à la base produit par la boite de Charles Band puis récupéré par celle de Loyd Kaufman. Un peu étrange, tourné en 1986 le film est daté à 1989, des années qui peuvent contredire ce qui précède. La Full Moon n’est créée qu’en 1988 après la faillite de Empire, la précédente société de production de Band. Jusqu’ici rien n’empêche ce dernier d’avoir produit la chose sous un nom puis le présenter sous un autre, mais en fouillant dans la filmographie des producteurs de Redneck Zombies, aucune trace de Charles Band, ni de productions Full Moon chez les quatre personnes qui ont lâchés dans les 10000 dollars pour le métrage, d’autant plus que le réalisateur, Pericles Lewnes, aurait présenté la chose à la Troma en premier, qui l’aurait acheté après le refus d’autres distributeurs, en plus de bosser officiellement pour la boite par la suite au rayon effets spéciaux. Alors, que vient faire la Full Moon dans l’histoire ? Charles Band aurait-il acheté des films au kilo sans les avoir vu, et refusé de sortir Redneck Zombies en voyant le résultat ? Dans ce cas pourquoi avoir laissé la trace de sa boite ? Comment ça je me pose trop de questions et qu’au final, on s’en fout ? Et le film alors ? J’y viens et ce qui est sûr dans toute cette histoire, c’est que Redneck Zombies mérite sa place dans le catalogue de la Troma.

Un militaire accompagné de son frère d’arme (un chien avec des lunettes de soleil) paume un fût de déchets radioactifs en plein cambrousse. Celui ci est récupéré par une famille de Redneck qui ne trouve pas meilleur idée que de s’en servir comme alambic pour produire de la gnôle qu’ils revendent à la population locale. Bien évidement, le breuvage va transformer en zombies tous ceux qui en boivent, que seul une bande de potes partis camper dans les environs peuvent arrêter. Le scénario se résume en deux mots, et ça tombe bien c’est le titre du film : Redneck Zombies, des zombies rednecks donc, ou des zombies pedzouilles comme l’a sous-titré Uncut Movies pendant la chanson titre lors de sa sortie en VHS. Des bouseux qui nous sont présentés pendant la première demi-heure non sans humour, ici un Redneck en manque de cul va jusqu’à vouloir violer un cadavre dont il ne reste que le dessous de la ceinture, une mère donne de la gnôle à son bébé qui prend son bain dans une machine à laver, deux idiots regardent une paire de nichons à la télé et une famille de dégénérés cuisine une demoiselle en détresse entre autres culs terreux présentés dans une description peu subtile et clichée de l’Amérique profonde, d’autant plus que la seule arme qui peut stopper les redneck, c’est le déodorant. Coté héros, c’est tout aussi cliché mais aussi plus oubliable, car passé les habituels personnages que l’on retrouve dans n’importe quel autre film d’horreur, ils sont tellement peu caractérisés qu’on en oublie leur existence jusqu’à ce qu’ils passent à la casserole, reste un gars qui n’est pas nommé, sans la moindre ligne de dialogue qui passe son temps à boire en arrière plan, l’héroïne qui va avoir bien du mal à survivre et le black de service qui devient l’élément comique du métrage après avoir gobé un acide, source de moments réellement drôles, voire à mourir de rire comme cette autopsie d’un zombie qui vire au trip psychédélique et hallucinatoire pour le personnage.

Un film à l’humour prononcé, volontairement débile, quoique parfois très sérieux (un message anti-tabac qui ferait passer n’importe quelle pub sur le sujet pour un programme diffusé sur Gulli) mais qui met un petit temps à démarrer, et il faudra légèrement s’armer de patience pour voir l’ombre d’un zombie becter du campeur. Mais une fois la machine lancée, Redneck Zombies passe la seconde et ne s’arrête plus. Si au niveau des effets spéciaux, les maquillages des morts-vivants sont soit réussis, soit complètement foirés, niveau gore c’est une réussite et les démembrements, morsures et festins de tripes font illusion à quelques exceptions près. Pericles Lewnes se permet même de livrer une galerie de zombies dotés d’une personnalité propre, on retrouve ainsi en plus des Redneck Zombies un zombie photographe, un bébé zombie, un zombie violeur ou encore un zombie à moitié bouffé pile avant sa transformation (ici les morsures ne transforme pas les humains en morts-vivants). Lewnes semble également être un amoureux du genre horrifique, et on retrouve des influences ici et là, de l’auto stoppeur de Massacre à la Tronçonneuse au cadrage d’une morsure qui renvoie directement à Lucio Fulci, en passant par Délivrance, où le clip de Bohemian Rapsody, Redneck Zombies est un mini festival de clins d’œil, peut être un peu trop, en particulier un pompage quasi plan par plan de certaines scènes gores du Jour des Morts-Vivant de Romero. Mais venant d’un réalisateur qui fait lire Fangoria à ses personnages, ce n’est pas si étonnant. Redneck Zombies est donc un métrage à voir ou revoir si vous êtes amateur de série Z et de la Troma, il faudra passer outre le rendu dégueulasse et amateur issu d’un tournage au caméscope, avec les effets vidéos qui vont avec, la mise en scène limitée sans pour autant être foirée (la scène où l’héroïne est face à une famille de zombies est franchement bien foutue), et la musique qui tape au bout d’un moment sur le système, mais avec ce type de film, on a l’habitude.

LES PLUS LES MOINS
♥ Par moments très gore
♥ Souvent très drôle
♥ La galerie de personnages, zombies ou non
♥ Des scènes bien foutues
♥ Des SFX réussis
♥ Un film qui multiplie les clins d’œil
⊗ Ça met un peu de temps à démarrer
⊗ Le rendu caméscope familial amateur
⊗ La musique un brin lourdingue et répétitive
⊗ Les maquillages à la qualité aléatoire
Pour les amateurs de Z qui tache et de la Troma, Redneck Zombies est un excellent cru. Humour débile, personnages décalés, gore, tout y est pour passer un très bon moment. Quant aux autres, pour qui ça risque d’être une torture, vous pouvez diviser la note par 10.

LE SAVIEZ VOUS ?
• « Quel film à l’accroche suivante : They’re Tobacco Chewin, Gut Chompin’, Cannibal Kinfolk from Hell ? » était une question d’une version du début des années 90 du Trivial Poursuit.
• Pericles lewnes a tourné des vidéos d’entrainements de Randy Couture.
• Redneck zombies a été tourné en 32 jours, les weekend, sur une période d’un an.


Titre : Redneck zombies
Année : 1989
Durée : 1h24
Origine : U.S.A
Genre : Voir Titre
Réalisateur : Pericles Lewnes
Scénario : Zoofeet (?), P. Floyd Piranha (??) et Fester Smellman (???)

Acteurs : Lisa M. DeHaven, Tyronne Taylor, Anthony Burlington, James H. Housely, Martin J. Wolfman, BOO Teasedale, Darla Deans

 Redneck Zombies (1989) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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